Vérité, déni et «science coloniale» dans la commission d’enquête du roi Léopold II sur les atrocités du caoutchouc dans l’EIC

Article de Berber Bevernage*, traduit par la rédaction du site | Voir ou citer l’article original : Berber Bevernage (2018), The making of the Congo question: truth-telling,denial and ‘colonial science’ in King Leopold’scommission of inquiry on the rubber atrocities inthe Congo Free State (1904–1905), Rethinking History, 22:2, 203-238, DOI : 10.1080/13642529.2018.1451078.


Introduction

Au cours des premières années du XXe siècle, le roi des Belges Léopold II et son régime colonial sanglant au Congo ont fait l’objet de ce qui est parfois considéré comme la première campagne internationale moderne des droits de l’homme.1 De nombreux ouvrages universitaires et de vulgarisation ont été écrits sur le campagne influente “nom et honte” dans laquelle des personnalités telles qu’Edmund D. Morel, Roger Casement, Arthur Conan Doyle, Mark Twain, Anatole France et d’autres ont protesté contre les atrocités du Congo et qui ont joué un rôle important dans la disparition politique de Léopold et la transformation forcée en 1908 de son État indépendant du Congo quasi privé en une colonie belge formelle. Un aspect beaucoup moins connu de cet épisode historique, cependant, est le rôle et l’impact de la commission d’enquête que Léopold, sous la pression politique internationale, a créée en 1904 afin d’enquêter sur les atrocités attribuées à sa propre domination coloniale.

L’attention limitée accordée à la Commission Congo dans la littérature académique récente contraste fortement avec l’énorme couverture médiatique que cette commission a reçue au début du XXe siècle, non seulement en Belgique, mais aussi au Royaume-Uni, en France, en Allemagne, au États-Unis et ailleurs. Lorsque la commission a été créée, cela a été largement perçu comme un événement politique majeur et son rapport a provoqué de vifs débats nationaux et internationaux. L’intérêt scientifique récent limité est également remarquable car les commentateurs relativement peu nombreux qui ont discuté de la Commission Congo tout au long du XXe siècle jusqu’à aujourd’hui, lui ont généralement attribué une grande importance et ont utilisé ses conclusions pour étayer des arguments fortement divergents, voire contradictoires.

Certains ont décrit le rapport de la commission comme un véritable réquisitoire contre Léopold et comme un moment de vérité décisif après lequel la négation des atrocités du Congo n’était plus possible2. Cette interprétation se retrouve tout au long du XXe siècle jusqu’à aujourd’hui. Pas plus tard qu’en 2012 et 2014, par exemple, le rapport de la commission a été cité comme preuve des crimes de Léopold dans deux propositions de résolutions au parlement belge.3 Parfois, la commission est rappelée de manière héroïque comme une cause directe de la chute de l’État indépendant du Congo de Léopold. Une de ces lectures se trouve dans un article de 1950 de l’éminent historien belge Jean Stengers. Le «courage moral» et la vérité de la commission, selon Stengers, ont joué un rôle clé dans l’histoire belge et congolaise, car «elle a été l’origine directe de la prise de contrôle du Congo par la Belgique».4 Des interprétations héroïques similaires du rôle du commission se retrouvent parmi les observateurs contemporains. L’influent juriste, philanthrope et banquier belge Félicien Cattier, par exemple, peu de temps après la publication du rapport de la commission, a déclaré que ce dernier avait permis le «triomphe de la vérité» et changé la teneur des débats sur les atrocités au Congo «comme au toucher d’un bâton magique». Il a conclu qu’après les révélations incriminantes de la commission, l’annexion immédiate du Congo par la Belgique devenait la seule solution «honorable».5

Un groupe de commentateurs plus restreint, mais persistant, a en revanche affirmé que le rapport de la commission devrait plutôt être considéré comme l’acquittement définitif de Léopold après une campagne diffamatoire menée par des puissances coloniales rivales envieuses. Cette thèse se retrouve également chez les commentateurs contemporains (voir ci-dessous), tout au long du XXe siècle6 et jusqu’à aujourd’hui. En 2015, par exemple, un livre volumineux a été publié dans lequel la thèse de l’acquittement est postulée.7

Dans cet article, j’aborderai les questions de savoir pourquoi ces évaluations contradictoires existent, comment la commission Congo a contribué à la dynamique de reconnaissance et de déni en Belgique et comment elle a influencé l’histoire du colonialisme belge sur le long terme. Cependant, en proposant une analyse détaillée de la Commission Congo, je souhaite également contribuer à notre compréhension du phénomène plus large des enquêtes publiques qui sont depuis longtemps une pratique largement répandue au lendemain d’événements violents, de catastrophes ou de crises politiques.8

