» (…) Je sais et sens dans le fond de mon être que tôt ou tard mon peuple se débarrassera de tous ses ennemis intérieurs, qu’il se lèvera comme un seul homme pour dire « Non ! » au colonialisme dégradant et humiliant, et pour instaurer sa dignité sous un soleil éclatant. (…) L’histoire prononcera un jour son jugement, mais ce ne sera pas l’histoire qu’on enseignera à Bruxelles, à paris, à Washington ou aux Nations Unie ; ce sera celle qu’on enseignera dans les pays affranchis du colonialisme et de ses fantoches. L’Afrique écrira sa propre histoire et elle sera, au Nord et au Sud du Sahara, une histoire de gloire et de dignité (…) » (Patrice Lumumba). Plus de soixante ans après cette prophétie, le peuple congolais est le peuple le plus misérable du monde. Ce peuple, au destin tragique, attends sans fin un nouveau prophète, une libération. Dans cette tribune, dans la même foi en notre peuple que celle de Patrice Lumumba, nous mandons celui-ci à trouver les moyens de sa libération en lui-même.
Quand l’enfant qui trébuche encore va commettre quelque sottise; il arrive que ses parents le menacent du loup-garou, être imaginaire aux contours flous et aux crocs pointus, dont la force mythique paralyse les bébés audacieux. Mais osons voir un peu derrière la porte du placard obscur ou au plus profond du grenier: point de monstre, de vieux objets seulement et quelques toiles d’araignée. Et pourtant, c’est cette tarasque qui a terrorisée nos premières années. De même, quand l’enfant qui trébuche encore va commettre quelque sottise, on lui promet, s’il est bien sage, que le Père Noël lui apportera des jouets. Au jour J, il n’aura qu’à mettre ses chaussures dans la cheminée. Mais, laissons-le devenir un homme : quand il voudra moquer les trop crédules, il dira: «Et voilà encore un qui croit au Père Noël».
Dans notre pays, les loup-garou et le Père Noël sont assis en roi tout puissant sur tout sursaut national. En effet, alors que les patriotes, les jeunes en particulier, s’ils sont unis par un front national en un réseau serré de comités de villes, villages, quartiers, rues et professions, ils peuvent attaquer et battre les étrangers, châtier les traitres parmi les congolais, mettre hors d’état de nuire les prédateurs et leurs soutiens et procéder à la grande révolution salvatrice pour notre peuple, ils sont terrassés à l’idée de retrouver derrière la porte du placard de l’attentisme un loup-garou de la toute puissance du système; et craignent la répression qui arrêtera tout soulèvement du peuple congolais. Pourtant, ils ne trouveraient qu’une petite poignée de prédateurs psychopathes, infiniment inférieur en nombre.
Eh quoi ! C’est ce fantôme qui se nourrie de notre peur qui nous brise. C’est ainsi que dans notre pays, il est encore des patriotes sincères qui croient au loup-garou. Ils voudraient bien faire le combat de la LUCHA, de FILIMBI, … mais en élevant le cap vers une action plus cohérente et décisive, mais les représailles et la supposée toute puissance du système les effraient. Ils voudraient bien manifester leurs volonté de résistance, mais ils pensent que tant que cette classe politique et l’occupation étrangère et les traitres de notre destinée seront là, toute manifestation restera sans lendemain. Ils sont victimes d’un mythe qui est justement inventer pour les paralyser.
De même, à l’image de l’attente du Père Noël, si les patriotes, unis par un front national, au lieu d’attendre la libération de notre peuple de la MONUSCO, de la même classe politique, …. se préparaient au combat, forgeaient eux-mêmes fiévreusement les outils de leur libération, et s’ils n’écoutaient que les voix de la révolution et se disposaient à vaincre par eux-même au jour par eux choisi, notre pays serait depuis longtemps sur une nouvelle voie. Mais hélas, nous n’avons pas encore grandi, nous attendons encore le Père Noël. Et retrouve donc encore RDC, où il n’y a qu’un étranger pour cent congolais, des patriotes sincères qui croient au Père Noël. Ils voudraient bien se battre, mais puisque la MONUSCO, les négociations et mille autres chicaneries les délivreraient tout doux, à quoi bon tant de peine? Ils voudraient bien se battre, mais puisque ces opiums les délivreraient aussi un jour et à une certaine heure, pourquoi ne pas attendre et ce jour, et cette heure? Ceux là aussi, sont pourtant victime d’un mythe.
C’est possible de briser nos chaines
Certes, les ennemis de notre pays, intérieurs et extérieurs, ont saignés la résistance et le combat pour un Congo Nouveau. Nous avons des prisonniers, des gens assassinés, et de nombreux patriotes sont torturés ou se sont exilés car menacés. Certes, nos ennemis, intérieurs et extérieurs, ne s’empêcheront jamais d’endiguer le flot montant de notre colère. Mais, doivent-ils alors empêcher, quelle que soit leur stratagème, aux patriotes véritables de se battre ? Non en effet, parce que leur puissance est un mythe, parce que toutes leurs forces, d’ailleurs insuffisantes, reposent sur notre silence et notre douceur maladive. Et penser ou croire que notre pays est incapable de se relever est vraiment un crime, plutôt mourir que de vivre avec cette défaite qui commence dans l’esprit et s’achève dans cette société médiocre et criminelle qui nous est alors imposée.
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Pour nous, que le front pour la deuxième indépendance soit un jour créé, cela ne fait pas de doute. C’est ce que nous faisons d’ailleurs déjà, et font, beaucoup d’autres patriotes que cette société congolaise et son système prédateur exaspèrent déjà. Que ce front achève le combat de Lumumba pour l’indépendance de notre pays et comme il le souhaitait lui-même, cela est non moins certain aussi. Mais ce, quand et comment? Cela dépend de nous, de nous seuls, de notre résolution et de notre action. Il ne nous reste qu’à montrer que nous avons grandi, que nous ne croyons ni au Père Noël, ni au loup-garou. Déclarons le solennellement : la libération de notre pays est inséparable du sursaut nationaliste et patriotique contre ce système qui nous phagocyte.
Si nous prenons conscience de leur vrai faiblesse et de notre vrai puissance, si nous nous organisons sans parti pris dans chaque quartier, dans chaque commune et territoire, dans chaque ville comme dans chaque province et au niveau national, si nous arrivons à réussir la grande convergence, sans fanatisme pour des hommes mais pour le Congo autour d’une nouvelle vision, si notre jeunesse s’unit pour organiser et porter le flambeau la révolution, aucune puissance ne pourra nous arrêter, et cette révolution aura lieu. Nous exigerons des réponses ici, là on aura le patron qui aide ses ouvriers en grève, là encore le curé qui transporte des tracts, le commissaire de la police avertira le peuple et ses leaders quand le système assassin nous attaquera ou perquisitionnera, l’enseignant à l’université éclairera les consciences, la mère au foyer enseignera l’audace et le courage, le père de famille organisera l’action, le petit reste des politiciens éclairés portera le combat politique, partout le Congo entretiendra la flamme de son génie: ce sera la deuxième indépendance.
Brisons nos chaines !