Congo La RDC ne peut pas compter sur son gouvernement illégitime ou sur la communauté internationale pour protéger sa population et ses ressources.
Le M23, le mouvement du 23 mars, est la quatrième incarnation du groupe mandaté par Paul Kagame pour l’expansion territoriale du Rwanda et le pillage des ressources naturelles de la République démocratique du Congo (RDC).
L’homme fort et rusé du Rwanda a perfectionné ce jeu, se faisant d’abord passer pour le libérateur du Congo de la dictature de Mobutu à travers l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo en 1996-97 sous Laurent-Désiré Kabila, puis créant le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD) en 1998 pour combattre Kabila alors qu’il ne s’est pas avéré être le genre de président fantoche que Kagame voulait à Kinshasa.
Cependant, contrairement à ces groupes, qui ont été créés de façon inattendue par le Rwanda et l’Ouganda en tant que groupes rebelles contre l’État congolais, le M23 est apparu cette année comme une unité tutsie au sein de l’armée congolaise, comme son prédécesseur, le Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP), l’a fait en 2006. Depuis le déclenchement de la guerre interafricaine pour les ressources de la RDC suite à l’invasion du Congo par le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi, Kagame a appris qu’il ne servirait à rien que le Rwanda soit si ouvertement impliqué dans l’invasion du Congo. occupant et pillant son voisin géant.
Le nom même de M23 indique clairement le cordon ombilical qui le lie au CNDP, puisque le groupe affirme que sa rébellion est une mesure de représailles au non-respect de l’accord de paix entre Joseph Kabila – fils de Laurent et président du Congo depuis 2001 – et le CNDP le 23 mars 2009. Malgré son langage diplomatique, cet accord représente la capitulation du gouvernement Kabila devant les intérêts stratégiques du Rwanda, incorporant dans l’armée congolaise une milice composée de Tutsi congolais et de soldats rwandais, et fidèle à une armée étrangère.
Alors que le général renégat et fondateur du CNDP Laurent Nkunda était assigné à résidence, son adjoint Jean-Bosco Ntaganda a été nommé général des Forces armées de la République démocratique du Congo, cinquième colonne de l’armée congolaise, malgré un mandat d’arrêt émis par l’armée congolaise. Cour pénale internationale (CPI). En mars, le président Kabila a donné l’impression de céder aux pressions de ses maîtres occidentaux qui, après lui avoir permis de se maintenir au pouvoir malgré une élection présidentielle qu’il a clairement perdue en novembre 2011, ont insisté pour qu’il livre «le Terminator» (le surnom de Ntaganda) à la CPI. Ainsi commença la nouvelle «rébellion» sous le nouveau nom du CNDP, le M23.
Trois leçons sont à tirer de ce dernier épisode de l’agression du Rwanda contre la RDC. Premièrement, la cause profonde de la crise sans fin au Congo est l’absence d’un gouvernement légitime et d’un État viable. Dirigeant faible et extrêmement impopulaire, Kabila est un usurpateur qui n’a aucune légitimité et est incapable d’exercer les fonctions de chef de l’exécutif dans un pays stratégiquement important comme la RDC. Pendant près de 12 ans au pouvoir, il a dilapidé les richesses du pays et n’a pas réussi à mettre en place des institutions d’État efficaces, notamment l’armée, la police et la fonction publique. S’il a du respect pour lui-même et de l’amour pour un pays qu’il considère comme sa patrie, il devrait démissionner.
Deuxièmement, Kagame et l’Ougandais Yoweri Museveni n’arrêteront pas leurs tentatives de contrôle et de pillage du Nord et du Sud-Kivu (pour le Rwanda) et du district de l’Ituri de la province orientale (pour l’Ouganda) tant que Kinshasa ne sera pas en mesure de protéger ses frontières. En tant qu’alliés puissants des États-Unis dans la «guerre contre le terrorisme» dans la région, et particulièrement au Soudan (où le Rwanda dispose d’un important contingent dans la force de maintien de la paix de l’ONU et de l’Union africaine au Darfour) et en Somalie (où l’Ouganda mène la lutte contre le terrorisme), (Al-Shabaab, affilié à Al-Qaïda), ils peuvent compter sur le soutien des États-Unis et du Royaume-Uni. En témoigne l’incapacité des grandes puissances à imposer des sanctions aux deux pays face aux nombreux rapports les impliquant dans des violations des droits de l’homme et le pillage des ressources naturelles de la RDC. Le plus choquant à cet égard est le silence de la communauté internationale sur le rapport cartographique de 2010 du haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme sur les crimes contre l’humanité, les crimes de guerre et éventuellement les crimes de génocide commis par l’actuel régime rwandais sur le territoire congolais entre 1994 et 2003.
La troisième leçon est que, dans ces circonstances, le peuple congolais aurait tort de croire qu’il peut compter sur la communauté internationale pour le délivrer de Kigali, de Kampala et de ses bailleurs de fonds extérieurs. Si 13 années de maintien de la paix de l’ONU et 1,5 milliard de dollars dépensés chaque année pour la mission de l’ONU ne peuvent pas apporter la paix et la stabilisation, que peuvent faire les autres forces «neutres» d’Afrique ou d’ailleurs pour changer la situation? Le salut du Congo est entre les mains de ses propres fils et filles.
Source : Georges Nzongola-Ntalaja, Only the Congolese people can save Democratic Republic of the Congo, The Guardian – Poverty Matters Blog, Wed 28 Nov 2012 15.09 GMT.