Diverses fonctions ont été attribuées aux enquêtes publiques (y compris leur «manifestation distinctive» plus récente sous la forme de commissions de vérité9) et les interprétations et évaluations générales des savants sur le but et l’impact de ces enquêtes ne sont guère moins divergentes et contradictoires que celles des Commission Congo notamment. Tout comme Stengers, des commentateurs optimistes affirment que les commissions d’enquête peuvent «réparer» les archives historiques, lutter contre le déni et fonctionner comme un frein au pouvoir des gouvernements en disant courageusement la vérité au pouvoir.10 Cependant, des commentateurs plus sceptiques considèrent les commissions d’enquête principalement comme des instruments de gouvernance. Frank Burton et Pat Carlen, par exemple, décrivent les enquêtes publiques comme une source clé du «discours officiel» et affirment qu’elles servent principalement à légitimer l’État.11 De même, Adam Ashforth place les enquêtes publiques dans le cadre foucaldien du contrôle social et de la gouvernance par le «savoir-pouvoir».12

Le but de cet article n’est pas d’offrir une théorie générale sur les enquêtes publiques ni de prouver ou d’infirmer la validité générale des interprétations optimistes ou pessimistes mentionnées ci-dessus. En présentant le cas complexe de la Commission Congo, je souhaite plutôt élargir et affiner notre compréhension du fonctionnement et de l’impact potentiel des enquêtes publiques. Je veux surtout transcender l’opposition dichotomique entre une interprétation trop optimiste qui exagère le pouvoir et l’héroïsme du “dire la vérité” par des commissions d’enquête et une interprétation trop sceptique qui voit simplement ces commissions comme des marionnettes de l’État qui ne peut pas sérieusement défier le discours hégémonique. Pour ce faire, je me concentrerai sur le type d’affirmations de vérité qui ont été faites par la Commission Congo (quel type d’autorité épistémique a-t-elle revendiquée et comment?), comment ces affirmations ont été reçues dans les médias populaires et les milieux universitaires et comment le les conclusions de la commission ont été influencées par, et à leur tour influencées, par les idées savantes et populaires sur ce qui devrait ou ne devrait pas être considéré comme une connaissance fiable et précieuse relative au colonialisme.

Le but de cet article n’est pas d’offrir une théorie générale sur les enquêtes publiques ni de prouver ou d’infirmer la validité générale des interprétations optimistes ou pessimistes mentionnées ci-dessus. En présentant le cas complexe de la Commission Congo, je souhaite plutôt élargir et affiner notre compréhension du fonctionnement et de l’impact potentiel des enquêtes publiques. Je veux surtout transcender l’opposition dichotomique entre une interprétation trop optimiste qui exagère le pouvoir et l’héroïsme du “dire la vérité” par des commissions d’enquête et une interprétation trop sceptique qui voit simplement ces commissions comme des marionnettes de l’État qui ne peut pas sérieusement défier le discours hégémonique. Pour ce faire, je me concentrerai sur le type d’affirmations de vérité qui ont été faites par la Commission Congo (quel type d’autorité épistémique a-t-elle revendiquée et comment ?), comment ces affirmations ont été reçues dans les médias populaires et les milieux universitaires et comment le les conclusions de la commission ont été influencées par, et à leur tour influencées, par les idées savantes et populaires sur ce qui devrait ou ne devrait pas être considéré comme une connaissance fiable et précieuse relative au colonialisme.

Je soutiendrai que l’enquête sur le Congo peut en effet être considérée comme un événement politico-intellectuel important qui a sérieusement défié le règne de Léopold au Congo et a fonctionné comme un catalyseur majeur dans la construction du projet colonial belge. Pourtant, je soutiendrai que l’impact de la commission a été indirect et n’a pas résulté d’une vérité héroïque au pouvoir ou d’affirmations de vérité exceptionnellement fortes ou convaincantes qui ont créé un sentiment général de révélation dans le public belge. Bien que je ne veuille pas nier que les commissaires ont généralement pris leur travail au sérieux et que (certains d’entre eux) ont fait preuve d’un réel courage pour dénoncer les intérêts du roi, mon analyse est anti-héroïque. Je présenterai les commissaires comme peu sûrs et pas totalement en contrôle et leur rapport comme bien trop ambigu et épistémologiquement fragile pour constituer un moment de vérité décisif. La commission a paradoxalement combiné une position de jure d’écriture institutionnellement autorisée (au sens d’une écriture officiellement commandée) avec une incapacité de facto à revendiquer une connaissance ou une expertise faisant autorité (au sens largement acceptée) concernant plusieurs des principaux sujets abordés dans son rapport.13 Une lecture attentive du rapport révèle que les commissaires n’ont généralement pas réussi à parler de manière convaincante un langage médico-légal classique de «fait». De larges pans du rapport ne reposaient même pas sur des actes d’enquête au sens strict du terme – que Foucault décrivait avec justesse comme une procédure basée sur le témoignage, visant à «réactualiser ce qui s’est passé», et organisée autour des questions de savoir si ou non quelque chose s’est produit, quand et où cela s’est produit et qui l’a fait.14 Plutôt que d’être caractérisé par le regard rétrospectif des pratiques judiciaires plus traditionnelles d’enquête, je soutiendrai que le rapport de la commission était largement prospectif et principalement engagé dans une réflexion sur les potentialités comportementales plutôt que sur les actions passées des personnes – une pratique épistémique que Foucault a décrite comme «l’examen» plutôt que «l’enquête» et dont il rattache la généalogie relativement récente à l’essor des sciences humaines comme la sociologie, la psychologie, la criminologie et la psychanalyse.15

En se livrant à un examen des coutumes et des potentialités comportementales des Congolais, plutôt que de s’en tenir à une enquête plus classique, les juristes de formation conventionnelle de la commission sont allés bien au-delà de leur domaine de compétence habituel et, comme je le montrerai plus loin, ils n’a pas réussi à obtenir pleinement l’autorité épistémique ce faisant. Le passage de l’enquête à l’examen a rendu la commission remarquablement vulnérable à la critique.

