Le M23 reporte de 24h le début du retrait de ses troupes de Goma

Le porte-parole militaire du M23, Vianney Kazarama, a affirmé ce mercredi 28 novembre que le retrait des troupes de sa rébellion de Goma sera effectif à partir du jeudi. Actuellement, le mouvement regrouperait ses hommes déployés à Masisi à Saké, 27 km à l’ouest de Goma. Mais le matériel militaire et les équipements médicaux ont déjà été acheminés depuis le mardi dans les anciennes bases du mouvement à Rutshuru.


Le retrait du mouvement M23 de Goma va finalement débuter vendredi 30 novembre. Le porte-parole de ce mouvement,  colonel Vianney Kazarama, qui avait annoncé ce retrait pour ce jeudi 29 novembre, a déclaré au cours d’un meeting que ce report est lié à des «raisons organisationnelles». Ce retrait répond à une exigence des chefs des Grands lacs qui avaient recommandé à ces mutins de quitter la capitale provinciale du Nord-Kivu lundi 26 novembre à minuit. Mais la rébellion avait estimé que ce délai était trop court. Vianney Kazarama a indiqué ce jeudi que ce retrait sera progressif. A l’en croire, les troupes en provenance de la localité de Ngungu vont être rassemblés à Sake, à 27 Km à l’Ouest de Goma.

Il a déclaré que les troupes du M23 vont se trouver dès demain à Mugunga, à une dizaine de kilomètres au Nord de Goma, avant d’arriver le dimanche 2 décembre à Munigi d’où ils prendront la direction de Kibumba, leur futur quartier général. Pour le porte-parole militaire du M23, les troupes ne passeront pas par la ville de Goma pour se replier. Des sources sur place à Goma rapportent que les rebelles sont encore visibles dans la ville. Certains roulent à bord des 4×4, d’autres sur des motos. D’autres rebelles sont regroupés autour des bâtiments publics notamment la Banque centrale et le bureau des renseignements militaires.

Retrait conditionné ?

Lors d’une conférence de presse organisée à Goma à la mi-journée, le chef politique du M23, Jean-Marie Runiga, avait quant à lui affirmé que le mouvement ne se retirerait de la ville qu’une fois remplies certaines conditions. Les rebelles exigeaient l’ouverture de négociations nationales avec le président congolais, Joseph Kabila, la libération de prisonniers politiques et la dissolution de la commission électorale. Si le chef de l’État accédait à ces demandes, le départ se serait effectué « rapidement », avait assené Jean-Marie Runiga.

Mercredi 28 novembre, le secrétaire d’état américain, Hillary Clinton, avait vivement conseillé au mouvement M23 de cesser les attaques et de se retirer de Goma. «Il n’y a qu’un seul chemin pour les rebelles du M23 qui doivent remplir leur engagement et revenir à leur position de juillet dernier», avait ordonné le secrétaire d’État américain. Hillary Clinton a également demandé aux chefs d’État et de gouvernement de la région d’arrêter tout soutien militaire au M23 qui, selon elle, constitue une violation de l’embargo des Nations unies sur les armes contre les groupes armés en RDC. Hier dans la matinée, le secrétaire d’Etat-adjoint américain aux Affaires africaines, Johnnie Carson, avait mis en garde les rebelles de ne pas continuer à défier les chefs d’État de la région des Grands lacs.

Né d’une mutinerie d’anciens « rebelles » du CNDP de Laurent Ndunda, lui-même fait des transfuges du RCD-Goma, une des branches politico-militaires de l’agression Rwando-Ougandaise du Congo en 1998, le M23 avait lancé ses opérations en 2012. Les hommes du M23, essentiellement tutsi, avaient été intégrés aux Forces armées congolaises (FARDC) à l’issue d’un accord de paix avec les autorités de Kinshasa. Estimant que les modalités de l’accord n’étaient pas respectées, ils ont fait défection au printemps. Selon Kinshasa et l’ONU, les mutins sont soutenus par le Rwanda et l’Ouganda.

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