Parlons un peu de la reprise. Nous ne sommes pas, il est vrai, encore au bout du tunnel. La pandémie de COVID-19 continue de faire des ravages dans les économies du monde entier. Les taux de pauvreté et de chômage grimpent en flèche. Des centaines de milliers de personnes sont contaminées chaque jour, mettant à mal les systèmes de santé et plongeant de nombreuses familles et communautés dans le désarroi. Si l’Afrique semble avoir réussi, jusqu’à présent, à éviter le pire, les taux d’infection augmentent dans de nombreux pays et l’impact économique de la pandémie est malheureusement déjà lourd. Selon un récent rapport de la Banque mondiale,
Le retour à une situation dite «normale» pourrait prendre des années. Pour autant, Women Working for Change Summit, organisé par IFC et Jeune Afrique Media Group — me donnent à penser que la reprise en Afrique reposera sur trois grands piliers. Il s’agit de la transformation numérique, de l’urbanisation et de l’intégration régionale.
Les discussions qui ont eu lieu lors de divers événements consacrés en partie à la pandémie et à la relance — notamment leL’Afrique du numérique
En ce qui concerne la transformation numérique, l’adoption des technologies nouvelles s’est accélérée pendant la crise sanitaire pour permettre aux entreprises de maintenir le lien avec leurs clients et leurs fournisseurs, aux étudiants de rester connectés avec leurs enseignants, et de continuer, malgré tout, à se « rassembler » en famille ou entre amis.
rapport d’IFC et de Google, l’économie numérique pourrait représenter 5,2 % du PIB du continent à l’horizon 2025, soit près de 180 milliards de dollars. Toutefois, l’Afrique est aujourd’hui le continent le moins connecté de la planète. Seuls 10 des 45 pays africains suivis par l’Alliance pour un internet abordable satisfont ainsi à la norme d’accessibilité financière, telle que recommandée par la Commission sur le haut débit des Nations Unies. Il est donc crucial que les gouvernements, le secteur privé et d’autres partenaires coopèrent pour créer des infrastructures numériques, pour améliorer les compétences et aider à développer les talents dans le secteur technologique afin de permettre à des millions de personnes supplémentaires à travers l’Afrique de profiter des avantages du numérique.
Selon un récentL’urbanisation transforme l’Afrique
Les grandes villes se développent rapidement à travers le continent. Des millions de personnes, à la recherche d’opportunités, tentent leur chance à Johannesburg, Abidjan, Kinshasa, Lagos ou Nairobi, mais aussi dans des centres urbains plus petits mais en pleine croissance comme Lilongwe et Niamey. Cette urbanisation entraîne une nouvelle demande de biens et de services, elle favorise l’émergence d’idées et d’initiatives et attire des investisseurs, contribuant à créer des marchés plus compétitifs, plus innovants et plus efficients. Toutefois, les bienfaits de l’urbanisation ne seront palpables que si les citadins peuvent bénéficier de services essentiels comme l’électricité, l’eau, l’assainissement, le logement et les transports. Les villes qui offrent ces services – que ce soit par l’intermédiaire de prestataires publics, privés ou mixtes – seront plus susceptibles d’être des moteurs de croissance, de réduction de la pauvreté et de développement humain.
L’intégration régionale
Enfin, le troisième pilier de la reprise sera l’intégration régionale. Celle-ci peut véritablement aider l’Afrique à accélérer les progrès et les retombées économiques, tant à l’échelle continentale qu’au sein de chacun des principaux blocs économiques de la région comme la Communauté d’Afrique de l’Est, la CEDEAO, la CEEAC, le COMESA, l’IGAD et la SADC, pour n’en citer que quelques-uns.
Selon un rapport de la Banque mondiale, . Mais si l’Afrique nourrit de grandes ambitions pour faciliter et libéraliser le commerce, les échanges transfrontaliers continuent d’être un véritable défi dans de nombreuses régions du continent.
Pour réaliser des progrès durables dans ces trois domaines, il faudra que les gouvernements, le secteur privé et les partenaires du développement unissent leurs efforts. Le rôle d’IFC, dans le soutien à la reprise économique, est de promouvoir un climat favorable aux affaires et d’aider les acteurs africains du secteur privé — grands et petits — à croître et prospérer. Notre grande force se trouve dans notre capacité à faire se rencontrer les investisseurs, les pouvoirs publics et les innovateurs, et c’est dans ce domaine que nous pouvons avoir, avec l’aide de nos partenaires, l’impact le plus important à long terme.
Je suis convaincu que la reprise post-COVID sera l’occasion de bâtir une Afrique plus forte, plus résiliente et plus connectée.
Par Sérgio Pimenta, Vice-président régional pour le Moyen-Orient et l’Afrique à IFC, 21 décembre 2020.