Pourtant, je soutiens que c’est précisément la combinaison particulière de l’autorité formelle et de la fragilité épistémique substantielle ou même de l’échec épistémique qui a permis l’impact profond de la commission. L’importance de la commission n’était pas principalement liée aux informations factuelles qu’elle a fournies, mais plutôt à la façon dont elle a changé (ou a permis à d’autres de changer) les «hiérarchies de crédibilité»16 entre les différents systèmes et revendications de connaissances concernant les affaires coloniales en Belgique et comment il a permis à une partie nouvelle et plus large de l’élite belge de s’engager sur ces questions et de produire de nouveaux types de discours à leur sujet. Si la publication du rapport de la commission est devenue un événement politico-intellectuel, c’est parce qu’elle a contribué à une crise épistémique (limitée) qui a bouleversé les équilibres précaires de l’autorité épistémique et a permis l’émergence d’une nouvelle «culture épistémique»17 et d’une position de sujet qui n’existait jusqu’alors qu’à l’état embryonnaire en Belgique : celui de la science dite coloniale et du scientifique colonial. Je soutiens que cette crise épistémique et la montée connexe d’un discours sur la science coloniale ont été très productives pour le projet de colonialisme belge et peuvent être considérées comme une première étape nécessaire vers l’auto-représentation patriotique et la légitimation ultérieures de la Belgique en tant que colonisateur modèle.18

Afin d’expliquer cet argument, je dois d’abord introduire la thèse influente selon laquelle les Belges étaient des «impérialistes réticents».19 Les versions les plus directes de cette thèse prétendent que les Belges ne voulaient pas devenir colonisateurs et étaient réticents à prendre le Congo à leur roi mais qu’ils l’ont finalement fait pour réparer la situation au Congo et simultanément libérer la Belgique du mauvaise réputation qu’il avait («injustement») reçue en raison de ce qu’on appelait une campagne internationale «congophobe». Sous cette forme, la thèse de «l’impérialisme réticent» est clairement trop simpliste et peut être utilisée pour se débarrasser des responsabilités des Belges dans les atrocités de l’État indépendant du Congo.20 Pourtant, je crois que la prise de contrôle du Congo par la Belgique n’allait pas de soi et qu’il existait au départ une réelle réticence de plusieurs couches de la population. Même si, comme l’ont soutenu Matthew Stanard et Guy Vanthemsche, de nombreux Belges deviendraient rapidement des colonialistes convaincus et même si l’on peut affirmer qu’une véritable « culture coloniale » finirait par se développer en Belgique21, coloniser le Congo n’était pas naturel pour les Belges au départ. Pendant longtemps, les affaires congolaises avaient effectivement été quasi monopolisées par le roi et ses groupes relativement restreints de collaborateurs belges et étrangers et cela aurait pu rester ainsi.

L’impérialisme réticent initial des Belges, cependant, avait généralement peu à voir avec des préoccupations humanitaires pour le sort des Congolais ou avec un anticolonialisme de principe, mais était principalement lié à un pessimisme ou à une peur des effets pratiques de la colonisation sur la Belgique. Une partie de ce pessimisme ou de cette peur était matérielle (quels seront les coûts?22) et gouvernementale (qu’en est-il d’une éventuelle rébellion d’un «spartacus noir»?23), mais il y avait aussi une combinaison d’apprentissage et de désapprentissage qui devait être faite par l’élite belge pour devenir une élite impériale.24 Les Belges s’imaginaient au moins depuis leur indépendance (en 1830) avant tout comme des victimes de l’impérialisme – puisque leur territoire national, selon la rhétorique nationaliste, avait été «occupé» voire «colonisé» par des puissances étrangères depuis des temps immémoriaux. Il a fallu des efforts aux Belges pour renverser cet imaginaire national et créer une nouvelle image d’eux-mêmes en tant que puissance impériale.25

Pour ce processus d’apprentissage et de désapprentissage, la commission Congo a été d’une importance capitale. La commission, selon moi, a aidé les élites belges à devenir des élites impériales de trois manières enchevêtrées. Premièrement, en usant de son mandat officiel et de son prestige pour s’aventurer dans des territoires intellectuels relativement inexplorés (relatifs à l’ethnologie, la sociologie et la psychologie coloniales entre autres) tout en restant incapable d’«occuper» effectivement ces territoires en réussissant à y affirmer une autorité épis-témique, la commission a ouvert un espace intellectuel considéré par certains aspirants colonialistes comme une terra nullius intellectuelle librement annexable. La commission a en effet catalysé une ruée vers l’autorité épistémique coloniale qui contribuera fortement au développement de la science coloniale en Belgique.

