La République démocratique du Congo est l’un des États territoriaux les plus riches du monde en termes de ressources naturelles. Le coltan, le cuivre, l’or, le diamant et l’uranium font partie de ces produits primaires très rentables. Ceux-ci sont exportés et vendus sur le marché mondial, générant des revenus importants. Pourtant, malgré les richesses du pays, plus de la moitié de la population vit dans la pauvreté absolue. Le conflit violent en cours qui comprend plus d’une douzaine d’acteurs internes et externes a largement contribué à la détérioration de la situation économique et à l’instabilité politique qui hante le pays depuis l’indépendance. La RDC est actuellement classée au bas de l’indice de développement humain, l’indice des États défaillants, répertorié comme « non libre » selon Freedom House, une organisation mondialement respectée dédiée à la promotion de la liberté et des droits de l’homme, tandis que le niveau de transparence administrative est à un niveau historiquement bas. Dans ce texte, Christian Hedegaard Jensen tente d’aborder certains des facteurs sous-jacents qui ont joué un rôle crucial dans le développement en RDC d’un État colonial à un État postcolonial.
Résumé : Au cours des 127 dernières années, la RDC a connu l’oppression coloniale, le racisme, l’exploitation, la guerre civile, la détérioration économique, la violence, la haine ethnique, la pression des acteurs régionaux et internationaux, l’impuissance politique, la corruption, la pauvreté de masse et le pur malheur. Ce texte revient sur trois facteurs importants qui doivent être dépassés pour que l’avenir présente un destin différent pour le peuple congolais. Premièrement, le fait que les troubles entourant la sphère politique de la RDC contemporaine ne sont pas un phénomène récent mais construit sur l’héritage de l’administration coloniale de l’État et des tendances politiques particulières. Le régime autoritaire a été la règle plutôt que l’exception depuis que la RDC a obtenu son indépendance en 1960. Deuxièmement, les fonctions économiques et le développement socio-économique de la RDC sont largement interrompus et corrompus en raison de la présence de ressources naturelles combinées à la faible niveau de développement. La RDC a été maudite par ses ressources naturelles, car les forces internes et externes désirent le contrôle des régions minières et donc les profits économiques. Troisièmement, l’identité et la mémoire collective du Congolais contemporain moyen sont encore largement influencées par son passé colonial. Le discours dominé par l’Europe sur la hiérarchie raciale a laissé une marque permanente sur la RDC post-indépendante, comme le souligne également l’adoption de l’architecture coloniale et son utilisation à l’ère post-coloniale.