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Désobéissance Civile – Qu’est-ce que c’est?

La désobéissance civile, également appelée résistance passive, est le refus d’obéir aux exigences ou aux ordres d’un gouvernement ou d’une puissance occupante, sans recourir à la violence ou à des mesures actives d’opposition. Son objectif habituel est d’obliger le gouvernement ou la puissance occupante à faire des concessions. La désobéissance civile a été une tactique et une philosophie majeures des mouvements nationalistes en Afrique et en Inde, du mouvement américain des droits civiques et des mouvements travaillistes, anti-guerre et autres dans de nombreux pays.


De l’avis le plus largement accepté, la désobéissance civile est une violation publique, non violente et consciencieuse de la loi entreprise dans le but d’amener un changement dans les lois ou les politiques gouvernementales (Rawls 1999, 320). Pour cette raison, les personnes qui se livrent à la désobéissance civile opèrent à la limite de la fidélité à la loi, ont un respect général pour leur régime et sont prêtes à accepter les conséquences juridiques de leurs actes, comme preuve de leur fidélité à l’état de droit. La désobéissance civile, étant donné sa place à la frontière de la fidélité à la loi, se situerait selon cette conception entre la protestation légale, d’une part, et le refus de conscience, la désobéissance incivile, la protestation militante, la résistance organisée par la force et l’action révolutionnaire, d’autre part.

Caractéristiques de la désobéissance civile

Le terme ”désobéissance civile” fut créé par l’Américain Henry David Thoreau dans son essai La Désobéissance civile, publié en 1849, à la suite de son refus de payer une taxe destinée à financer la guerre contre le Mexique. Si la désobéissance civile est une forme de révolte ou de résistance, elle se distingue pourtant de la révolte au sens classique. La révolte classique tend à opposer la violence à la violence. La désobéissance civile, plus subtile, refuse d’être complice d’un pouvoir jugé illégitime et de nourrir ce pouvoir par sa propre coopération. Le principe même du pouvoir politique pourrait rendre possible l’efficacité de cette action.

Les racines philosophiques de la désobéissance civile sont profondément ancrées dans la pensée occidentale : Cicéron, Thomas d’Aquin, John Locke, Thomas Jefferson et Henry David Thoreau ont tous cherché à justifier une conduite en vertu de son harmonie avec une loi morale surhumaine antérieure. L’idée de la résistance à une loi injuste a existé bien avant le XIXe siècle. On peut la faire remonter à la jus resistendi (« droit de résistance ») du droit romain1 et, dès les XVIe et XVIIe siècles, à l’œuvre de philosophes comme Francisco Suárez ou Étienne de La Boétie. Ce dernier montre dans le Discours de la servitude volontaire que le pouvoir d’un État repose entièrement sur la coopération de la population. Ainsi, dès l’instant où la population refuse d’obéir, l’État n’a plus de pouvoir. Un peuple peut donc résister sans violence par la désobéissance et provoquer l’effondrement d’un État illégitime, car, disait-il, le pouvoir le plus féroce tire toute sa puissance de son peuple. Encore faut-il une prise de conscience générale et le courage des premiers militants pour que ce principe puisse être efficace.

Le concept moderne de désobéissance civile a été le plus clairement formulé par le Mahatma Gandhi. S’inspirant de la pensée orientale et occidentale, Gandhi a développé la philosophie du satyagraha, qui met l’accent sur la résistance non violente au mal. D’abord au Transvaal d’Afrique du Sud en 1906 et plus tard en Inde, via des actions telles que la marche du sel (1930), Gandhi a cherché à obtenir l’égalité des droits et la liberté à travers des campagnes de satyagraha. C’est principalement Gandhi en Inde, Martin Luther King aux États-Unis, Mandela en Afrique du Sud, les Grands-Mères de la Place de Mai en Argentine et la contestation du pouvoir soviétique dans les années 1980 qui en ont montré l’efficacité.

Le principe est utilisé aujourd’hui au sein des démocraties pour lutter contre certaines lois lorsque les militants estiment que la légalité, qui dépend de la majorité et / ou d’une certaine inertie, ne parviendra pas à modifier ces lois. La désobéissance est illégale par définition, mais est en principe non violente. Cependant, certaines actions en France ont revendiqué la dégradation de biens privés (par exemple les faucheurs volontaires). Certains ne voient dans ces actions que la dégradation de biens ou la résistance d’individus ou de groupes isolés, mais d’autres y voient un acte salutaire d’action directe de désobéissance civile visant à faire modifier la politique des autorités.

Références

  1. Britannica, T. Editors of Encyclopaedia. “Civil disobedience.” Encyclopedia Britannica, Invalid Date.
  2. Wikipédia. ”Désobéissance Civile”. Encyclopédie, Encyclopédie Libre. Invalid Date.
  3. Delmas, Candice and Kimberley Brownlee, “Civil Disobedience”, The Stanford Encyclopedia of Philosophy (Summer 2021 Edition), Edward N. Zalta (ed.).

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