Deuxièmement, en ouvrant cette terra nullius intellectuelle perçue de la science coloniale et en provoquant une discussion plus générale sur le Congo, la commission a permis à une partie beaucoup plus large de l’élite belge de s’approprier intellectuellement le projet colonial, jusque-là majoritairement monopolisé par du personnel colonial (militaire), des missionnaires et un petit club de juristes de haut niveau travaillant pour le roi Léopold.

Troisièmement, par son approche épistémique particulière et en permettant l’émergence d’un discours sur la science coloniale, la commission a contribué à transformer un débat initialement quasi médico-légal sur la culpabilité ou l’innocence en un discours sur le colonialisme rationnel et la réforme sociale dans lequel les atrocités réelles se sont déplacées vers l’arrière-plan et ont rapidement été conçus comme appartenant au passé. Les commentateurs en sont venus à qualifier de plus en plus la situation au Congo de « question » sociale qui, comme toute question sociale (comme celles concernant la pauvreté, les conflits du travail, l’hygiène publique, etc.), exigeait une réforme tournée vers l’avenir et rationnelle plutôt qu’un regard rétrospectif.

En permettant la transformation du scandale du Congo en question congolaise, la commission et ses interlocuteurs ont non seulement permis à la Belgique de devenir une puissance coloniale sans perdre la face sur le plan international ni incriminer son propre roi, mais ont du même coup donné sens et légitimité à son projet colonial.

L’État indépendant du Congo et la campagne internationale contre les atrocités du Congo

Jusqu’à la fin du XIXe siècle, la Belgique n’avait presque pas de tradition coloniale ou impériale ; avec l’Allemagne et l’Italie, le pays appartenait au club des «retardataires coloniaux»26. Le roi belge Léopold II a obtenu sa colonie africaine grâce à une combinaison de conquêtes armées, de traités rusés et souvent forcés avec les chefs locaux et d’un jeu diplomatique dans lequel il a déjoué les autres puissances coloniales.27 Après avoir promis de s’engager dans une mission civilisatrice, de supprimer l’esclavage et de créer un royaume de libre-échange, Léopold réussit à se faire reconnaître par la Conférence de Berlin de 1884-1885 comme le souverain d’un pays indépendant nouvellement créé, le soi-disant État libre ou État indépendant du Congo.28 Bien que le gouvernement belge offrirait un soutien financier et logistique, de nombreux citoyens belges deviendraient actifs au Congo et une grande partie des revenus du Congo se retrouveraient en Belgique, aucun lien juridique formel n’existait initialement entre les deux pays autre que leur partage du même roi. Pendant environ deux décennies, Léopold a gouverné l’État indépendant du Congo comme un dominion quasi privé. Cela a changé entre 1906 et 1908 lorsque le roi a été contraint de laisser sa colonie à la Belgique en raison de fortes pressions politiques.29

