Elon Musk rachète Twitter et se pose en défenseur de la liberté d’expression

Le feuilleton aura été de courte durée : trois semaines après avoir acheté ses premières parts dans la société et dix jours après sa proposition de rachat, Elon Musk a fini par prendre le contrôle du réseau social Twitter, lundi 25 avril. L’homme d’affaires a déboursé plus de 43 milliards d’euros. Quels impacts concrets cette prise en main peut-elle engendrer pour la plate-forme et ses utilisateurs? Les déclarations passées du magnat de la tech permettent de se faire une idée de ce qui pourrait changer dans les mois à venir. De nouvelles règles de modération, une sortie de la Bourse, un algorithme plus transparent… le nouveau propriétaire a donné quelques indices sur les modifications qu’il pourrait apporter.

L’affaire a immédiatement pris un tour politique. «Les sceptiques qui n’ont pas vu venir l’accord sur Twitter ont tout d’abord sous-estimé la combativité d’Elon Musk et sa capacité à s’assurer des financements. Ensuite, ils n’ont pas compris l’aversion au risque des conseils d’administration, qui ont peur d’être poursuivis ou de paraître incompétents s’ils n’agissent pas dans le meilleur intérêt des actionnaires», a résumé Gary Black, patron du hedge fund (fonds spéculatif) de Chicago The Future Fund.  Il était peu probable de trouver un chevalier blanc à un tel prix ou d’espérer une remontée rapide de l’action par elle-même. Quant à la pilule empoisonnée que le conseil voulait utiliser pour empêcher Elon Musk de monter au-delà de 15 % du capital en créant de nouvelles actions, elle était difficile à justifier. Aidé par la banque d’affaires Morgan Stanley, Elon Musk a levé pour 25,5 milliards de dollars d’emprunts, tandis qu’il pouvait mobiliser jusqu’à 21 milliards de dollars de fonds personnels. «La transaction proposée offrira une prime en liquidités substantielle, et nous pensons que c’est la meilleure voie à suivre pour les actionnaires de Twitter», a concédé le président du conseil de surveillance du réseau social, Bret Taylor.

Pour la liberté d’expression

«J’espère que même mes pires détracteurs resteront sur Twitter, car c’est ce que signifie la liberté d’expression», a déclaré sur Twitter le patron de l’entreprise automobile Tesla et de la compagnie spatiale SpaceX. Connu pour ses convictions libertariennes, Elon Musk, 50 ans, dit racheter l’entreprise au nom de la liberté d’expression : «[Elle] est le fondement d’une démocratie qui fonctionne et Twitter est la place publique numérique où sont débattues des questions vitales pour l’avenir de l’humanité», explique celui qui veut faire sortir de la Bourse l’entreprise.

Ce qui va changer

Une sortie de Twitter de la Bourse

L’entrepreneur d’origine sud-africaine propose de racheter les actions au prix de 54,20 dollars en cash, soit une prime de 38 % par rapport au 1er avril, jour où il avait révélé avoir acquis au fil de l’eau 9 % du capital de l’entreprise. A ce moment-là, l’action n’avait pas progressé d’un dollar en Bourse depuis son introduction à Wall Street, en 2013. C’est cette faible performance qui rendait intenable la situation du conseil de surveillance de Twitter, réseau social dépendant à 90 % de la publicité et incapable de développer un modèle de croissance économique satisfaisant, en dépit de ses 217 millions d’utilisateurs quotidiens. Twitter «ne prospérera pas ni ne remplira sa mission sociétale [de liberté d’expression] dans sa forme actuelle», a expliqué M. Musk dans une lettre adressée au conseil d’administration de l’entreprise et rendue publique le 14 avril. Ajoutant : «Twitter a un énorme potentiel. Je vais le réaliser». Pour ce faire, le fondateur de SpaceX souhaite transformer Twitter en «société privée», c’est-à-dire sortir l’entreprise de la Bourse. Un tel changement pourrait lui permettre d’avoir les mains plus libres pour modifier le fonctionnement du réseau social comme il l’entend. Et de son point de vue permettre à l’entreprise de survivre.

De nouvelles règles de modération

Premier domaine dans lequel l’opération menée par Elon Musk devrait avoir un impact : la modération. «La liberté d’expression est le fondement d’une démocratie fonctionnelle», déclare-t-il ainsi dans le communiqué annonçant son rachat. A de nombreuses reprises par le passé, ce libertarien, historiquement proche des libéraux américains, a fait savoir qu’il trouvait les règles de modération de la plate-forme trop contraignantes. «Il est très important qu’il y ait une arène ouverte pour la liberté d’expression», avait-il ainsi affirmé le 14 avril, lors d’une conférence TedTalk, comparant le réseau social à une «place de village» et ajoutant que les règles de modération d’un réseau devraient se limiter aux lois de chaque pays.

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