Un panel d’experts a renouvelé hier son avertissement aux Nations Unies que l’exploitation illégale de minerais précieux en République démocratique du Congo (RDC) continue d’alimenter le conflit dans le pays.
Le Conseil de sécurité devait discuter hier soir d’un quatrième et peut-être dernier rapport du groupe d’experts qui a enquêté sur le rôle joué par des dizaines d’entreprises étrangères et africaines en aidant, volontairement ou non, à perpétuer la guerre qui a déjà coûté au la vie de plus de 2,5 millions de personnes. « L’exploitation illégale reste l’une des principales sources de financement des groupes impliqués dans la perpétuation du conflit », a déclaré le panel. Il a exhorté la communauté internationale à bloquer le flux d’armes vers ces groupes et à continuer de faire pression sur les entreprises qui opèrent au Congo pour qu’elles se conforment aux directives internationales de bonne conduite.
« Le flux d’armes », indique le rapport, « l’exploitation et la poursuite du conflit sont inextricablement liées. Briser ce cycle sera essentiel pour mettre fin à la fois au conflit et à l’exploitation illégale des ressources naturelles ». Les minéraux impliqués comprennent les diamants, le cobalt et aussi le coltan moins connu, qui est utilisé dans la fabrication de produits électroniques, tels que les téléphones portables.
Au cours de son travail sur trois ans, le panel a nommé 157 entreprises et individus qui justifiaient une enquête sur leurs activités au Congo. Parmi ces parties, qui ont été identifiées pour la première fois dans un rapport précédent l’année dernière, 119 ont répondu aux questions posées par le panel, selon le rapport. Il ajoute cependant que 18 sociétés, dont certains opérateurs internationaux bien connus, ont soit rejeté toute suggestion selon laquelle leurs activités au Congo étaient discutables, soit ont refusé d’accepter qu’elles aient une quelconque responsabilité dans la poursuite des violences.
Les organisations de défense des droits humains font pression sur le Conseil de sécurité pour qu’il engage des poursuites judiciaires auprès des gouvernements occidentaux contre certaines des entreprises identifiées. L’appel a de nouveau été lancé par un groupe d’organisations, dont Oxfam et Human Rights Watch, qui ont publié une déclaration conjointe à New York.
Le Conseil « ne peut plus ignorer les preuves évidentes liant l’exploitation des ressources à la guerre au Congo », a déclaré le groupe. ‘‘Il doit insister pour que les États membres demandent des comptes aux entreprises et aux individus impliqués, y compris les entreprises basées dans les pays occidentaux. Les entreprises doivent démontrer leur engagement à changer leur façon de fonctionner dans les situations de conflit ».
Les diplomates ont déclaré que le Conseil était peu susceptible de faire pression pour des poursuites, cependant. L’ONU, qui a déployé 10 000 casques bleus dans le pays, est soucieuse de ne pas déstabiliser le processus de paix en cours et les progrès du gouvernement de transition installé en début d’année.
Dans ses annexes, le rapport classe les entreprises en différentes catégories en fonction du degré de résolution de leurs cas respectifs, et neuf entreprises britanniques sont répertoriées comme ne nécessitant aucune enquête supplémentaire. Cependant, quatre entreprises basées au Royaume-Uni sont incluses dans une troisième catégorie de cas «non résolus» qui ont été «référés pour une mise à jour ou une enquête plus approfondie». Ces sociétés sont De Beers, le conglomérat géant du diamant, Das Air, Avient Air et Oryx National Resources. Les dossiers de ces sociétés ont été transmis au gouvernement britannique.
Un porte-parole de De Beers, dans une déclaration à la BBC, a défendu la conduite de l’entreprise. « De Beers est la seule entreprise qui figurait sur la liste – sur la liste originale en fait – qui avait demandé que des sanctions soient appliquées aux zones diamantifères en [RDC] qui alimentaient les rebelles là-bas et le conflit », a-t-il déclaré. La controverse entoure la décision de hauts responsables de l’ONU de garder une partie du rapport scellée.
La section traite des informations recueillies par le panel sur les hauts responsables du gouvernement et de l’armée au Congo et dans les pays voisins entraînés dans la guerre.