Deuxième guerre du Congo: causes, acteurs, déroulement et conséquences

La Seconde/Deuxième Guerre du Congo est une guerre d’Agression de la République démocratique du Congo par le Rwanda et l’Ouganda essentiellement, parrainés par les États-Unis d’Amérique, qui a commencé le 02 août 1998, un peu plus d’un an après la Première Guerre du Congo, et qui a officiellement pris fin en juillet 2003 lorsque le gouvernement de transition de la République démocratique du Congo a pris le pouvoir. Bien qu’un accord de paix ait été signé en 2002, les violences se sont poursuivies dans de nombreuses régions du pays, notamment dans l’est. Neuf pays africains et environ vingt-cinq groupes armés ont pris part à cette guerre.  En 2008, l’International Rescue Committee (IRC) a estimé que la guerre et ses conséquences avaient causé 5,4 millions de morts, faisant de la Seconde Guerre du Congo le conflit le plus meurtrier au monde depuis la Seconde Guerre mondiale. Deux autres millions ont été déplacés de leurs foyers ou ont demandé l’asile dans les pays voisins. Les minerais de conflit et la volonté de balkaniser le pays sont la raison principale de la guerre à haute intensité et des combats qui ont suivi.

Nota Bene: Certaines des photos présentées ici sont tout simplement terribles, s’il vous plaît ! Que les enfants et les personnes ayant une santé mentale instable s’abstiennent de les regarder.


La Seconde Guerre congolaise (français : Deuxième guerre du Congo), également connue sous le nom de Grande Guerre africaine (1998-2002), était une guerre en République démocratique du Congo qui impliquait plus de vingt groupes armés représentant neuf États. Pendant le conflit, des acteurs étrangers, directement ou par l’intermédiaire d’intermédiaires, ont pris le contrôle de la plupart des gisements miniers de la RDC, comme l’or et les diamants. Ces ressources étaient aux mains de l’Angola, du Zimbabwe, du Rwanda et de l’Ouganda, qui collaboraient avec les puissances occidentales dans ce domaine et agissaient parfois entièrement dans leur intérêt. Outre les aspects économiques, l’intervention étrangère avait également des motivations politiques. Par exemple, dans le conflit entre le Soudan et l’Ouganda et dans le soulèvement de l’UNITA en Angola. Ils utilisaient le territoire du Congo pour fournir des armes et des munitions. La Namibie y a participé en raison de ses obligations d’alliance avec l’Angola. Le Zimbabwe a cherché à devenir une puissance régionale à travers le conflit, supplantant l’Afrique du Sud.

Chronique de la guerre

Déclenchement de la guerre

Les origines du conflit remontent au génocide rwandais de 1994, lorsqu’un grand nombre de réfugiés tutsis se sont retrouvés au Zaïre (République démocratique du Congo jusqu’en 1997). Après l’arrivée au pouvoir du Front patriotique rwandais au Rwanda, un flot de réfugiés hutus affluèrent au Zaïre, dont beaucoup furent impliqués dans le génocide. La guerre civile rwandaise de facto s’est propagée au Zaïre.

En 1996-1997, le nouveau gouvernement rwandais dirigé par Paul Kagame, persécutant les opposants politiques, a soutenu l’action d’une coalition de mouvements d’opposition sous la direction générale de Laurent Kabila contre le dictateur du Zaïre, Mobutu Sese Seko. Les Tutsis, tant rwandais que locaux de l’est du pays (connus localement sous le nom de Banyamulenge), constituaient une partie importante des forces armées rebelles. Le résultat de la guerre fut la chute du régime de Mobutu, vieux de trente ans, mais bientôt (en juillet 1998), le nouveau président du Zaïre, Kabila, décida de retirer du pouvoir ses anciens alliés. Le 27 juillet 1998, il a annoncé qu’il expulsait du pays tous les responsables militaires et civils étrangers (pour la plupart Tutsi) et qu’il dissolvait les unités de l’armée congolaise composées de non-Congolais, qu’il accusait d’avoir l’intention de créer un empire, l’Empire Hima ou Tutsiland.

Le 2 août 1998, des soldats tutsis (10e bataillon, 222e brigade), dirigés de fait depuis Kigali par Paul Kagame et James Kabarebe, et de façade par le général-major Ondekane, ont déclenché la Deuxième guerre du Congo, prenant la ville de Goma. Le lendemain, ils ont pris le contrôle de les villes d’Uvira et de Bukavu et une armée forte de 60 000 hommes se dirigea vers la capitale Kinshasa. Le 23 août, ils atteignirent Kisangani. De là, un groupe s’est dirigé vers le sud, où, après la bataille réussie de Kinda (3-10 octobre), il a envahi la province méridionale du Katanga, tandis qu’un autre a ouvert un front équatorial et a capturé Bumba en novembre 1998. Le gouvernement Kabila a décidé de soutenir les ennemis de ses ennemis, c’est-à-dire les réfugiés Hutus. Des affrontements sanglants ont commencé par des massacres de civils et des représailles contre les prisonniers de guerre, et pire, sur les populations civiles congolaises. Les viols collectifs se sont généralisés, des femmes enceintes ont été éventrées, une horreur indescriptible a eu lieu. Il est important ici de rétablir l’histoire et de préciser que le soulèvement des Tusti du Congo, ceux civils ou dans l’armée n’était aucunement une rébellion ou une guerre civile,  mais une intervention du Rwanda et de l’Ouganda, parrainés par les États-Unis d’Amérique, notamment. La plupart des témoins et des chercheurs montrent que le véritable pouvoir sur le terrain n’était pas exercé par les rebelles tutsis congolais, mais par des officiers ougandais et rwandais, qui ont organisé et profité du conflit.

