Considérations stratégiques sur la catastrophe rwandaise de 1994 – Rapport d’Uwe Friesecke

Rapport d’Uwe Friesecke, préparé pour l’équipe de défense dans l’affaire Ntagerura – Tribunal pénal international pour le Rwanda, Arusha, Tanzanie, 25 juin 2002.


Si l’on cherche à comprendre les causes de la catastrophe rwandaise de 1994, on néglige souvent les facteurs stratégiques plutôt que de les reconnaître. Mais sans les prendre en compte, on ne peut pas trouver la vérité. Et la justice devient sélective. Alors que les acteurs locaux sont punis, les coupables internationaux, souvent plus puissants, restent impunis. Les événements de 1994 au Rwanda ne sont pas un conflit armé interne. Ils sont le résultat d’une intervention internationale extérieure. Limiter le débat à la dynamique interne de la société rwandaise et à son histoire revient à négliger le fait que ce sont des interventions extérieures qui ont créé les conditions de la catastrophe et aidé l’une des parties au conflit à mener ses opérations militaires. Les puissances occidentales, en particulier les puissances anglo-américaines, avec les puissances francophones en tant que partenaires mineurs concurrents, ont provoqué de manière double la crise dans la région des Grands Lacs africains au cours des années 1980 et 1990 et sont donc responsables de la catastrophe humaine qui a suivi.

Premièrement, ils ont ruiné la région comme le reste du continent à travers la politique d’ajustement structurel du Fonds monétaire international (FMI). Deuxièmement, ils sont intervenus par des opérations secrètes pour manipuler les conflits latents à des fins de contrôle politique. La combinaison de ces deux facteurs a conduit au désastre du Rwanda en 1994. Pour comprendre cela, il faut prendre en compte les considérations stratégiques suivantes :

1. Les événements survenus au Rwanda en 1994 doivent être replacés dans le contexte de la guerre qui a débuté en 1990 et qui s’est poursuivie jusqu’à nos jours dans le cadre des conflits armés qui ont ravagé la région de l’Afrique centrale. Il apparaît clairement que ces conflits sont en grande partie fondés sur une stratégie géopolitique des puissances occidentales, en particulier des États-Unis et de la Grande-Bretagne, à l’égard de l’Afrique, stratégie que l’on peut qualifier de néocolonialiste.

2. L’implication spécifique des gouvernements américain et britannique auprès du parti qui a déclenché la guerre en 1990 constitue une mise en accusation politique, voire juridique, de grande envergure de ces gouvernements pour les conséquences criminelles de leurs actes.

3. Les conditions économiques imposées par les institutions financières internationales au gouvernement Habyarimana ont détruit le tissu social du Rwanda au moment même où la guerre était lancée contre lui, intensifiant le sentiment de désespoir parmi la population.

4. La lutte politique pour le droit au retour des réfugiés s’est transformée en une lutte de pouvoir violente et les fantômes du passé du Rwanda, du conflit entre les groupes majoritaires et minoritaires de la population, sont revenus en force. L’assassinat de trois présidents hutus en l’espace de six mois a fait monter les tensions jusqu’à leur point d’éclatement.

5. Les puissances occidentales n’ont jamais montré de sérieux engagement à se porter garantes du douteux accord de paix d’Arusha. Après sa rupture, conscientes des conséquences qu’elle pourrait entraîner, elles ont décidé de ne pas intervenir pour arrêter le carnage.

6. Les événements au Rwanda et dans la région montrent que la motivation de la politique occidentale en Afrique ne se limite pas à l’intérêt pour les matières premières. Elle se fonde également sur l’idéologie diabolique du contrôle démographique.

7. Ces considérations montrent que la théorie souvent répandue selon laquelle les événements survenus au Rwanda en 1994 seraient le résultat d’un génocide commis par un groupe ethnique contre un autre groupe ethnique ne repose pas sur l’ensemble des faits. Il est donc hautement discutable de considérer les membres de l’élite politique de ce premier groupe comme coupables d’avoir commis un génocide, en raison de leur appartenance et de leur fonction au gouvernement. De telles accusations deviennent encore plus discutables dans le cas d’André Ntagerura, qui était connu pour son engagement en faveur du développement.

1. Désir néocolonial anglo-américain

L’invasion du Rwanda par l’Ouganda le 1er octobre 1990 par des troupes se réclamant du Front Patriotique Rwandais (FPR) a déclenché un processus de guerres régionales dévastatrices qui n’a pas cessé jusqu’à ce jour. Au Rwanda, la guerre a abouti à la prise du pouvoir par le FPR en juillet 1994. Deux ans plus tard, les troupes rwandaises, burundaises et ougandaises ont envahi le Zaïre, ont détruit les camps de réfugiés qui avaient fui le Rwanda et le Burundi dans la province zaïroise du Kivu et ont poussé une force rebelle, l’Alliance des Forces Démocratiques (ADF), avec son nouveau chef Laurent Kabila, jusqu’au pouvoir à Kinshasa en mai 1997. Un an plus tard, les troupes ougandaises et rwandaises ont de nouveau envahi le Zaïre, aujourd’hui République Démocratique du Congo, sous prétexte de soutenir les mouvements rebelles, le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD). Les armées du Zimbabwe, de la Namibie et de l’Angola intervinrent pour sauver le gouvernement de Kinshasa et affrontèrent, dans une guerre stationnaire, les forces d’invasion le long d’une ligne de front divisant le Congo.

Le Financial Times de Londres a cyniquement qualifié ce conflit de « Première Guerre mondiale de l’Afrique ». [1] L’ampleur des souffrances humaines et des pertes en vies humaines dépasse de loin tout ce que le monde a connu depuis la Seconde Guerre mondiale. Selon une estimation prudente, le nombre de morts résultant directement ou indirectement des conflits en Afrique de l’Est et en Afrique centrale au cours des douze dernières années s’élèverait à plus de 5 millions. Mais ce chiffre pourrait atteindre 8 millions. Pendant ce temps, les forces rebelles contrôlées par l’Ouganda et le Rwanda dans l’est du Congo pillent le pays de ses ressources naturelles, en particulier les diamants et le coltan, comme jamais auparavant.

Comment a-t-il été possible qu’après la fin de la guerre froide en 1990, le monde ait laissé cette partie de l’Afrique s’effondrer dans une telle barbarie et de telles souffrances ? N’a-t-on pas promis aux pays en développement un dividende de la paix ? Et l’Afrique n’était-elle pas censée recevoir un double dividende de la fin de la guerre froide et du système d’apartheid en Afrique du Sud ? Il serait naïf de chercher des réponses à ces questions dans les conditions locales. L’Afrique est devenue la cible d’une nouvelle forme dangereuse d’unilatéralisme qui a émergé après la désintégration de l’Union soviétique en tant que superpuissance. En Afrique, l’alliance anglo-américaine entre la Grande-Bretagne et les États-Unis a poussé ce type d’unilatéralisme vers de nouveaux extrêmes avec des méthodes anciennes. Les nouveaux extrêmes sont l’exploitation des ressources naturelles de l’Afrique et la dévastation infligée à la population. Les anciennes méthodes sont des opérations militaires et de renseignement secrètes pour exploiter et manipuler les conflits locaux et régionaux à des fins de contrôle politique et économique. Le nouvel unilatéralisme confronte l’Afrique à une tentative de l’establishment anglo-américain de recoloniser le continent.