Notes

  1. Dean Pavlakis, British Humanitarianism and the Congo Reform Movement, 1896–1913 (Londres, 2016).
  2. Peu de temps après la publication du rapport de la commission en 1905, le journal britannique The Morning Post l’a qualifié de “l’un des actes d’accusation les plus accablants lancés contre un gouvernement à l’époque moderne”. Cité dans : William Roger Louis, Ends of British Imperialism : The Scramble for Empire, Suez, and Decolonization (Londres, 2006), 162.
  3. Chambre des représentants de Belgique, “Proposition de résolution visant à reconnaître le génocide perpétré dans l’État indépendant du Congo par le roi Léopold II et ses représentants entre 1885 et 1908, à condamner le régime du travail forcé mis en place durant cette période par le roi des Belges et à reconnaître les crimes commis par la Belgique durant la colonisation” (submitted by Laurent Louis, March 19, 2012) [DOC 53 2114/001]; Chambre des représentants de Belgique, “Proposition de résolution concernant le devoir de mémoire de l’État belge à l’égard de son passé colonial au Congo, au Rwanda et au Burundi” (submitted by Zoé Genot and Eva Brems, April 23, 2014) [DOC 53 3570/001].
  4. Jean Stengers, “Le Rôle de La Commission d’Enquête de 1904–1905 Au Congo”, Annuaire de l’Institut de Philologie et d’Histoire Orientales et Slaves (1950): 701–26, 703. [my translation]
  5. Félicien Cattier, Étude sur la situation de l’État indépendant du Congo (Bruxelles, 1906), i & iii. Selon E. D. Morel, c’est en fin de compte le public britannique qui «a forcé la révélation d’un crime sans précédent dans les annales du monde», mais il a également identifié la publication du rapport de la commission comme un moment clé où les faits ne pouvaient plus être niés. Edmund Dene Morel, Red Rubber : The Story of the Rubber Slave Trade Flourishing on the Congo for twenty years, 1890–1910 (Londres, 1920 [1906]), xiv & 200.
  6. Dans un récit pro-léopoldien de la campagne «anti-congolaise» publié en 1929, par exemple, on peut lire que le rapport de la commission Congo «n’était sans doute pas entièrement sans erreurs» et que «du point de vue de la politique coloniale et indigène, il est très discutable», mais qu’elle «offrait une nouvelle preuve, cette fois irréfutable, du non-fondé des accusations de Morel et de ses informateurs» (Christian Monheim, La Bourrasque Anti-Congolaise (Louvain, 1929), 32). Charles Liebrechts, un administrateur de haut rang de l’État indépendant du Congo, dans ses mémoires publiés en 1920, a écrit de la même manière que “la Commission d’enquête n’a jamais trouvé d’abus récents”. Cité dans : Stengers, “Le Rôle de La Commission d’Enquête”, 721. (ma traduction)
  7. Guido De Weerd, L’État Indépendant du Congo: À la recherche de la vérité historique (Bruxelles, 2015).
  8. Les commissions d’enquête (royales) étaient déjà utilisées dans l’Europe médiévale en tant que pratique administrative et, au moins depuis le début du XIXe siècle, différents types d’enquêtes publiques sont devenus populaires en tant qu’instruments de réforme sociale et politique en Europe et aux États-Unis, ainsi que dans les pays impériaux et décors coloniaux. Parmi les exemples récents les plus célèbres figurent la commission du 11 septembre aux États-Unis ; les enquêtes publiques sur Bloody Sunday au Royaume-Uni ; les enquêtes néerlandaise, française et onusienne sur le génocide de Srebrenica, et les enquêtes sur les injustices historiques coloniales en Australie et au Canada.
  9. Comme le soutiennent Jennifer Balint, Julie Evans et Nesam McMillan, les commissions de vérité sont souvent présentées comme une invention institutionnelle récente alors qu’en fait elles peuvent être considérées comme une simple «manifestation distincte» du phénomène plus ancien et plus large des enquêtes publiques. Jennifer Balint, Julie Evans et Nesam McMillan, «Justice Claims in Colonial Contexts : Commissions of Inquiry in Historical Perspective », Australian Feminist Law Journal 42, no. 1 (2016) : 75–96, 76.
  10. Foucault, “La vérité et les formes juridiques”. La pratique de l’enquête, au contraire, selon Foucault, a une histoire plus longue qui remonte à la Grèce antique ou au moins au moyen âge et qui a donné naissance au XVIIIe siècle aux grandes sciences de l’art. l’observation, comme la géographie et l’astronomie.
  11. Concept Ann Laura Stoler, “In Cold Blood: Hierarchies of Credibility and the Politics of Colonial Narratives”, Representations 37 (1992), 151–89.
  12. Karin Knorr Cetina, Epistemic Cultures: How the Sciences Make Knowledge (Cambridge, Mass., 1999).
  13. Sur l’importance des sciences coloniales pour l’image de soi et l’autolégitimation du colonialisme belge voir : Marc Poncelet, L’invention des sciences coloniales belges (Paris, 2008). Voir aussi : Johan Lagae, «’L’importance réelle de la colonisation coïncide avec celle de la science’ : De la production des savoirs et du rôle de la science dans le contexte colonial belge», in Het geheugen van Congo: de koloniale tijd, éd. Jean – Luc Vellut (Gand, 2005), 130–4.
  14. Expression: Martin Ewans, “Belgium and the Colonial Experience”, Journal of Contemporary European Studies 11, no. 2 (2003), 167–80.