Causes du conflit

Cette guerre d’agression de la République Démocratique du Congo était une guerre :

1. Ethnique. Il s’agissait de l’exportation dans la continuité de la Première guerre du Congo, du grave conflit entre Tutsis et Hutu depuis le génocide au Rwanda, auquel se sont superposées bien d’autres contradictions interethniques.

2. Hégémonique et géostratégique. Il s’agissait (1) de la volonté des gouvernements de l’Ouganda, du Rwanda et du Burundi de faire face à leurs ennemis qui se trouvaient sur le territoire de la RDC (organisations militaires hutues et autres groupes luttant pour renverser les gouvernements de ces pays), (2) de la volonté des autres pays de la région de résister au renforcement des positions de l’Ouganda, du Rwanda et du Burundi. Le Soudan a cherché à combattre l’Ouganda avec les mains de quelqu’un d’autre. La Namibie est entrée en vigueur en tant qu’alliance avec l’Angola. L’Angola cherchait à traiter avec les rebelles de l’UNITA stationnés au Congo. Le Zimbabwe s’est battu à cause des ambitions du dictateur Mugabe, (3) de la volonté des pays de la région de profiter des riches ressources minérales de la RDC, et (4) de la volonté du Rwanda et de l’Ouganda de balkaniser la République Démocratique du Congo.

Front occidental

Peu de temps après ses prises sur le front Est, James Kabarebe a attaqué Kinshasa, a capturé un avion de transport Boeing et, le 3 août, s’est envolé de la ville de Goma vers la base aérienne de la ville de Kitona. Avec l’aide des Tutsis stationnés là-bas, il a réussi à augmenter la taille du groupe à 3 000 combattants et à ouvrir un deuxième front d’agression dans l’ouest du pays, créant ainsi un grave danger pour la capitale. Le 11 août, il s’empare des villes de Boma et Matadi, et le 13 août, de la Centrale hydroélectrique d’Inga, qui alimente la capitale en électricité. Dépassé, Laurent Kabila s’est tourné vers le gouvernement angolais pour obtenir de l’aide. Les troupes d’agression ont lancé avec succès une offensive contre la capitale, capturant les villes de Songololo le 16 août et de Mbanza-Ngunga le 20 août. La bataille de Matadi éclate, au cours de laquelle des formations angolaises du Cabinda dirigées par de Matos interviennent aux côtés du gouvernement. Le 31 août, les troupes angolaises ont chassé les rebelles de Matadi et le 1er septembre de Kitona.

Escalade

À la fin de 1998, la guerre civile au Congo avait finalement dégénéré en un conflit panafricain. Le 6 novembre, des unités régulières de l’armée rwandaise envahissent la RD Congo. Dans le sud du pays, au cours de l’hiver et du printemps 1998-1999, de violents combats ont eu lieu avec l’utilisation des forces aériennes entre les formations du Rassemblement conoglais pour la démocratie (RCD) et les troupes rwandaises, d’une part, et les troupes namibiennes, et d’autre part, les troupes zimbabwéennes (défense de Kabalo, Mbuji-Mayi). Début décembre 1999, de violents combats ont éclaté pour la ville de Moba, sur les rives du lac Tanganyika, où les troupes d’agression s’étaient emparés de la ville en décembre 1998 ont subi des pertes importantes.

Bataille pour la province de l’Équateur

Le matin du 4 décembre 1998, les troupes angolaises-zimbabwéennes ont attaqué les positions des rebelles congolais à l’ouest de la ville de Bumba depuis le village de Lisala. À l’été 1999, de violents combats éclatent au nord du Congo dans la province de l’Equateur (Jombo, Bokungu, Lusengo, Makanza et Bogbonga) entre les rebelles congolais et angolo-zimbabwéens et les troupes gouvernementales, l’aviation soudanaise étant aux côtés de ces dernières. Le 18 juillet 1999, les rebelles reprennent la ville de Gemena, au nord du pays (une première fois chassés en janvier), chassant les interventionnistes tchadiens.