La presse britannique a ouvertement mené ce débat. Un exemple en est l’article de Norman Stone paru dans l’édition du 18 août 1996 de l’Observer sous le titre «Pourquoi l’Empire doit riposter : seul un programme de «ré-impérialisme éclairé» de l’Europe peut remettre sur pied le désastre sanglant causé par ses anciennes colonies en Afrique».[2] Stone a soutenu :

«Les massacres au Libéria sont devenus si courants qu’ils ne méritent même plus d’être mentionnés dans les journaux. La Somalie est un désastre permanent, aggravé par les manœuvres internationales absurdes menées récemment pour la sauver. Personne ne semble avoir la moindre idée de ce qui pourrait être fait au sujet du Rwanda et du Burundi, où les massacres se poursuivent… Le ré-impérialisme commence à avoir à nouveau du sens, et les Européens seraient bien placés pour faire passer une sorte de mandat international… Maintenant qu’une grande partie de l’Afrique est dans un chaos sanglant, nous sommes revenus au point où nous étions avant le début de la «ruée vers l’Afrique» dans les années 1880…

«Il y a cent ans, il aurait semblé évident aux observateurs bien intentionnés de la scène africaine qu’un mandat international devait être donné aux États civilisés pour intervenir dans le maintien de l’ordre. Les empires n’ont pas besoin d’être formels ou tyranniques… Il y a des moments où ils font du bien, et l’histoire de l’Afrique après les indépendances montre que c’est l’un d’entre eux».

L’hypocrisie réside dans le fait que la plupart des « dégâts sanglants » ont été causés par les politiques occidentales d’injustice économique et financière envers l’Afrique, qui sont inhérentes aux politiques des anciennes institutions de Bretton Woods, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI). De plus, très souvent, les gouvernements et les services secrets occidentaux ont les mains ensanglantées en intervenant directement dans les affaires des nations africaines. Il a fallu 40 ans au gouvernement belge pour admettre son implication dans le meurtre de Patrice Lumumba au Congo en janvier 1962 et pour présenter des excuses.[3] Il a fallu 30 ans au ministère britannique des Affaires étrangères pour publier les documents qui montrent que la Grande-Bretagne et Israël étaient la véritable force derrière le coup d’État d’Idi Amin en 1971 contre Milton Obote.[4] Il n’est pas nécessaire d’attendre encore 30 ou 40 ans pour que les enquêtes démontrent comment les gouvernements américain et britannique ont été impliqués dans la série de guerres et de changements de pouvoir au Rwanda, au Burundi et au Congo à partir d’octobre 1990. Les preuves sont déjà claires aujourd’hui.

En avril et mai 2001, la députée américaine Cynthia McKinney a parrainé des audiences devant le Sous-comité des opérations internationales et le Comité des droits de l’homme sur les relations internationales sur la crise humanitaire en Afrique centrale.[5] Dans son discours d’ouverture, McKinney a déclaré : « Les témoignages que nous allons entendre aujourd’hui nous aident à comprendre pourquoi l’Afrique est dans l’état où elle se trouve aujourd’hui. Vous entendrez qu’au cœur des souffrances de l’Afrique se trouve le désir de l’Occident, et plus particulièrement des États-Unis, d’accéder aux diamants, au pétrole, au gaz naturel et à d’autres ressources précieuses de l’Afrique. Vous entendrez que l’Occident, et plus particulièrement les États-Unis, a mis en place une politique d’oppression, de déstabilisation et tempérée, non par principe moral, mais par un désir impitoyable de s’enrichir grâce aux fabuleuses richesses de l’Afrique. Tout en prétendant être les amis et les alliés de nombreux pays africains, de nombreux pays occidentaux, et j’ai honte de le dire, en particulier les États-Unis, ont en réalité trahi la confiance de ces pays et ont au contraire poursuivi sans relâche leurs propres politiques militaires et économiques égoïstes. Les pays occidentaux ont incité à la rébellion contre des gouvernements africains stables en encourageant et même en armant les partis d’opposition et les groupes rebelles à lancer une insurrection armée. Les pays occidentaux ont même activement participé à l’assassinat de chefs d’État africains légitimes et dûment élus et les ont remplacés par des fonctionnaires corrompus et malléables. Les pays occidentaux ont même encouragé et se sont rendus complices de l’invasion illégale des pays africains dans les pays voisins.

Les audiences ont permis d’entendre des témoignages sur la façon dont les entreprises du Commonwealth, telles qu’American Mineral Fields, Inc. ou Barick Gold, Inc., qui comptaient l’ancien président américain George Bush, sénateur, et l’ancien premier ministre canadien Mulroney parmi les membres de leur conseil consultatif international, concluaient des accords sur les futurs droits miniers avec les forces rebelles au Congo pendant les guerres.[5a] L’audience a porté sur la manière dont les activités de ces sociétés lors de la première invasion rwandaise du Congo/Zaïre en 1996 ont coïncidé avec les activités des agents de renseignement américains en lien avec l’avancée de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (AFDL) de Laurent Kabila. Ces responsables provenaient des ambassades américaines à Kinshasa, Kigali et Kampala, ainsi que de l’Agence américaine pour le développement international (USAID) et de l’Agence américaine de renseignement de défense (DIA).

L’audience a entendu des témoignages sur la manière dont les opérations secrètes américaines ont soutenu la première invasion rwandaise du Congo en 1996 ainsi que la deuxième en 1998. Une partie de ce soutien était un programme officiel de formation américain, appelé Enhanced International Military Education and Training (E-IMET), qui a été mené pour le gouvernement du FPR à Kigali avant l’invasion du Congo-Zaïre en octobre 1996. Mais pendant la campagne de 1996/97 et de nouveau pendant la campagne de 1998 à aujourd’hui des militaires rwandais et ougandais au Congo, les opérations secrètes des forces américaines, y compris des mercenaires ou des PMC (Private Military Contractors) comme Military Professional Resources, Inc. (MPRI) d’Alexandria, en Virginie, aux États-Unis, ont joué un rôle crucial.[5b] Des sources dans la région des Grands Lacs ont signalé à plusieurs reprises la présence de soldats noirs américains parmi les forces rwandaises et rebelles. Le Pentagone et les agences de renseignement américaines auraient également fourni et fournissent encore des renseignements par satellite et autres aux forces d’invasion au cours des différentes phases des combats dans l’est du Congo.