  15. La thèse selon laquelle la Belgique est devenue une puissance coloniale contre son gré ou du moins avec peu d’enthousiasme de la part de sa population, semble presque aussi ancienne que le Congo belge lui-même. Les commentateurs contemporains se sont souvent plaints du manque d’enthousiasme de la population belge pour le projet colonial de leur roi. Arthur Vermeersch, par exemple, a tenté d’expliquer ce scepticisme du peuple belge à l’égard du colonialisme en se référant à l’«Histoire de Belgique» d’Herni Pirenne où il lit que les Belges sont un peuple ayant une «répugnance héréditaire pour les expéditions lointaines et maritimes, dont ils fuir pour des raisons de confort domestique et d’affections familiales» (Arthur Vermeersch, La question congolaise (Bruxelles, 1906), 73 & 75 (ma traduction)). Matthew Stanard, cependant, souligne à juste titre qu’il ne faut pas prendre au pied de la lettre ce prétendu désintérêt des Belges pour le colonialisme, car il offrait un «semblant d’altruisme» utile. Matthew Stanard, Selling the Congo: A History of European Pro-Empire Propaganda and the Making of Belgian Imperialism (Lincoln, 2011), 8.
  16. Stanard, Selling the Congo, et Guy Vanthemsche, Belgium and the Congo, 1885–1980 (Cambridge, 2012), 269
  17. L’une des principales préoccupations de la commission qui a préparé la prise de contrôle belge du Congo était que la colonie drainerait les ressources métropolitaines : Chambre des Représentants, “Scéance du 1er Avril 1908. Rapport fait au nom de la Commission des XVII”, (Bruxelles, 1908).
  18. Cette référence au danger des rébellions coloniales et d’un nouveau Spartacus a été faite par le politicien socialiste Jules Destrée dans un discours devant le parlement le 10 juillet 1908 qui a également été publié dans une traduction néerlandaise sous le nom de Jules Destrée, Het koloniaal Vraagstuk (Gand, 1908), 16.
  19. Pour en savoir plus sur la nature de l’impérialisme belge et la création d’une élite impériale belge, voir : Vincent Viaene, «King Leopold’s Imperialism and the Origins of the Belgian Colonial Party, 1860–1905», Journal of Modern History 80 (2008) : 741 –90.
  20. Les Belges ne se sentaient pas sûrs de leur domination coloniale. Nancy Hunt appelle à juste titre le Congo colonial «un état nerveux», se référant ainsi à l’état psychologique de beaucoup parmi la population congolaise ainsi que parmi les administrateurs coloniaux. Nancy Rose Hunt, A Nervous State: Violence, Remedies, and Reverie in Colonial Congo (Durham, 2016).
  21. Vanthemsche, Belgium and the Congo, 269.
  22. Sur l’utilisation des contrats et des traités dans le ‘Scramble for Africa’, voir : Steven Press, Rogue Empires : Contracts and Conmen in Europe’s Scramble for Africa (Cambridge, Mass, 2017); et Martti Koskenniemi, The Gentle Civilizer of Nations : The Rise and Fall of International Law 1870–1960 (Cambridge, 2001), 136–43.
  23. Martin Ewans, European Atrocity, African Catastrophe: Leopold II, the Congo Free State and Its Aftermath (London, 2002).
  24. Jean Stengers, Belgique et Congo: l’élaboration de la charte coloniale (Bruxelles, 1963); Jean Stengers, Congo, Mythes et réalités (Bruxelles, 2005). And: Lewis H. Gann and Peter Duignan. The rulers of Belgian Africa, 1884–1914 (Princeton, NJ, 1979).
  25. Cattier, Étude sur la situation de l’État indépendant du Congo, 73.103.
  26. Cattier, Étude sur la situation de l’État indépendant du Congo, 73.104.
  27. Vermeersch, La question congolaise, 253.105.
  28. Vermeersch, La question congolaise, 155.106.
  29. Vermeersch, La question congolaise, 257.107.
  30. Vermeersch, La question congolaise, 257.108.
  31. Vermeersch, La question congolaise, 257. Il serait intéressant de voir si et dans quelle mesure les expériences et les problèmes juridiques dans le domaine colonial ont eu un impact sur la pensée juridique dans la Belgique métropolitaine, comme le prétend Lauren Benton était souvent le cas : Lauren Benton Lauren, «Colonial law and Cultural difference ». La politique juridictionnelle et la formation de l’État colonial», Comparative Studies in Society and History 41, no. 3 (1999), 563–88.
  32. Henry Wack, un fervent partisan américain de l’entreprise coloniale de Léopold, par exemple, se moquait des «hommes suffisants de l’étude» qui «n’avaient pas voyagé dans des régions plus sauvages que Westminster, St Albans ou Liverpool» et donc «aussi incompétents pour juger de la civilisation dans Congoland comme le sont les Manyema [un peuple de la région du Congo] de l’absence de celui-ci sur Park Lane, à Londres. Henry Wellington Wack, The story of the Congo Free State (New York, 1905), 475.
  33. Cattier, Étude sur la situation de l’État indépendant du Congo, 16.
  34. Cattier, Étude sur la situation de l’État indépendant du Congo, 17.
  35. Cattier, Étude sur la situation de l’État indépendant du Congo, 141.
  36. 113. Cattier, Étude sur la situation de l’État indépendant du Congo, 250.
  37. 114. Cattier, Étude sur la situation de l’État indépendant du Congo, 247.
  38. Cattier, Étude sur la situation de l’État indépendant du Congo, 162.116.
  39. Cattier, Étude sur la situation de l’État indépendant du Congo, 251.
  40. Cattier, Étude sur la situation de l’État indépendant du Congo, 321. Cattier était assez précis sur ce à quoi devait ressembler une telle science coloniale : si l’étude de la psychologie des peuples indigènes était importante, les analyses sociologiques étaient encore plus prometteuses : “Les plus distingués parmi les savants qui se sont spécialisés dans l’étude de la colonisation ont, depuis un certain temps, compris que la politique coloniale doit tenir compte des sociétés et des civilisations indigènes bien plus que des individus”.
