Le Docteur Denis Mukwege , prix Nobel de la Paix 2018, plaide pour l’adoption d’une Stratégie Nationale Holistique de Justice Transitionnelle en République Démocratique du Congo. Dans ce plaidoyer publié ce vendredi 1er octobre 2021, à l’occasion du 11eme anniversaire du Rapport Mapping, Dr. Mukwege souligne que l’ampleur et la gravité des crimes les plus graves commis en RDC depuis presque 3 décennies a profondément traumatisé l’ensemble de notre société qui est en perte de repères et de valeurs. Le Fondateur et médecin directeur de l’Hôpital de Panzi se pose les questions suivantes: «Comment construire la paix sur des fosses communes? Comment construire la paix sans vérité ni réconciliation? Comment construire la paix sans justice ni réparation?».
Écouter un extrait sonore – (Voix : Dr. Denis Mukwege, fondateur de l’hôpital de Panzi et lauréat du prix Nobel de la Paix, Durée audio: 4’12 » — Crédit: CDH) ou Lire l’intégralité du plaidoyer ici.
En République démocratique du Congo (RDC), le nombre de victimes d’exécutions sommaires et extrajudiciaires a augmenté. Plus de 90% des violations ont été documentées dans les provinces où les groupes armés sont actifs, en particulier au Nord-Kivu et en Ituri. C’est ce qui est ressorti lors du dialogue interactif sur la RDC organisé par le Conseil des droits de l’homme mardi. Selon, le Dr Denis Mukwege, fondateur de l’hôpital de Panzi, la culture de l’impunité, qui règne toujours, reste l’un des principaux obstacles à l’instauration de la paix en RDC et elle explique (en grande partie) la perpétuation des atrocités de masse jusqu’à ce jour dans ces provinces. Le lauréat du prix Nobel de la Paix a invité le système des Nations Unies à mettre en place «sans plus tarder» une stratégie nationale holistique de justice transitionnelle dans son pays.
L’impunité est l’une des causes profondes de l’instabilité en RDC
Pour le Prix Nobel de la Paix 2018, «la culture de l’impunité dont jouissent les auteurs présumés des crimes les plus graves censés choquer la conscience de notre humanité commune est l’une des causes profondes de l’instabilité et de la perpétuation de violations graves des droits humains et du droit humanitaire jusqu’à ce jour». Et d’ajouter : «Alors que les options politiques et sécuritaires ont échoué à stabiliser le pays et à protéger les civils et que la MONUSCO envisage un retrait graduel et progressif, il est plus que temps d’exploiter la plus-value des différents mécanismes de la justice transitionnelle pour empêcher que les atrocités passées et présentes ne se reproduisent, pour guérir notre société malade et avancer sur le chemin de la paix durable par la justice, aussi bien rétributive que restauratrice».
Il a aussi souligné que la Fondation Panzi poursuivra ses efforts de plaidoyer pour que les droits des victimes à la justice, à la vérité, à la réparation et à des garanties de non-récurrence soient enfin respectés, et a prié les Nations Unies de mettre la lutte contre l’impunité et la justice transitionnelle au cœur de sa stratégie de sortie de la RDC, en même tant qu’il exhortait le gouvernement congolais à adopter sans plus tarder une stratégie nationale holistique de justice transitionnelle conforme aux meilleurs standards internationaux.
Pour rappel, Dr Denis Mukwege est un Chirurgien Gynécologue congolais, fondateur et médecin directeur de Hôpital Panzi dans la province du Sud Kivu, à Bukavu. Il est également président de Panzi Foundation et lauréat du Prix Sakharov en 2014 et du Prix Nobel de la Paix en 2018.