En résumé, Wayne Madsen a déclaré lors de l’audition du Congrès le 17 mai 2001 : «Il est plus que temps que le Congrès examine sérieusement le rôle des États-Unis dans le génocide et les guerres civiles en Afrique centrale, ainsi que le rôle que jouent actuellement les PMC dans d’autres zones de conflit africaines comme le Nigeria, la Sierra Leone, la Guinée équatoriale, l’Angola, l’Éthiopie, le Soudan et Cabinda. À tout le moins, les États-Unis, en tant que première démocratie du monde, doivent à l’Afrique au moins l’exemple d’une auto-inspection critique».[5b]

S’il est si clairement établi que des intérêts privés et gouvernementaux des États-Unis et du Commonwealth britannique étaient impliqués dans les opérations que le gouvernement du FPR au Rwanda a lancées pour occuper le Congo depuis 1994, la question se pose de savoir dans quelle mesure ils étaient impliqués avant cela dans le processus de prise du pouvoir au Rwanda de 1990 à 1994 ?

2. Les gouvernements américain et britannique sont du côté du parti belliciste attaquant

Émergence du Front patriotique rwandais (FPR) et invasion du Rwanda en 1990.

Au cours de la lutte pour le pouvoir au Rwanda après 1959, des dizaines de milliers de Tutsis ont fui en exil vers les pays voisins ou à l’étranger. Au milieu des années 1980, une diaspora tutsie rwandaise était bien établie aux États-Unis, au Canada, en Belgique, en Ouganda, au Kenya et dans d’autres pays africains. Beaucoup d’entre eux étaient de jeunes enfants lorsqu’ils sont partis avec leurs parents ou étaient déjà nés en exil.[6] Ils ne connaissaient le Rwanda que par les souvenirs de leurs parents. En Ouganda, l’Association pour le bien-être des réfugiés rwandais (RRWF) a été créée. Elle est devenue plus tard l’Alliance rwandaise pour l’unité nationale (RANU). Entre 1981 et 1986, année où Museveni a pris le pouvoir à Kampala, la RANU a opéré depuis Nairobi, au Kenya. Son septième congrès s’est tenu à nouveau à Kampala en décembre 1987, date à laquelle elle a été rebaptisée Front patriotique rwandais (FPR). Elle était désormais une organisation politique qui s’efforçait d’obtenir le retour des réfugiés et de leurs enfants au Rwanda.

Sous le régime d’Obote en Ouganda, des milliers de Rwandais en exil ont rejoint l’Armée de résistance nationale (NRA) de Museveni et ont combattu à ses côtés jusqu’à la victoire en 1986. Les deux plus éminents étaient Fred Rwigyema, qui commandait les troupes du FPR au début de l’invasion du Rwanda le 1er octobre 1990, et Paul Kagame, qui a pris le commandement militaire du FPR après la mort de Rwigyema. Rwigyema connaissait Museveni en exil en Tanzanie dans les années 1970. Rigyema et Kagame appartenaient tous deux au petit groupe d’amis de Museveni, qui a commencé sa guérilla en Ouganda en 1981. Museveni, Rwigyema et Kagame appartenaient à ce que certains ont appelé le « jardin d’enfants de Dar es Salaam » des révolutionnaires radicaux de gauche fermement ancrés dans l’idéologie de Franz Fanon et sa glorification de la violence comme moyen de changement révolutionnaire.

La stratégie du FPR visant à mobiliser la communauté en exil pour un retour au Rwanda fut renforcée lors du congrès mondial des réfugiés rwandais qui se tint à Washington DC en août 1988. Ce congrès fut organisé par l’Association des Banyarwanda de la diaspora à Washington, avec le soutien du Comité américain des réfugiés, une organisation financée par le gouvernement, dont le directeur exécutif était Roger Winter. Le bulletin d’information des Banyarwanda de l’époque remercia Winter pour ses «efforts quotidiens et ses contacts en leur faveur».[7] Roger Winter est devenu un lobbyiste engagé pour John Garang, le chef rebelle et allié de Museveni au sein de l’Armée populaire de libération du Soudan (SPLA), et pour la cause du FPR à Washington. Il était parmi les troupes du FPR lors de leur dernier mouvement vers Kigali à l’été 1994. En novembre 1996, lors de l’attaque de l’AFDL et des forces rwandaises contre le camp de réfugiés de Muganga, près de Goma, dans l’est du Zaïre, il était aux côtés de Laurent Kabila. Il a parlé de ce dernier lors d’un témoignage devant la sous-commission de la Chambre des représentants sur les opérations internationales et les droits de l’homme, le 4 décembre 1996, à Washington.

Le rôle de Roger Winter au sein du FPR soulève une question cruciale. Dans quelle mesure, en tant que responsable américain, a-t-il influencé la décision du FPR d’adopter une politique de retour forcé des réfugiés au Rwanda ? On ne sait pas s’il a jamais découragé les dirigeants du FPR de mettre en œuvre leur stratégie de retour par la violence. Au contraire, ses éloges pour la victoire militaire du FPR au Rwanda en 1994 ne peuvent que conclure qu’il les soutenait. Il est possible qu’il ait encouragé les dirigeants du FPR à adopter cette stratégie. Cela constitue un problème sérieux pour le gouvernement américain de l’époque et il faudrait enquêter davantage sur la question. Le Rwanda avait un gouvernement internationalement reconnu, qui entretenait des relations diplomatiques normales avec Washington, d’autres États et les Nations Unies. Comment le gouvernement américain pouvait-il alors soutenir directement ou indirectement le FPR, qui était déterminé à se frayer un chemin vers le Rwanda par la violence ? Cela s’inscrit dans la stratégie d’utilisation de la guerre rebelle comme moyen de changement de pouvoir en Afrique, qui est devenue si évidente par la suite à Washington.

L’intention déclarée du FPR de retourner au Rwanda par la force aurait dû susciter une forte contre-réaction de la part du gouvernement américain, car il s’agit clairement d’une violation des conventions internationales.

Il faut imaginer que les réfugiés est-allemands, dont il y avait des dizaines de milliers en Allemagne de l’Ouest dans les années 60, s’étaient organisés en une organisation qui aurait tenté d’envahir la RDA en 1980. Cela aurait probablement provoqué la troisième guerre mondiale. Mais il est plus probable qu’elle aurait été stoppée rapidement par les forces militaires américaines, britanniques et françaises en Allemagne.

