Cyrille Adoula, né le 13 septembre 1921 à Léopoldville (Kinshasa), mort le 24 mai 1978 à Lausanne, était un homme politique congolais. Il a été Premier ministre de la République du Congo-Léopoldville (future République démocratique du Congo), du 2 août 1961 au 30 juin 1964.
Né à Léopoldville, Cyrille Adoula, fils d’un docker de la tribu des Bangala, est le premier Congolais à être employé à la Banque centrale du Congo belge. Très vite, il se lance dans le combat syndical et politique. Il entre en 1956 à la F.G.T.B. (Fédération générale du travail de Belgique) du Congo qui, sous son impulsion, deviendra en 1959 la F.G.T.K. (Fédération générale du travail du Congo) ; il en sera le secrétaire général. En août 1958, il est l’un des signataires du mémorandum des Seize (première manifestation des nationalistes congolais) qui demande aux autorités belges un régime local d’autonomie ; la même année, il participe à la fondation du Mouvement national congolais (M.N.C.) avec Joseph Iléo et Patrice Lumumba. Lors de la scission du M.N.C. en juillet 1959, il prend parti contre Lumumba en faveur de Kalondji (de la province du Sud-Kasaï) qui représente l’aile modérée du parti et qui, plus tard, forme une coalition avec l’Abako (Association des Bakongo) conduite par Joseph Kasavubu.
Études et premiers pas
Cyrille Adoula, né Cyrille Andulu, fait ses études au collège Saint-Joseph de Kinshasa, où il a obtenu son diplôme après cinq ans d’études en 1941. Cette année-là, il a commencé à travailler comme commis pour diverses entreprises commerciales. Il a fait cela jusqu’en 1952 quand il a accepté un poste de direction à la Banque centrale du Congo belge, devenant le premier Africain à y occuper un poste important. En 1948, il devient membre du Conseil pour le travail et la prévoyance sociale Indigène. En 1954, Adoula rejoint la Parti socialiste belge puis est devenu le représentant d’Action Socialiste à Léopoldville. Il s’est également inscrit au Fédération Générale du Travail de Belgique.
Entrée dans la politique nationale
En octobre 1958 un groupe de Léopoldville évolués y compris Adoula, Patrice Lumumba et Joseph Iléo établi le Mouvement National Congolais (MNC). Composé de divers membres, le parti a cherché à obtenir pacifiquement l’indépendance du Congo, à promouvoir l’éducation politique de la population et à éliminer le régionalisme. Adoula est devenue vice-présidente du parti. Alors que Lumumba est devenu de plus en plus strident et nationaliste, Adoula est resté relativement modéré. En 1959, lui et Albert Kalonji ont tenté en vain d’évincer Lumumba du parti et de former une autre faction, MNC-Kalonji. Avec l’indépendance de la République du Congo l’été suivant, Adoula devint sénateur, représentant la ville de Coquilhatville. Bien qu’élu par l’assemblée provinciale de l’Équateur avec le soutien du Parti de l’Unité nationale, il s’est identifié comme indépendant.
Élu sénateur de Coquilhatville, Adoula est nommé ministre de l’Intérieur dans le gouvernement formé par Joseph Iléo en février 1960 à la suite de la rupture entre Lumumba et Kasavubu. À nouveau ministre de l’Intérieur dans le second gouvernement Iléo formé en septembre 1960 à la fin du régime militaire du colonel Mobutu, Adoula présente et fait adopter, à la conférence des dirigeants congolais à Coquilhatville, un plan de création d’une république fédérale du Congo.
En tant que Premier ministre
Après l’assassinat de Lumumba, Kasavubu le nomme Premier ministre en août 1961, poste où il restera jusqu’en juillet 1964. Lors de son discours inaugural après son investiture, Adoula a déclaré que son gouvernement « prendrait des mesures adéquates permettant à chaque région de s’administrer selon ses propres aspirations profondes ». Les efforts législatifs pour atteindre cet objectif ont immédiatement commencé mais se sont heurtés à une forte opposition du bloc lumumbiste, qui estimait que le problème du Katanga devait être résolu avant toute discussion concernant la division des provinces. Pourtant, au début, Adoula avait réussi à équilibrer son cabinet avec de nombreux anciens partisans de Lumumba. Antoine Gizenga était en effet devenu vice-premier ministre.
Le président John F. Kennedy accueille le Premier ministre de la République du Congo (Léopoldville), Cyrille Adoula, après son arrivée à la Maison Blanche pour un déjeuner en son honneur. Portique nord, Maison Blanche, Washington, D.C.
Au fur et à mesure que son mandat progressait, Adoula se heurta à une opposition croissante de la part des éléments nationalistes de la faction MNC-Lumumba et Gizenga de la Parti Solidaire Africain. Il n’a jamais non plus recueilli beaucoup de soutien populaire à travers le pays. Alors que 1961 touchait à sa fin, plusieurs sympathisants de Lumumba se sont retirés du gouvernement d’Adoula et Gizenga s’est retiré à Stanleyville. Gizenga, à l’est, représentait le premier défi majeur pour l’autorité d’Adoula. En janvier 1962, Adoula réussit à arrêter Gizenga. Il a par la suite retiré les partisans restants de Lumumba de son gouvernement, excluant ainsi la plus grande force politique du pays du pouvoir.
Adoula tenta de négocier avec Moïse Tshombé, président de la province sécessionniste du Katanga, mais ne parvint pas à atteindre un accord. Après avoir fait appel à l’ONU pour imposer le plan mettant fin à la sécession, Adoula réussit à faire que Tshombé se rende le 15 janvier 1963. En 1963, Adoula dépose son cabinet de ministre, ayant des vues des plus extrêmes, afin de créer un gouvernement plus équilibré. Quelques mois plus tard, il soumet une nouvelle constitution fédératrice au parlement. Mais plusieurs rébellions continuent à frapper le pays. Adoula démissionne en 1964 et est remplacé par Tshombé. Cyrille Adoula a été ambassadeur aux États-Unis et en Belgique. Il a aussi été ministre des Affaires étrangères de 1969 à 1970.
Adoula et l’ère Mobutu
Dans un message du Nouvel An au début de 1965, le Premier ministre Tshombe, le remplaçant d’Adoula, a rejeté la conciliation avec les rebelles et a appelé à leur défaite totale. Adoula a exprimé sa dissidence et a présenté son propre «plan africain» pour le Congo dans l’hebdomadaire Jeune Afrique. Il a insisté sur le fait que toute solution à long terme pour la paix et la stabilité nécessitait la contribution des chefs rebelles, soulignant que puisque leur défaite nécessiterait l’utilisation de mercenaires européens, agir pour les supprimer ne ferait qu’accroître la dépendance du Congo vis-à-vis des forces extérieures. Il a également accusé Tshombe de s’opposer à l’opposition et a appelé à la création d’un gouvernement de transition pour superviser un règlement sans lui. Tshombe a répondu en rejetant la responsabilité du conflit sur Adoula, l’accusant d’affaiblir le gouvernement central et Balkanisation le pays en divisant les six provinces d’origine en 22 nouvelles.
Adoula est retourné au Congo après la prise du pouvoir par Mobutu en novembre 1965. Il était accommodant du nouveau régime de Mobutu et a servi comme ambassadeur congolais aux États-Unis et en Belgique. En 1969, il est devenu ministre des Affaires étrangères. Il est tombé malade en mai 1970. Mobutu a pris en charge le portefeuille et Adoula s’est retirée de la politique.
En 1978, il a subi une crise cardiaque et est allé à Lausanne, la Suisse pour traitement. Il succomba à une maladie et y mourut le 24 mai 1978.