Jean Schramme (25 mars 1929, Bruges, Belgique – 14 décembre 1988, Rondonopolis, Brésil) est un chef de mercenaires belges au Congo ex-belge. Jean Schramme s’installe à l’âge de dix-huit ans au Congo, où il dirige une plantation. Il traite bien ses employés, qui forment une milice à ses ordres. Il ne quitte pas le Congo lors de l’indépendance du pays, en 1960.
Le mercenaire de la Belgique, l’allié trouble-fête
Mercenaire, Jean Schramme s’implique dans les guerres civiles du Congo, avec l’aide des miliciens. La sécession, combattue aussi par les « casques bleus » de l’O.N.U., échoua après deux ans, et avec d’autres « affreux » Schramme chercha refuge en Angola. Il rentra à Léopoldville en 1964 à l’appel de Moïse Tshombe, devenu entre temps premier ministre. En ce temps-là, avec d’autres mercenaires, Schramme organisa pour le compte de l’armée nationale congolaise du général Mobutu, alors principal soutien de Tshombe, la lutte contre les rebelles lumumbistes de l’est du Congo. Les engagements furent très durs et la légende de Schramme s’affirma à l’occasion de l’affaire de Stanleyville, en 1965, quand les parachutistes belges intervinrent pour dégager les otages européens, avec la participation de l’aviation américaine. Mobutu lui décerna lui-même l’ordre de la Bravoure.
En 1967, il participe au coup d’État de Moïse Tshombé contre Mobutu, en collaboration avec les mercenaires de Bob Denard. Le putsch est un désastre, les populations de Kinshasa restant fidèles au président. Schramme, qui a rang de colonel dans l’armée katangaise, fait retraite vers l’Est, à Stanleyville (aujourd’hui Kisangani), puis vers Bukavu, à la frontière rwandaise, qu’il occupe le 10 août. Là, son armée composée de cent vingt-trois mercenaires et de six cents gendarmes katangais affronte du 29 octobre au les troupes de l’Armée nationale congolaise, vingt fois supérieure en nombre, commandée par le général Léopold Massiala. Pliant sous le nombre, manquant de munitions, lachée par Bob Denard, épaulée par des soldats katangais complètement épuisés, l’armée de Schramme se replie au Rwanda, où elle est démobilisée.
En 1967, Schramme et Bob Denard attaquent l’Est du Congo
30 juin 1967 : le monde entier apprend avec stupéfaction l’enlèvement spectaculaire de l’ancien sécessionniste Moïse Kapend-Tshombe. Pris de panique au Congo, ses amis mercenaires, Schramme et Bob Denard en désarroi, associés aux ex-gendarmes katangais, réagissent vite pour le sauver. Il faudra renverser le nouveau pouvoir du général Mobutu, quitte à improviser. Une semaine après ce rapt mémorable, va éclater, à Kisangani, la révolte des mercenaires.
Très rapidement, ils attaquent simultanément Kisangani, Kindu et Bukavu qu’ils vont occuper durant près de quatre mois. Lorsque les mercenaires blancs du Congo se sont révoltés le mois dernier, il semblait à peine possible que leur rébellion puisse se terminer par autre chose qu’une défaite. Les «meres», après tout, ne comptent que 160 hommes, appuyés par environ 1 500 soldats dissidents katangais, tandis que l’armée nationale congolaise du président Joseph Mobutu en compte 30 000. De plus, le commandant rebelle, le major Jean Schramme, n’est pas un militaire; c’est un planteur belge qui a vécu au Congo pendant 23 de ses 36 ans.
Sortant de leur bastion dans le pays des plantations près de Punia, Schramme et ses hommes commencent une marche sur la ville frontalière de Bukavu, autrefois un lieu de villégiature pour les riches coloniaux belges. Ils rencontrent peu de résistance. Avertis par le télégraphe de la jungle que les mercenaires approchaient, les défenseurs de Bukavu ont jet leurs armes, réquisitionné des vêtements civils et se sont enfuis de l’autre côté de la rivière Ruzizi vers le Rwanda.
Schramme encaisse rapidement sa conquête
Après avoir établi son quartier général au Royal Residence Hotel de Bukavu, il a mis en place un «gouvernement de sécurité publique» dirigé par un capitaine katangais et a veillé à ce que 300 réfugiés civils blancs des combats soient escortés en toute sécurité à travers la frontière vers le Rwanda. Puis il a lancé un ultimatum donnant à Mobutu dix jours pour négocier la paix. Parmi les termes de Schramme : que Mobutu restitue un gouvernement démocratique au Congo, annule la condamnation pour trahison de l’ex-président Tshombe (qui est maintenant dans une prison algérienne en attente d’extradition) et fasse de Tshombe un membre du Cabinet.
A Kinshasa, Mobutu a immédiatement rejeté l’ultimatum et a déclaré qu’il « ne s’abaisserait jamais à négocier avec des assassins ». S’il ne change pas d’avis, prévena Schramme, »je prendrai des mesures d’une plus grande envergure. Nous sommes en position de force. Nous avons montré que l’Armée nationale congolaise est incapable de nous vaincre. Qui sait, je pourrais même aller jusqu’à lancer une offensive contre Kinshasa ». Une telle démarche semblait toutefois peu probable, ne serait-ce que pour une autre raison que le fait que la capitale congolaise se trouve à 1 000 milles de Bukavu, à moins que Schramme n’obtienne ce qu’il voulait ou tente de marcher vers le sud jusqu’au Katanga, où les grandes mines de cuivre fournissent la plupart des richesses du Congo et où les tribus vénéraient toujours l’homme qui avait dirigé la première révolte armée du Congo, Moise Tshombe du Katanga. Mais il abdiquera.
Retour au bercail
Schramme et certains de ses compagnons retournent en Belgique le . En 1986, il est condamné par contumace à vingt ans de prison pour l’exécution d’un homme d’affaires, Maurice Quintin. Ses 3 filles mirent presque vingt ans à le faire comparaître pour l’assassinat de leur père. C’est un des compagnons mercenaire de Jean Schramme qui l’a dénoncé à la justice belge à l’époque (1968). Le colonel Puren, ancien soldat au service des renseignements sud-africains, rectifiera le portrait que Jean Schramme faisait de Maurice Quintin, le traitant d’espion et de traître pour justifier son meurtre. De toute évidence, deux façons de voir et d’agir s’opposaient au sein du gouvernement belge de l’époque: les personnes plutôt pro-Mobutu et celles plus en faveur de Tshombé. C’est ainsi que les filles de Maurice Quintin apprirent grâce au procès que leur père était en fait agent au service du gouvernement belge (pro-Tshombé).
Peu après son arrestation, Schramme, malgré ses aveux, aura la possibilité d’échapper à la justice et de s’enfuir au Brésil, d’où il ne sera jamais extradé. Lors de son procès, 19 ans après, il était évident que le sujet était encore « politiquement sensible ». Schramme meurt en 1988.