Les dirigeants du FPR ont mené à bien leur engagement de retourner au Rwanda, si besoin par la force, et ont envahi le Rwanda depuis l’Ouganda le 1er octobre 1990. L’écrasante majorité de ces combattants bien armés étaient des membres actifs de l’Armée nationale de résistance ougandaise (NRA). Les chefs militaires du FPR étaient tous des officiers de haut rang de l’armée de Museveni. Il serait donc juste de dire que le 1er octobre 1990, l’armée ougandaise a envahi le Rwanda, même si elle se qualifiait de « rebelles ». Fred Rigyema, le commandant des forces du FPR, était général de division de la NRA et son commandant adjoint. Paul Kagame était major de la NRA et chef du renseignement et du contre-espionnage. Le Dr Peter Baingaina était également major et chef des services médicaux de la NRA. Chris Bunyenzi était major et commandant de la 306e brigade de la NRA. Le major Sam Kaka était commandant de la police militaire.[8]

Bien que le président ougandais Museveni ait nié à plusieurs reprises avoir eu connaissance de l’invasion, ces déclarations ne sont pas crédibles. D’autant plus que ses assurances au président rwandais Habyarimana selon lesquelles il arrêterait les « garçons rwandais » n’ont jamais été tenues. L’invasion du FPR a subi une défaite préliminaire face à l’armée rwandaise, qui a reçu le soutien militaire de la France, de la Belgique et du Zaïre. Sur les 4 000 hommes de la force d’invasion, environ 1 800 ont été tués et les autres ont été refoulés de l’autre côté de la frontière, en Ouganda. Si le président Museveni avait vraiment voulu mettre fin à l’invasion, il aurait pu le faire à ce moment-là. Mais au lieu de cela, le FPR, sous la nouvelle direction du major Paul Kagame, qui était revenu pour cela de sa formation au Collège de commandement et d’état-major des États-Unis à Fort Leavenworth, a pu se regrouper et se préparer à la prochaine attaque. Cela n’a été possible qu’avec un soutien logistique massif de l’armée ougandaise. Cela prouve à lui seul que le président ougandais était déterminé à mener cette guerre.

L’invasion du Rwanda en octobre 1990 a eu lieu alors que l’attention du monde était déjà focalisée sur la préparation de la guerre contre l’Irak par les États-Unis, qui a débuté en janvier 1991. L’Irak a été puni pour son invasion du Koweït à l’été 1990. Mais pour l’invasion du Rwanda par l’Ouganda, une logique différente s’est appliquée. Cette invasion n’a pas été critiquée, mais pleinement soutenue par les gouvernements américain et britannique.

Le Pentagone américain avait mis en place un programme de formation militaire pour les officiers ougandais. Le major Kagame en faisait partie. Lorsqu’il quitta Fort Leavenworth au milieu d’un cursus inachevé pour retourner en Ouganda, l’armée et les services de renseignements américains savaient dans quel but : diriger des troupes dans une guerre au Rwanda. Seulement quatre mois après que les forces d’invasion du FPR aient été écrasées au Rwanda et repoussées en Ouganda, Kagame avait réussi à rassembler une nouvelle force de 5 000 hommes bien équipés pour attaquer Ruhengeri le 23 janvier 1991. À la fin de 1992, les forces du FPR au Rwanda comptaient environ 12 000 hommes. Pour approvisionner une telle armée en nourriture, uniformes, armes, transports et communications, il fallait déployer un appareil logistique et des ressources financières importants. Si une partie de l’argent pouvait provenir de la diaspora tutsie du monde entier, l’essentiel du soutien ne pouvait être que parrainé par l’État. L’armée ougandaise et donc le gouvernement ougandais fournissaient le FPR.

C’est ironiquement le président ougandais lui-même qui a admis son soutien au FPR. Dans un article du journal ougandais The Monitor, il écrit le 30 mai 1999 que « l’Ouganda a décidé de prendre deux mesures : (1) aider matériellement le Front patriotique rwandais (FPR) afin qu’il ne soit pas vaincu ; (2) encourager le dialogue entre le président Habyarimana et les Rwandais de la diaspora ». Dans le même article, Museveni rappelle comment il avait entraîné le chef du FPR Fred Rwigyema lorsqu’il était jeune garçon au Mozambique pour la guérilla et comment Rwigyema, alors maire général, faisait partie des 4 000 hommes d’origine rwandaise qui faisaient partie de la nouvelle armée ougandaise.[9] Museveni explique ensuite qu’en 1996, il a donné au major-général Kagame, alors au pouvoir en tant que ministre de la Défense à Kigali, l’idée de « recruter une force d’environ 1 200 soldats parmi les Tutsis de Masisi, de les former et de les intégrer à l’Armée patriotique rwandaise, afin de les garder comme force de réserve ». Kagame a effectivement mis en œuvre l’idée et en août 1996, 2 000 d’entre eux étaient prêts pour l’invasion du Congo/Zaïre, ce qui a marqué le début de la marche au pouvoir de L. Kabila.[10] Le président ougandais décrit dans ces articles exactement le même modus operandi qu’il a suivi pour préparer l’invasion du Rwanda en 1990. Museveni disposait de plusieurs milliers d’hommes et d’officiers de haut rang d’origine rwandaise comme force de réserve pour une attaque contre le Rwanda dans son armée, l’Armée nationale de résistance ougandaise (NRA). Lorsqu’ils attaquaient, ils étaient qualifiés de « rebelles tutsis » bien qu’ils fassent partie de l’armée ougandaise.

Comme le montre la couverture médiatique de l’époque, les gouvernements occidentaux et les services secrets étaient parfaitement au courant des méthodes de guerre spéciales utilisées par l’Ouganda contre ses voisins. Par exemple, le correspondant principal de l’Allemagne pour l’Afrique, Gunther Krabbe, a publié une analyse dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung sous le titre «Le spécialiste africain des guérillas : là où le chef d’État ougandais Museveni intervient ».[11]

Néanmoins, le gouvernement ougandais n’était pas seulement soutenu politiquement par l’Occident, mais il était et est toujours entièrement dépendant économiquement des gouvernements américain et britannique. À ce jour, la moitié du budget ougandais est financée par des donateurs. En 1987, Lynda Chalker, ministre d’État britannique des Affaires étrangères et du Commonwealth, a œuvré à un accord entre le gouvernement ougandais et le Fonds monétaire international (FMI), qui a été conclu en juin.[12] Depuis lors, le gouvernement ougandais a mis en œuvre la politique d’ajustement structurel du FMI. Dévaluation de la monnaie, austérité budgétaire, privatisations, déréglementations du marché et libéralisation des tarifs ont fait de l’Ouganda du président Museveni la vitrine du FMI pour l’Afrique. Et les éloges à son égard ont été unanimes parmi les gouvernements occidentaux, les responsables financiers et les banquiers, en particulier ceux de l’ancienne puissance coloniale de l’Ouganda, la Grande-Bretagne. Les éloges à l’égard de Yoweri Museveni, ancien maoïste radical et admirateur de la théorie de la violence révolutionnaire de Franz Fanon,[13] Il était si important qu’il fut invité à prononcer un discours lors de la réunion annuelle de 1995 du Forum économique mondial à Davos.[14]

Lynda Chalker, qui n’était pas seulement membre du cabinet de John Mayor, mais aussi du Conseil privé de la reine, était l’une des relations les plus étroites avec le président ougandais. Richard Dowden, l’un des rédacteurs en chef de la rubrique Afrique les plus éminents de Grande-Bretagne, a parlé à juste titre de « la forte alchimie personnelle entre la baronne Chalker, ministre du développement outre-mer, et le président Museveni. L’un de ses premiers voyages en Afrique a eu lieu en Ouganda en 1986, quelques jours après l’arrivée au pouvoir de Museveni, et la relation entre la baronne et le philosophe-combattant s’est épanouie».[15]