  41. Cattier, Étude sur la situation de l’État indépendant du Congo, 322. D’autres commentateurs se sont également concentrés sur le manque d’expertise coloniale lorsqu’ils ont critiqué les conclusions de la commission et ils ont également fait référence à d’autres figures d’autorité. Arthur Vermeersch, par exemple, a contesté l’affirmation de la commission selon laquelle le travail libre (non forcé) ne pouvait être obtenu en Afrique centrale en «interrogeant de nombreux coloniaux», en se référant à l’opinion d’un président d’une société d’études coloniales et en citant un ensemble de témoignages autorisés” retrouvés dans un manuel du voyageur (Vermeersch, La question congolaise, 171–3). Dans le même ordre d’idées, la Congo Reform Association a contesté bon nombre des affirmations des commissaires en se référant à l’opinion autorisée “non seulement d’un administrateur africain expérimenté, mais de tous les administrateurs africains les plus expérimentés, britanniques et français”, en appelant les commissaires “observateurs superficiels de la vie africaine”, en les opposant à des “résidents plus expérimentés parmi les races africaines”, et en déclarant que “si les commissaires avaient connu quelque chose de la vie indigène”, ils seraient arrivés à des conclusions différentes (Congo Reform Association, The Report of King Leopold’s Commission of Enquiry : Its Admissions and Suggestions; Its Reticences and Omissions. From Philanthropy to Slavery by Successive Steps (Liverpool, 1905), 6. & 12).
  42. La géographie et le mouvement géographique ont joué un rôle clé dans la stratégie de Léopold pour obtenir son Congo et le développement de ce domaine en Belgique à son tour fortement influencé par l’entreprise coloniale. Voir : Jan Vandersmissen, janv. 2009. Koningen van de wereld: Leopold II en de aardrijkskundige beweging (Leuven : 2009). Et : Jan Vandersmissen, «De rol van de aardrijkskunde in de koloniale wetenschappen», Bulletin des Séances de l’Académie royale des Sciences d’Outre-Mer 56, n° 2 (2010) : 105-120.
  43. Poncelet, L’invention des sciences coloniales belges ; et Maarten Couttenier, Congo tentoongesteld: Een geschiedenis van de Belgische anthropologie en het museum van Tervuren (1882–1925) (Leuven, 2005).
  44. En 1895, une “Ecole Coloniale” a été créée par la “Société d’Etudes Coloniales” mais selon Couttenier, cela a principalement servi à des fins de propagande et n’a en fait duré qu’un an.
  45. Poncelet, L’invention des sciences coloniales belges, pp. 166–79.
  46. Couttenier, Congo tentoongesteld, 229. Bien que la Belgique ait une certaine tradition de recherche anthropologique, celle-ci a longtemps été presque entièrement axée sur l’étude de l’anthropologie physique (par exemple la craniométrie) et initialement principalement appliquée à l’étude des différences raciales présumées entre les Flamands et les Wallons en Belgique.
  47. Henri Rolin, “Les ‘droits de l’homme’ aux colonies”, Revue de L’université de Bruxelles (1905): 161–73, 161–2.
  48. Henri Rolin, “La question coloniale: A propos d’une livre récent”, Revue de L’université de Bruxelles (1905): 441–93, 441–2. Rolin, qui considérait qu’il était de son «devoir d’homme d’étude» de réagir à tout abus du nom de la science coloniale, affirmait que «l’opinion des hommes qui possèdent une expérience prolongée de la vie africaine a bien plus de poids que les votes de certains conférences dont certains tentent d’exagérer l’importance». Rolin, “La question coloniale”, p. 479.
  49. Couttenier, Congo tentoongesteld, 123
  50. Rolin, “Les droits de l’homme”, 170.
  51. Rolin, “Les droits de l’homme”, 167–8.129.
  52. Rolin, “Les droits de l’homme”, 161.
  53. Chambre des Représentants, Annales parlementaires, 27 février 1906, 788. Les critiques catholiques ont également utilisé le scepticisme des commissaires à l’égard des témoins noirs contre la commission elle-même et ont fait valoir que ses critiques des missions catholiques étaient trop fondées sur les paroles indignes de confiance des Africains. Par exemple : «Lettre ouverte à messieurs les membres de la commission chargée d’examiner le rapport sur l’enquête au Congo», Journal de Bruxelles, 19 novembre 1905. Pour une discussion approfondie de la réaction des catholiques et surtout des jésuites à la commission d’enquête, voir : Wim François, «De onderzoekscommissie voor Congo (1904–1905) en de missies van de Jezuïeten», Belgisch Tijdschrift Voor Nieuwste Geschiedenis 37, n° 1–2 (2007), 79–142. Et : Wim François, «Une tempête tropicale en Belgique catholique : La polémique autour de la localisation des missions catholiques dans l’État indépendant du Congo (1905-1906)», Trajecta 10, n° 2 (2001), 136-159. Selon Victor Roelens, vicaire apostolique au Haut-Congo, la commission avait perdu sa réputation d’impartialité du fait de sa critique acerbe et incontrôlée des missions catholiques : “La commission a-t-elle vu par elle-même et constaté sur place les abus qu’elle signale? Je ne pense pas. […] Et quels témoins ? Ou des noirs ? Des mécontents, sans doute ; il y a des mécontents partout. Vous savez quelle opinion la commission elle-même a émise sur la véracité des Noirs, qui croient, dit justement la commission, que la vérité est ce qui plaît à l’interrogateur”. ‘Les Missions Du Congo et La Commission D’enquête. Entretien avec Mgr Roelens Vicaire Apostolique Du Haut-Congo’, Le Vingtième Siècle, 17 novembre 1905.