Accord de Lusaka

Des représentants de la Communauté de développement de l’Afrique australe, de l’Organisation de l’unité africaine et de l’ONU se sont réunis du 21 au 27 juin 1999 à Lusaka et ont élaboré un accord de cessez-le-feu. Les ministres de la Défense et des Affaires étrangères des parties au conflit se sont réunis du 29 juin au 7 juillet pour discuter du traité. Les chefs d’État de l’Angola, de la République démocratique du Congo, de la Namibie, du Rwanda, de l’Ouganda, de la Zambie et du Zimbabwe ont signé l’accord à Lusaka le 10 juillet 1999.

Les parties ont convenu de cesser toutes les opérations militaires dans les 24 heures suivant la signature de l’accord (article I, paragraphe 2, section C). Les mouvements militaires ultérieurs ou les transferts d’armes sur le champ de bataille ont été interdits et tous les États ont été appelés à respecter les droits de l’homme et à protéger les civils (article I). Tous les prisonniers de guerre furent libérés (article III, paragraphe 8) et la Croix-Rouge internationale devait porter assistance aux blessés (article III, paragraphe 9). Un accord a été obtenu sur le déploiement d’une force internationale de maintien de la paix des Nations Unies (Article XI), conformément au Chapitre VII de la Charte des Nations Unies. Le document demande également à l’Organisation de l’unité africaine de déployer temporairement des forces de maintien de la paix contre les groupes militants jusqu’à l’arrivée des forces de l’ONU. Mwesiga Laurent Baregu et Chris Landsberg de l’Académie internationale de la paix ont critiqué le traité en 2003, affirmant que l’Organisation de l’unité africaine avait été supprimée et que la Communauté de développement de l’Afrique australe n’avait plus la capacité de résoudre le conflit.

Le 15 juillet 1999, le secrétaire général de l’ONU publiait un rapport selon lequel il était recommandé d’envoyer une mission d’observation en RD Congo. Le 23 juillet, le Département d’État américain a annoncé son soutien à la mission de maintien de la paix. Le Mouvement de libération du Congo a signé l’accord le 1er août. Cinq jours plus tard, le Conseil de sécurité de l’ONU adoptait la résolution 1258, envoyant des officiers de liaison dans les capitales des pays signataires de l’accord de cessez-le-feu et créant une commission militaire conjointe pour superviser sa mise en œuvre. Le Rassemblemnt congolais pour la démocratie a signé l’accord le 31 août. Par la résolution 1273, le Conseil de sécurité a créé la Mission des Nations Unies au Congo (MONUC).

La dernière période et la fin de la guerre

En août 1999, des soldats des armées ougandaise et rwandaise s’affrontent à Kisangani. En octobre 2000, une bataille a lieu pour la ville de Pweto, frontalière avec la Zambie, sur les rives du lac Mweru.

Le 16 janvier 2001, lors d’une réunion du conseil militaire, dans des circonstances pas tout à fait claires (selon la version officielle – lors d’une tentative de coup d’État), le président de la République démocratique du Congo, Laurent-Désiré Kabila, a été tué (après avoir été blessé, il a été transporté par avion au Zimbabwe, où sa mort a été annoncée deux jours plus tard). Son fils Joseph Kabila, 29 ans, lui a succédé.

Le 16 mars 2002, après de violents combats, les rebelles s’emparent de la ville de Moliro, sur la côte du lac Tanganyika.

Le 14 mai 2002, après une tentative de soulèvement infructueuse à Kisangani, lorsque les rebelles se sont emparés d’une station de radio locale et ont appelé à la fin de la domination rwandaise, le massacre de Kisangani a eu lieu – les représailles de plusieurs soldats rebelles de la RDC et de deux cents participants présumés à la manifestation.

Le 20 juillet 2002, un accord de paix est signé à Pretoria entre le président Joseph Kabila et le président tutsi rwandais Paul Kagame sur le retrait du contingent de 20 000 hommes de l’armée rwandaise, la reconnaissance officielle des organisations tutsi au Congo et le désarmement. des forces armées hutues. Le général de division Jean-Pierre Ondekan est devenu ministre de la Défense du nouveau gouvernement provisoire de la RDC.

Le 30 juin 2003, à Kinshasa, les rebelles et Kabila ont signé un accord de paix final, partageant le pouvoir.

Conséquences

Pendant la Deuxième guerre du Congo, selon diverses estimations, de 4 à 5,4 millions de personnes sont mortes. Des groupes paramilitaires rebelles se sont livrés à l’expropriation du bétail de la population locale. Ils prélevaient une taxe de 1 $ par foyer. Un demi-million de femmes ont été agressées sexuellement. Cela comprenait des cas de viol d’enfants de cinq ans. Des démembrements massifs de personnes ont été pratiqués.

De 2004 à 2009, le conflit violent entre le gouvernement de la RDC et les « rebelles » tutsis s’est poursuivi dans le Kivu. En 2012-2013, une nouvelle guerre fait rage au Congo, cette fois entre les troupes gouvernementales du président Kabila, soutenues par les casques bleus de l’ONU, et les rebelles du Mouvement du 23 Mars, soutenus par le Rwanda et l’Ouganda.

En 2017, plus de deux millions de personnes ont fui leur foyer.

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