Selon certaines sources, il lui aurait présenté le chef du FPR, Paul Kagame. Après la prise du pouvoir du FPR à Kigali en juillet 1994, Lynda Chalker fut la première personnalité de haut rang occidentale à se rendre à Kigali. Elle y installa immédiatement une ambassade, ce que la Grande-Bretagne n’avait pas auparavant. Lors de ses visites dans la région, outre Museveni à Kampala, elle faisait toujours escale à Kigali, où Paul Kagame réorganisait son emploi du temps pour la rencontrer. Après avoir quitté son poste au gouvernement, Chalker devint conseillère à la Banque mondiale et au Forum économique mondial de Davos. Elle noua également des relations d’affaires avec la multinationale néerlandaise Unilever. Et ses relations avec le chef du FPR, aujourd’hui président du Rwanda, sont toujours étroites. Aux États-Unis, le président Museveni et le vice-président Kagame étaient bien connectés au gouvernement, notamment à des groupes semi-officiels comme le Prayer Breakfeast.

Pour les stratèges occidentaux, notamment anglo-américains, Yoweri Museveni incarne la nouvelle génération de dirigeants africains, qui, ironiquement, sont passés des marxistes radicaux de l’Université de Dar es Salaam dans les années 1970 aux réformistes libéraux du marché dans les années 1980 et 1990, et qui seront utilisés par les gouvernements américain et britannique pour défendre leurs intérêts géopolitiques en Afrique. Outre la mise en œuvre des politiques du FMI, Washington et Londres ont, au début des années 1990, construit une alliance autour du gouvernement ougandais contre la prétendue menace fondamentaliste venue du Soudan au Nord. Ils ont ensuite lancé une opération conjointe entre l’Ouganda et le FPR du Rwanda pour réorganiser l’ensemble de la structure du pouvoir en Afrique centrale et australe. La guerre au Rwanda entre 1990 et 1994 a marqué le début de ce processus. Ce projet anglo-américain est devenu plus évident lors des événements suivants au Congo. C’est pourquoi le président namibien Nujoma a qualifié en 1998 la marche des troupes rwandaises et ougandaises au Congo de menace pour la sécurité de la Namibie et a déployé des troupes avec le Zimbabwe pour l’arrêter.

Après l’arrivée au pouvoir de Laurent Kabila à Kinshasa, le Times de Londres du 20 mai 1997 décrit la géopolitique anglo-américaine qui a permis le succès de Kabila. “En novembre dernier, Washington a apporté un soutien diplomatique à la rébellion à majorité tutsie dans l’est du Zaïre, qui s’est transformée en révolution et a renversé M. Mobutu le week-end dernier. En conséquence, les responsables français ont vu une “conspiration anglophone” derrière le mouvement de M. Kabila, dans laquelle la Grande-Bretagne a fourni le savoir-faire de l’époque impériale et les Américains l’argent et la formation militaire nécessaires pour que les Tutsis puissent prendre d’assaut le Zaïre en seulement sept mois. Il y a peut-être une part de vérité dans cette théorie du complot. Parmi les bénéficiaires du changement de régime au Zaïre figure George Bush, qui, avec l’ancien Premier ministre canadien Brian Mulroney, est membre du conseil consultatif de Barrick Gold, une société basée à Toronto, qui a acheté aux rebelles de l’époque une concession aurifère de 80 000 kilomètres carrés dans le nord-est du Zaïre. Mais la conspiration est plus profonde et plus subtile.” L’article décrit ensuite l’alliance des nouveaux dirigeants africains sur lesquels compterait la stratégie anglo-américaine : Yoweri Museveni d’Ouganda, Paul Kagame du Rwanda, John Garang de l’Armée populaire de libération du Soudan (SPLA), Issias Afewerki d’Érythrée et Meles Zenawi d’Éthiopie.[16]

Alors que la population locale continue de mourir de faim, les mouvements rebelles contrôlés par le Rwanda et l’Ouganda dans l’est du Congo fournissent aujourd’hui des matières premières précieuses à l’Europe et à l’Amérique du Nord. Peter Scholl-Latour, journaliste allemand expérimenté ayant 40 ans d’expérience en Afrique centrale, a récemment fait état d’un incident révélateur survenu à l’été 2000, dont il avait été informé par des sources fiables à Kigali. Lorsque les tensions se sont intensifiées entre les anciens alliés du Rwanda et de l’Ouganda et que des combats ont éclaté entre leurs troupes au Congo, la sous-secrétaire d’État américaine pour l’Afrique, Susan Rice, a personnellement menacé les deux gouvernements de conséquences si l’approvisionnement en coltan, un minerai stratégique, aux États-Unis ne reprenait pas immédiatement.[17]

3. La ruine économique du Rwanda

Durant les années 1970 et les premières années 1980, le Rwanda jouissait d’une relative stabilité économique et d’une autosuffisance alimentaire. Le pays possédait l’un des meilleurs réseaux routiers de la région, et les services postaux et téléphoniques ainsi que l’approvisionnement en électricité étaient en plein essor. Les systèmes de santé et d’éducation s’amélioraient et le gouvernement avait des projets ambitieux de développement. Mais, comme dans le reste de l’Afrique, ces projets furent tous abandonnés sous la pression des institutions financières internationales. En avril 1984, le gouvernement du président Habyarimana introduisit un programme de « rigueur et d’austérité » qui suspendit de nombreux projets. Affecté également par la chute des prix du café et les coûts élevés des importations, en particulier de l’essence, le Rwanda commença à sombrer dans la crise économique. En juin 1989, l’Accord international sur le café (AIC) s’effondra sous la pression de la libéralisation des marchés mondiaux en faveur des grands négociants multinationaux de café. Alors que 75 % des recettes d’exportation du Rwanda provenaient traditionnellement du café, l’effondrement des prix réduisit de 50 % les recettes extérieures du pays. En 1988 et 1989, le pays a été frappé par une grave sécheresse qui a provoqué une famine dans le sud du pays. L’afflux de milliers de réfugiés au Rwanda, fuyant le Burundi voisin, a rendu la situation du gouvernement encore plus difficile.

Dans ces conditions, les institutions financières internationales, le FMI et la Banque mondiale, ont poussé sans pitié le gouvernement rwandais à mettre en œuvre un programme d’ajustement structurel. Les éléments de cette politique étaient les mêmes que ceux des mesures notoires qui avaient déjà échoué ailleurs en Afrique, mais dans le cas du Rwanda, elle a poussé le pays vers la désintégration économique au moment même où il était attaqué par l’invasion ougandaise. La première dévaluation du franc rwandais a eu lieu en novembre 1990. Elle a immédiatement conduit à de fortes augmentations du prix du carburant et des biens de consommation essentiels. En juin 1992, en pleine guerre, le FMI a insisté pour qu’une nouvelle dévaluation ait lieu, augmentant encore davantage les prix. Les autres mesures du PAS comprenaient la libéralisation du commerce, la suppression des subventions à l’agriculture, la privatisation des entreprises publiques et le licenciement de fonctionnaires. Mais comme le gouvernement était le plus grand employeur avec 7 000 employés dans le gouvernement central et plus de 40 000 dans l’administration locale, ces mesures se sont avérées désastreuses, d’autant plus que le gouvernement a dû faire face à des centaines de milliers de réfugiés qui fuyaient la guerre du Nord.