  54. Même si les juristes resteraient un groupe dominant dans les affaires coloniales belges, ils développèrent un intérêt croissant pour les traditions juridiques locales (ce que l’on appelle l’entnologie juridique) et de nombreuses branches des nouvelles sciences coloniales furent lancées par des juristes ou des facultés de droit. Pour une bonne analyse du développement des sciences coloniales en Belgique et du rôle des juristes dans ce processus, voir Poncelet, L’invention des sciences coloniales belges.
  55. Voir par exemple : Vermeersch, La question congolaise ; Félicien Cattier, “La question congolaise”, Revue de l’Université de Bruxelles (1905–1906): 625–68 ; Henri Rolin, “La Question Coloniale. A Propos D’une Livre Récent”. Revue de L’université de Bruxelles, (1905–1906): 441–93 ; Henri Rolin, “Un dernier mot sur la question coloniale”, Revue de l’Université de Bruxelles (1905–1906): 755–64; Destrée, Het koloniaal Vraagstuk ; Octave Louwers and André Hoornaert, La question sociale au Congo: rapport au Comité du Congrès colonial national (Bruxelles, 1924). Voir aussi les nombreux articles et lettres ouvertes intitulés «La question congolaise» ou «la question coloniale» dans les journaux de l’époque. La notion de «question Congo » a également été reprise dans les publications anglaises par les partisans comme par les détracteurs de léopold. Voir par exemple : (Anonyme) The latest phase of the Congo question (Baltimore, 1906) ; John Daniels, «The Congo Question and the ‘Belgian Solution’», The North American Review 188, no. 637 (1908): 891–902. Et : Edmund Dene Morel, The Present State of the Congo Question: Official Correspondence between the Foreign Office and the Congo Reform Association (sl, 1912).
  56. Vermeersch, La question congolaise, 93.134.
  57. Vermeersch, La question congolaise, 93.135.
  58. Chambre des Représentants, Annales parlementaires, 20 February 1906, 719 & 721136.
  59. Cette citation est apparue dans une interview de W. T. Stead: “Ought King Leopold to Be Hanged”, Review of Reviews, (Septembre 1905), 246–8.137.
  60. Pour une exception notable, voir : Stanislas Lefranc, Le régime congolais: opinion d’un magistrat du Congo. Fascicule 1. (Liège, 1908), 5.138.
  61. Peta Sheriff, “State Theory, Social Science and Governmental Commissions”, American Behavioral Scientist 26, no. 5 (1983): 669–80, 670.
  62. Dans une publication sur l’enquête parlementaire belge (2000-2002) sur le meurtre de Patrice Lumumba en 1961, par exemple, j’ai soutenu que plutôt que de produire beaucoup de nouveaux aperçus historiographiques, cette commission s’est principalement engagée dans une sorte de lutte de traduction dans laquelle l’historiographie a été reformulée afin de s’adapter à la procédure de prise de décision parlementaire. Ce processus a permis la formulation d’excuses officielles belges envers les proches de Lumumba et le peuple congolais, mais il semble également avoir restreint le débat historiographique sur le cas de Lumumba en Belgique. Berber Bevernage, «Histoire par vote parlementaire : science, éthique et politique dans la Commission Lumumba», History Compass 9, no. 4 (2011) : 300–11. Ailleurs, j’ai soutenu que l’importance d’enquêtes publiques telles que les commissions vérité et réconciliation d’Afrique du Sud et de Sierra Leone ne se situe peut-être pas tant dans les faits qu’elles ont révélés, mais plutôt dans la manière dont elles ont principalement utilisé un discours historique moderne pour décrire ces faits et comment ils les ont dépeints comme une question du passé qui devait être contemplée du point de vue de l’histoire ou de la mémoire plutôt que d’être considérée comme des objets de lutte ou de vengeance continue. Berber Bevernage, History, Memory and State-sponsored Violence: Time and Justice (New York, 2012). Et : Berber Bevernage, «Écrire le passé à partir du présent : histoire et politique du temps dans la justice transitionnelle», History Workshop Journal, 69, no. 1 (2010), 111–31.

Remerciements : Je tiens à exprimer ma gratitude à Egon Bauwelinck, Ramses Delafontaine, Bas De Roo, William Gallois, Gillian Mathys, Eline Mestdagh, Kalle Pihlainen, Michael Rothberg, Kate Temoney, Jan Vandersmissen, Daniël Vangroenweghe, Davy Verbeke, Rafael Verbuyst et Dietlinde Wouters pour leur aide et leurs commentaires très perspicaces sur les versions précédentes de cet article.

Déclaration de divulgation :  Aucun conflit d’intérêts potentiel n’a été signalé par l’auteur.


* Berber Bevernage est professeur associé de théorie historique à l’Université de Gand (Belgique). Ses recherches portent sur la diffusion, l’attestation et la contestation du discours historique et de la culture historique dans les situations post-conflit. Il a publié dans des revues telles que History and Theory, Rethinking History, Memory Studies, Social History et History Workshop Journal. Avec ses collègues, il a créé le Réseau international pour la théorie de l’histoire (INTH) qui vise à favoriser la collaboration et l’échange d’idées entre les théoriciens de l’histoire du monde entier.

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