La RDC, dont l’économie reste très dépendante du secteur minier, soumis aux aléas des cours internationaux, est un État qui reste en situation de fragilité. Les perspectives de croissance pour cette année et 2022 sont toutefois plus favorables. Courant 2019, la baisse des cours des matières premières avait fortement fragilisé son cadre économique au point de nécessiter l’intervention d’urgence du FMI. La remontée rapide des cours internationaux courant 2020 a permis à l’économie de contenir une partie des effets de la crise sanitaire et d’afficher une légère croissance (+1,7%). Le FMI a, par ailleurs, approuvé en juillet 2021 un programme de trois ans avec la RDC appuyée par une facilité élargie de crédit (FEC), pour un montant d’1,5 Md$, alors que le pays n’avait pas connu de programme FMI avec financement depuis près de 10 ans.
1 – La RDC a connu une croissance positive en 2020 malgré l’impact de la COVID
L’économie de la RDC est très spécialisée, largement dépendante du secteur minier : 95% de ses exportations sont des matières premières (principalement cuivre et cobalt dont 40% destinées à la Chine). Cette forte exposition au secteur minier la rend très dépendante de l’évolution des cours mondiaux, mais également très peu redistributive : les trois-quarts de la population sont dans une situation d’extrême pauvreté (<1,9 $/j), une situation qui s’est détériorée en 2020.
Malgré l’impact de la COVID-19, l’activité économique aura connu néanmoins l’année derrière une légère croissance grâce à un secteur minier résistant. Les données du FMI suggèrent une croissance positive du PIB en 2020 de 1,7 % contre une estimation de -1,7 % à l’été, grâce à un rebond plus rapide qu’anticipé des cours des matières premières, portés par la demande chinoise.
Néanmoins, le poids de la pandémie a été particulièrement important dans le secteur des services, entraînant une contraction du PIB hors industries extractives, en perte de vitesse par rapport à 2019. Dans le contexte de crise sanitaire, les pertes d’emploi ont été importantes en début d’année. Environ 20 % des ménages résidant à Kinshasa auraient ainsi dû diminuer leur consommation. La situation des finances publiques s’est également détériorée et les dépenses liées à la réponse COVID ont conduit à des déficits importants financés par de l’émission monétaire de la Banque centrale (BCC). Cela a entrainé une hausse de l’inflation qui a atteint 41 % en cours d’année. L’intervention du FMI, qui a demandé et obtenu de ramener le budget en gestion de caisse et l’arrêt des avances de la BCC, a permis de limiter l’inflation à 16 % et la dépréciation du Franc congolais par rapport au dollar de 15 % sur l’année.
2 – Les perspectives de croissance sont favorables pour 2021 et au-delà
La croissance pourrait s’établir à 4,9 % en 2021 selon les prévisions du FMI et retrouver son niveau d’avant-crise à partir de 2022 autour de 6 % (5,6% en 2022). Cette nette reprise devrait continuer de reposer sur le secteur minier. La BCC anticipe également une reprise en 2021 sous l’hypothèse toutefois qu’il n’y ait pas de nouvelle vague COVID, et d’un bon déroulement de la campagne de vaccination. La mise en production des mines de cuivre de Kamoa depuis juillet 2021 et la bonne tenue des cours du cuivre et du cobalt (qui se situent à 50 000 USD fin août 2021, contre 32 000 USD à fin décembre) devraient permettre de confirmer ces prévisions. L’inflation serait limitée à 6%, les projections pour 2022 du FMI anticipant une stabilisation de la hausse des prix (6,3%).
Malgré des problèmes de trésorerie, la dette reste soutenable et se situerait à près de 10,2 Mds USD (soit 21% du PIB) dont 6,6 Mds USD de dette externe (soit 13,5 % du PIB). Cette dette, modérée par rapport aux pays de la sous-région, est majoritairement constituée d’emprunts extérieurs. Selon sa dernière analyse de soutenabilité, le FMI considère que le risque d’endettement reste modéré. Même si le niveau de la dette est relativement faible en pourcentage du PIB, l’insuffisance des recettes fiscales comme des capacités limitées de réponses à des chocs exogènes limitent la possibilité pour l’instant d’un recours aux prêts. Le pays est éligible à l’initiative de suspension du service de la dette (ISSD) du G20 et du Club de Paris. Il en bénéficie notamment auprès de la France qui est un de ses créanciers officiels.
3 – Le soutien du FMI et une nouvelle dynamique politique plus propice aux réformes confortent ces perspectives
En avril 2019, le Président Tshisekedi a renoué le dialogue avec le FMI. Une revue article IV, la première depuis 2014, s’est déroulée dans de bonnes conditions en juin 2019. La conduite d’un programme de référence (Staff Monitored Program) mis en place début 2020 a marqué la normalisation des relations avec le FMI, après près de 10 ans d’absence.
Le FMI a approuvé en juillet 2021 un accord au titre de la facilité élargie de crédit de 1,52 Md USD étalés sur trois ans. L’approbation de l’accord au titre de la FEC a permis le décaissement immédiat d’environ 217 M$, ce qui a mécaniquement relevé le niveau de réserves en devises du pays.
L’arrangement au titre de la FEC se concentrera sur trois domaines clés : (i) l’intensification de la mobilisation des recettes intérieures afin d’accroître la marge de manœuvre budgétaire pour les infrastructures et les dépenses sociales; (ii) le renforcement de la gouvernance, notamment la gestion des ressources naturelles et la transparence; et (iii) le renforcement du cadre de la politique monétaire et de l’indépendance de la banque centrale. La RDC bénéficiera par ailleurs de 1,5 Md USD de DTS sur les 33 milliards USD de DTS prévus pour les pays de l’Afrique pour répondre à la crise.
Source : La situation économique de la RD Congo en 2021 – Perspectives 2022, Ministère de l’économie, des finances et de la relance, France, Publié le