En 1990, le gouvernement a dû consacrer environ 10 millions de dollars de ses maigres ressources budgétaires au paiement de la dette extérieure. Le Rwanda s’est retrouvé pris dans le même piège de la dette que presque tous les autres pays africains à partir de 1980. Le Rwanda a commencé avec une dette extérieure de moins de 200 millions de dollars en 1980. Malgré le fait que le gouvernement Habyarimana remboursait des millions de dollars chaque année, la dette totale a plus que triplé pour atteindre environ 700 millions de dollars en 1990.[18]

L’étranglement des pays africains par la dette extérieure est l’un des pires crimes contre l’humanité commis par les gouvernements occidentaux et leurs institutions financières, car il a contribué plus que tout autre chose à créer la pauvreté, la maladie et la mort humaine. En 1980, l’Afrique subsaharienne avait environ 80 milliards de dollars de dette extérieure. A la fin des années 1990, ce montant a augmenté pour atteindre plus de 250 milliards de dollars, même si les pays africains ont entre-temps remboursé plus de 200 milliards de dollars.

Pour le Rwanda, les effets de l’étranglement de la dette extérieure et des mesures d’ajustement structurel ont entraîné la destruction du tissu social, parallèle à celle causée par la guerre, et qui était presque complète au début de 1994.

4. La chute du Rwanda dans la violence et la vengeance

La crise économique rendait de plus en plus difficile pour le gouvernement rwandais d’envisager une réintégration à grande échelle des réfugiés de la communauté tutsie de retour à l’étranger. Néanmoins, en 1990, le président Habyarimana ordonna à différents ministères de préparer des plans pour le retour de ces réfugiés. Il se rendit lui-même dans les camps de réfugiés en Ouganda pour en discuter. Une commission bilatérale entre le Rwanda et l’Ouganda fut créée pour élaborer des plans pour le retour des réfugiés. La commission se réunit à Kigali en juillet 1990 avec la participation du HCR et de représentants de l’OUA. Un plan d’action prévoyant différentes options pour les réfugiés fut convenu et des délégués des camps de réfugiés devaient se rendre au Rwanda à la fin du mois de septembre 1990. La prochaine réunion de la commission était prévue pour janvier 1991. Mais, au lieu de cela, la guerre éclata en octobre 1990. Habyarimana avait également accepté des changements constitutionnels en faveur de la démocratisation après le sommet de La Baule des États africains francophones en juin 1990. Les dirigeants du Front patriotique rwandais (FPR) et leurs alliés à Kampala n’ont jamais répondu à la question de savoir pourquoi, malgré ces changements d’attitude du gouvernement du président Habyarimana, ils ont attaqué militairement le Rwanda, si leur seul souci était de retourner dans leur pays d’origine et de contribuer à l’instauration de la démocratie. Peut-être étaient-ils simplement mus par des intérêts étroits. Mais pour les stratèges politiques de Washington et de Londres, qui ont encouragé et soutenu leur guerre, cela ne peut pas être invoqué comme excuse.

Lynda Chalker aurait pu faire pression sur le président ougandais pour qu’il continue à négocier avec le président Habyarimana sur la question des réfugiés et qu’il ne fasse pas la guerre. Comme le gouvernement ougandais dépendait entièrement de l’argent des donateurs occidentaux, en particulier de la Grande-Bretagne et des États-Unis, le gouvernement américain aurait pu utiliser son influence auprès des réfugiés rwandais pour les empêcher de se préparer à la guerre. Au lieu de cela, les deux gouvernements ont fait le contraire et ont encouragé la guerre. Par conséquent, ces gouvernements occidentaux portent la responsabilité du désastre qui a suivi au Rwanda et qui a culminé avec le carnage de 1994. Ainsi, l’éruption de violence interne au Rwanda entre 1990 et 1994 a également été directement causée par l’adoption par les gouvernements américain et britannique de leur forme particulière d’unilatéralisme. Après l’effondrement de l’Union soviétique, l’administration Bush a ramené la guerre comme moyen justifié de résoudre les conflits internationaux. Elle a été appliquée à grande échelle avec la guerre du désert contre l’Irak en 1991. Dans le contexte africain, la guerre au Rwanda et plus tard au Congo a suivi la même logique.

Au Rwanda, la guerre a semé la panique et les envahisseurs n’ont pas été accueillis comme des libérateurs. En 1991, plus de 100 000 personnes avaient fui la guerre du nord vers le sud. Au début de 1992, ce nombre était passé à 300 000. Et la nouvelle offensive du FPR en février 1993 a provoqué un afflux de près d’un million de réfugiés à l’intérieur du pays. Dans ces circonstances et dans un contexte de désintégration économique, on peut expliquer que les vieux traumatismes de l’histoire du Rwanda et du Burundi, des tensions entre les deux principaux groupes de population, Hutu et Tutsi, soient revenus en force. La révolution rwandaise de 1959 et les violences qui ont suivi, ainsi que le massacre de centaines de milliers de Hutu au Burundi en 1972, rappellent les relations fragiles qui existaient autrefois entre ces deux groupes. Lorsque le président hutu démocratiquement élu du Burundi, Melchior Ndadaye, fut assassiné par l’armée tutsie à Bujumbura en octobre 1993, trois mois seulement après la signature de l’accord de paix d’Arusha par les parties rwandaises, le terrain propice au compromis au Rwanda fut encore davantage détruit. La spirale de la violence s’intensifia. Finalement, l’attentat contre l’avion présidentiel le 6 avril 1994, tuant le président Habyarimana du Rwanda, le président Ntaryamira du Burundi, le chef de l’armée rwandaise, le général Nsabimana, le commandant de la garde présidentielle, le major Bagaragaza et un certain nombre d’autres responsables, eut l’effet d’une grenade à main lancée dans un dépôt de munitions. Cela signifie qu’en l’espace de six mois, trois présidents hutus furent assassinés. Les tensions existantes éclatèrent en une orgie de violences et de massacres de masse. Depuis des mois déjà, le pays était sous l’effet d’une suspicion généralisée, que l’on soit du côté du gouvernement d’Habyarimana ou des forces d’invasion du FPR.

A ce jour, aucune enquête n’a été menée sur les circonstances de l’attentat meurtrier contre l’avion du président Habyarimana. Ni le gouvernement du FPR à Kigali, ni les Nations Unies, ni les gouvernements occidentaux n’en ont mené. Une seule chose est claire : une telle attaque n’aurait pas pu être menée en Afrique sans l’implication active des services de renseignements occidentaux. Et celui qui l’a ordonnée connaissait les conséquences. Elle aurait conduit à l’effondrement total de toute base de mise en œuvre d’un accord de compromis entre le FPR et le gouvernement Habyarimana, ce qu’il a fait.

5. L’échec des négociations de paix d’Arusha et le refus occidental d’intervenir en cas de besoin majeur

L’attitude des gouvernements américain et britannique à l’égard des négociations entre les deux parties belligérantes au Rwanda montre la même approche douteuse que leur soutien à la guerre en 1990. Le principe de ces négociations, qui ont commencé sous la direction des États-Unis et de la France en juillet 1992, était de justifier et de légitimer l’invasion du FPR après coup. Le FPR s’était engagé dans une guerre contre un gouvernement souverain internationalement reconnu, et pourtant on lui avait accordé le même statut que ce gouvernement. La question sur laquelle les négociations ont porté dès le début n’était pas vraiment le partage du pouvoir, mais la conquête du pouvoir par le FPR. Le fait que cela se soit terminé par la formule discutable de 60% pour les forces gouvernementales et 40% pour les forces du FPR et le partage de 50% de tous les postes de commandement de la future armée n’a évidemment pas contribué à instaurer la confiance entre les adversaires.[19]

Alors que les négociations entre le gouvernement et le FPR se poursuivaient à Arusha à partir de juillet 1992, la guerre continuait. En février 1993, le FPR lança une offensive massive qui amenait ses troupes à 50 kilomètres de Kigali. Sous la pression des gouvernements occidentaux, l’accord d’Arusha fut signé en août 1993. Mais il devint vite évident que ces gouvernements occidentaux n’avaient aucun intérêt à garantir la mise en œuvre de l’accord par l’intermédiaire des Nations Unies. Des délégations du gouvernement rwandais et du FPR avertirent le Conseil de sécurité en septembre 1993 que l’accord serait rompu si une force importante de l’ONU n’était pas déployée rapidement au Rwanda. Lorsque la Mission des Nations Unies pour l’assistance au Rwanda (MINUAR) fut finalement créée le 5 octobre 1993, elle ne disposait ni des effectifs ni de la logistique nécessaires, ni d’un mandat suffisamment fort pour être garante du processus de paix. La MINUAR n’était pas en mesure de réagir face à la montée de la violence dans le pays.

Les Nations Unies ont reconnu leur échec au Rwanda en 1993 et 1994.[20] Le véritable scandale est le comportement des gouvernements au Conseil de sécurité de l’ONU, qui sont responsables en premier lieu de la faiblesse de la MINUAR. En second lieu, les gouvernements américain et britannique ont refusé toute action militaire efficace de l’ONU suite à l’assassinat du président Habyarimana. En dépit de la demande pressante des commandants de l’ONU à Kigali, le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé de réduire plutôt que d’augmenter les effectifs de la MINUAR. Ainsi, l’explosion de violence contre les civils et les massacres de masse qui ont suivi la mort du président ont fait des ravages sans limite. Les gouvernements américain, britannique, français et belge étaient pleinement conscients du carnage en cours. Pourquoi n’ont-ils pas réagi ? Le 21 avril, le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé de retirer la MINUAR, mais une semaine plus tard, le même Conseil de sécurité a décidé d’augmenter les effectifs de la FORPRONU dans les Balkans de plus de 6000 hommes. Les gouvernements occidentaux comptaient-ils d’abord voir le FPR prendre le pouvoir, et ensuite seulement intervenir, comme l’ont fait les troupes américaines en juillet 1994 pour aider les réfugiés rwandais bloqués à Goma, au Zaïre ?

6. La guerre comme moyen de contrôle de la population

L’action ou l’inaction des gouvernements occidentaux, en particulier des gouvernements américain et britannique, au Rwanda entre 1990 et 1994, qui ont soutenu activement une guerre et refusé d’intervenir lorsque cela était nécessaire pour sauver des civils, étaient, comme nous l’avons montré, motivées par des considérations géopolitiques. Comme le montrent les événements ultérieurs au Rwanda et au Congo, cette politique se poursuit encore aujourd’hui. Elle révèle l’hypocrisie totale des gouvernements occidentaux lorsqu’ils parlent de leur préoccupation pour les droits de l’homme et la bonne gouvernance en Afrique. En réalité, leur politique n’est motivée que par des considérations stratégiques visant à avoir accès à des matières premières vitales. Le fait que les puissances occidentales, dans la poursuite de cet objectif stratégique, prennent en compte la perte de millions de vies humaines révèle un aspect encore plus diabolique de la vision du monde à laquelle adhèrent certaines parties de l’élite politique occidentale. C’est ce qu’on appelle le dogme du contrôle de la population. Aussi horribles que soient les guerres, elles réduisent les populations de manière assez efficace. Si les populations africaines peuvent être réduites, le danger stratégique à long terme que les nations africaines épuisent leurs précieuses matières premières pour elles-mêmes peut être éliminé. C’est la triste réalité qui se cache derrière le changement de paradigme que la politique de l’Afrique de l’Ouest a connu au cours des 30 dernières années. Ainsi, les puissances occidentales fomentent des guerres et déstabilisent les gouvernements en Afrique. Il leur suffit ensuite de trouver des rebelles, des mercenaires ou des seigneurs de guerre pour conclure des accords visant à extraire les matières premières du continent, abandonnant la population locale à son sort misérable.

Au cours des années 1950 et 1960, durant la période de lutte pour la libération de l’Afrique, le développement économique rapide de l’Afrique jusqu’à atteindre des niveaux de vie comparables à ceux de l’Europe occidentale ou des États-Unis était l’orientation politique généralement acceptée. Le sous-développement était considéré comme le problème, et non la surpopulation. Cela a changé avec l’introduction des dogmes malthusiens irrationnels du Club de Rome en 1971 et la première Conférence mondiale sur la population à Bucarest en 1974. À partir de ce moment, la surpopulation était considérée comme le problème de l’Afrique, et non le sous-développement. À partir du Mémorandum d’étude sur la sécurité nationale (NSSM) 200 « Implications de la croissance démographique mondiale pour la sécurité américaine et les intérêts d’outre-mer », rédigé par le secrétaire du Conseil de sécurité nationale Henry Kissinger pour le gouvernement des États-Unis en décembre 1974, le néo-malthusianisme a été largement introduit dans les formulations politiques de tous les gouvernements occidentaux et des organisations internationales comme les Nations Unies.[21] D’autres politiques gouvernementales et de think tanks ont suivi la même ligne, par exemple le plan Global 2000 de Jimmy Carter. Le malthusianisme est également devenu l’idéologie dominante dans les universités et les médias occidentaux, et a de plus en plus changé l’opinion publique, à tel point que la terrible catastrophe humaine, la pire depuis la Seconde Guerre mondiale, qui se déclenche depuis 1990 en Afrique centrale ne trouve pas de reconnaissance adéquate, ni auprès des gouvernements occidentaux ni auprès du grand public.

7. Conclusion et le cas d’André Ntagerura

André Ntagerura était un membre très important du dernier gouvernement du président Habyarimana. Il appartenait également au comité central du MRND. Avant d’être ministre des Transports et des Communications dans le premier gouvernement d’avril 1992 qui comprenait des partis d’opposition, il avait occupé d’autres portefeuilles, comme les Affaires sociales et les Travaux publics. Le MRND l’avait inclus comme ministre de la Planification dans la liste des ministres qu’il proposait pour le gouvernement à base élargie convenu lors des négociations de paix d’Arusha de 1993, à laquelle le FPR n’avait soulevé aucune objection à l’époque. Le ministre Ntagerura avait la réputation d’être un technocrate très compétent dans son domaine plus qu’un politicien. Il était un négociateur très respecté et compétent dans les organisations régionales telles que l’Organisation du bassin de la Kagera (KBO) du Rwanda, du Burundi, de l’Ouganda et de la Tanzanie, où il travaillait à relier le Rwanda par voie ferrée via le corridor central au système ferroviaire tanzanien pour atteindre le port de Dar Es Salaam. Il faisait également la promotion d’un corridor nord via l’Ouganda et le Kenya jusqu’au port de Mombassa. Il s’est engagé à développer les infrastructures de transport du Rwanda et de ses voisins, car il considérait cela comme essentiel pour surmonter la misère des populations de la région. Dans ce contexte, il était, semble-t-il, un représentant respecté du Rwanda auprès des organisations internationales telles que la Banque mondiale. En mai 1994, Ntagerura a conduit la délégation du gouvernement rwandais à Arusha pour tenter de négocier un accord de cessez-le-feu avec le FPR.

Le gouvernement Habyarimana était le gouvernement légitime du Rwanda en 1990. Comme tout autre gouvernement, il avait clairement le droit d’acheter des armes et de défendre le pays lorsqu’il était attaqué. Grâce à l’aide de la France, le gouvernement a augmenté l’effectif de l’armée de 5 000 à environ 50 000 hommes en 1993. Étant donné les tactiques de guérilla utilisées par les forces d’invasion, il est compréhensible que les dirigeants militaires et politiques du pays organisent également des milices. Entre la fin de 1990 et le début de 1994, le gouvernement a dû faire face à un assaut total au milieu de l’effondrement de l’économie et des effets désespérés de plus d’un million de réfugiés déracinés par l’avancée des troupes ennemies. Le fait que des groupes extrémistes aient joué une carte ethnique dans le contexte plus large des efforts du gouvernement pour survivre ne peut pas être reproché principalement à chaque membre du gouvernement ou de l’ancien parti au pouvoir. Le bilan des événements de 1990-1994 au Rwanda ne serait pas complet sans mentionner que des atrocités et des massacres ont été commis des deux côtés de la fracture politique. Mais la catastrophe humaine interne au Rwanda n’aurait pas eu lieu sans l’intervention extérieure des services militaires, politiques et de renseignement. Tant que la vérité sur cet aspect de la tragédie rwandaise ne sera pas révélée, la justice ne pourra pas être rendue.

L’analyse politique doit mettre en lumière les processus qui ont conduit à des catastrophes telles que celle du Rwanda au cours de la dernière décennie du XXe siècle. La contribution de l’analyse politique à la justice et à la réconciliation réside dans les leçons qu’elle en tire. Après avoir vécu à maintes reprises les horreurs des guerres fratricides au cours de la seconde moitié du XXe siècle, les peuples du Rwanda et du Burundi ne pourront trouver une paix et une réconciliation durables entre eux que si l’attitude et la politique des puissances occidentales à l’égard de cette région de l’Afrique en proie à la souffrance changent. La politique de promotion de la misère économique et des conflits doit être remplacée par la création définitive de la paix par un véritable développement.

Notes

  1. Financial Times, London, November 14, 1998.
  2. The Observer, London, August 18, 1996
  3. BBC News, London, February 5, 2002.
  4. The Monitor, Kampala, March 31, 2002.
  5. “Covert Action in Africa: A Smoking Gun in Washington, D.C.” news brief from U.S. Congresswoman Cynthia McKinney, April 16, 2001.
  6. News brief Cynthia Mc Kinney: Statement by Keith Snow and Wayne Madson.
  7. Prepared Testimony and Statement for the Record of Wayne Madson before the Subcommittee on International Relations, U.S. House of Representatives, Washington, D.C., May 17, 2001.
  8. “Rwandese Refugees in Uganda, Ogenga Otunnu,” in The Path of Genocide, The Rwanda Crisis from Uganda to Zaire, New Brunswick, N.J.: Surke Transaction Publishers, 1999.
  9. Impuruzu newsletter, June 1988.
  10. “An Historical Analysis of the Invasion by the Rwanda Patriotic Army (RPF) Ogenga Otunnu,” in The Path of Genocide, The Rwanda Crisis from Uganda to Zaire, New Brunswick, N.J.: Surke Transaction Publishers, 1999.
  11. The Monitor, Kampala, May 30, 1999.
  12. The Monitor, Kampala, June 1, 1999.
  13. Frankfurter Allgemeine Zeitung, April 21, 1995.
  14. New African Yearbook 2001, London: IC Publication.
  15. Yoweri T. Museveni, “Fanon’s Theory on Violence: Its Verification in Liberated Mozambique.”
  16. Yoweri Museveni, “What Hope for Africa?” address to 1995 annual meeting of the World Economic Forum, Davos, Switzerland.
  17. Richard Dowden, “Uganda Slips Through West’s Democracy Net.”
  18. Sam Kiley, “New Leaders Take Africa’s Destiny Into Their Own Hands,” in The Times of London, May 20, 1997.
  19. Peter Scholl Latour, Afrikanische Totenklage, Bertelsmann Verlag, 2002.
  20. Debt tables from World Bank data.
  21. Bruce Jones, “The Arusha Peace Process,” in The Path of Genocide, The Rwanda Crisis from Uganda to Zaire, New Brunswick, N.J.: Surke Transaction Publishers, 1999.
  22. Statement by the UN Secretary General, Dec. 16, 1999.
  23. NSSM 200, Dec. 10, 1974, Executive Summary.

Selected Bibliography

  1. New African Yearbook 2001, London: IC Publications.
  2. The Path of Genocide: The Rwanda Crisis from Uganda to Zaire, New Brunswick, N.J.: Surke Transaction Publishers, 1999.
  3. L.R. Melvern, A People Betrayed: The Role of the West in Rwanda’s Genocide, London: Zed Books, 2000.
  4. Gerard Prunier, The Rwanda Crisis: History of a Genocide, New York: Columbia University Press, 1995, 1997.
  5. Helmut Strizek, Ruanda und Burundi von der Unabhaengigkeit zum Staatszerfall, Cologne: Weltforum Verlag, 1996.
  6. Michel Chossudovsky, The Globalisation of Poverty Impacts of IMF and World Bank Reforms, 1997, 2001.

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