Parc national de la Garamba

Situé dans la Province Orientale, le Parc National de la Garamba (PNG) fut créé par décret royal du 17 mars 1938. D’une superficie de 4 900 km², il est entouré par trois domaines de chasse pour former un bloc de 12 500 km². Sa limite nord se superpose à la frontière avec le Soudan où il est contigu à la Lantoto Game Reserve. Le PNG est riche et divers en termes de faune mammalienne qui est représentée par les primates (11 espèces), les pholidotes (deux espèces), les carnivores (15 espèces), les artiodactyles (20 espèces), l’Oryctérope…. Cependant cette faune a été sévèrement touchée par le braconnage exacerbé par l’instabilité politique de la zone. La population d’éléphants, par exemple, était évaluée à 20 000 individus avant la guerre, alors qu’elle ne compterait plus que 4 000 individus aujourd’hui. Outre les grands mammifères, le nombre de micromammifères (rongeurs, chauve – souris, insectivores,) est très élevé. Le total d’espèces de mammifères présents au PNG est évalué à 130 espèces. Les sous-espèces les plus remarquables de la Garamba sont la girafe du Congo (la dernière sous – espèce encore présente dans le pays ?) et l’Eléphant. Le Rhinocéros blanc du nord (Ceratotherium simum cottoni) est éteint aujourd’hui ; sa population était estimée à quatre individus en 2007. Le PNG est également doté d’une riche faune d’oiseaux (285 espèces).


Généralités

Créé le 17 mars 1938 par décret royal belge, pour la protection du Rhinocéros blanc du Nord, de la girafe congolaise et de l’éléphant d’Afrique ; le Parc national de la Garamba est placé sous administration de l’ICCN par le décret 69/72 ; est un Site du Patrimoine Mondial de l’UNESCO depuis 1980; et a été mis sur la liste en péril en 1984 puis en 1992. Il est situé dans la province du Haut-Uele de la République Démocratique du Congo, à proximité de la frontière avec le Soudan du Sud, dans les Territoires de Dungu, Faradje, Watsa et Aba. Les cordonnées géographiques sont : 3° 45’ – 4° 41’ N, 28° 48’ – 30° 00’ E, altitude : 710 – 1.061 m et a une Superficie : 4.920 km² ; formant un complexe de 10.000 km² avec ses 3 domaines de chasse (Azande, Mondo-Missa, Gangala na Bodio). Les Espèces animales phares sont les éléphants, la Girafe, le Bongo, le Chimpanzé et en Végétation la savane herbeuse, la savane boisée, la galerie forestière et le marécage.

Le Parc national de la Garamba revêt une importance particulière pour le réseau d’aires protégées de la RDC car sa position à la limite septentrionale des mosaïques savane-forêt lui attribue une biodiversité unique. La partie sud du parc est dominée par des savanes herbeuses arbustives. Le long des rivières Dungu et Garamba s’étendent des mosaïques de forêt-galerie, de forêts et de fourrés. Plus au nord, la végétation est essentiellement un mélange de terres boisées, de forêts sèches denses, de forêt-galerie et de petites zones marécageuses. De manière contrastée, les domaines de chasse en périphérie sont dominés par de denses savanes arbustives et un mélange de savanes boisées et de forêts.

Faune remarquable présente

L’espèce emblématique de la Garamba est le Rhinocéros blanc du nord dont la dernière population extrêmement menacée, était encore récemment confinée au parc national de la Garamba. Garamba est également célèbre pour ses importantes populations d’éléphants qui montrent des caractéristiques morphologiques communs entre l’espèce de forêt et celle de la savane. Parmi les espèces typiquement savanicoles, on compte une sous-espèce de girafe congolaise endémique à la Garamba, l’antilope Roanne et le bubale. Les espèces forestières évoluant dans les forêts-galeries incluent le chimpanzé, 8 petits primates (babouins, colombes et cercopithèques), 3 céphalophes, le bongo, le potamochère et l’hylochère.

Rhinocéros blanc du nord (Ceratotherium simum cottoni), éléphant (Loxodonta africana), girafe du nord (Giraffa camelopardalis congoensis), hippopotame (Hippopotamus amphibius), buffle (Syncerus caffer), bubale (Alcelaphus sp), cobe (Kobus kobe), antilope sing-sing (Kobus illipsiprymnus), chimpanzé (Pan troglodytes), babouin (Papio anubis), colobe (Colobus sp), cercopithèque (Cercopithecus aethiops), antilope rouanne (Hippotragus equinus), sitatunga (Tragelaphus spekeii), redunca (Redunca redunca), guib harnaché (Tragelaphus sylvicultor), phacochère (Phacochoerus porcus); lion (Panthera leo), léopard (Panthera pardus), bongo (Boocerus enryceros), potamochère (Potamochoerus porcus), hylochère (Hylochoerus meinertzhageni).

Éléphants dans le parc de la Garamba. © PHOTO MICHAEL LORENTZ, ARCHIVES AFP.

Les populations autochtones sont les Azande qui pratiquent une agriculture de subsistance et la chasse. Les densités de population humaines sont faibles (environ 4 habitants/km²) mais les dynamiques sociales et la sécurité de la région ont été sérieusement affectées par les conflits en RDC tout comme par ceux qu’ont connus les pays voisins tels le Soudan et l’Ouganda. Au début des années 1990, la guerre au Soudan a conduit à l’installation de près de 80.000 réfugiés dans des camps à l’est et à l’ouest du parc. Les milices soudanaises bien armées et organisées ont régulièrement visé le parc pour y braconner viande, ivoire et corne de rhinocéros. Depuis 2005, les rebelles ougandais de l’armée de Résistance du Seigneur (LRA) se réfugient régulièrement en RDC pour éviter l’armée ougandais. En janvier 2009, une attaque sur la station de Nagero a occasionnée la destruction des équipements vitaux (d’une valeur de 1,6m$ US) et la mort de dix personnes, parmi lesquelles du personnel de l’ICCN et des membres de leurs familles.

Les populations animales ont décliné de façon drastique au cours des dernières années. En 2006, les éléphants et les buffles étaient estimés à respectivement 3.800 et 8.000 individus, à comparer respectivement aux 11.000 et 25.000 de 1995 et aux 20.000 et 50.000 de la fin des années 1970. Il y a également de sérieux doutes quant aux chances de survie de la dernière population au monde de rhinocéros blanc du nord. En 2004, alors qu’il subsistait une dizaine d’individus, il avait été proposé de déplacer un groupe de 5 reproducteurs vers un site plus sécurisé. L’idée avait finalement été rejetée par le gouvernement devant l’opposition des communautés locales à ce projet. En 2006, seuls 4 individus étaient recensés et plus aucun n’a été vu depuis. Aucune observation n’a été fait depuis novembre 2007 et il est possible que la sous-espèce soit désormais éteinte.

En mars 2006, un recensement aérien couvrant 4.400km² de la partie sud de la Garamba et les domaines de chasse adjacent a été conduit par le groupe spécialiste du rhino africain de l’UICN pour le compte de la Fondation African Parks qui gère le parc national de al Garamba sous contrat avec l’ICCN depuis septembre 2005. Bien que le recensement n’ait couvert qu’un tiers de la Garamba, les résultats ont montré des signes encourageants de récupération des populations d’éléphants, de buffles et d’hippopotames. Il y avait également une amélioration importante du ratio entre carcasses veuilles et récentes, les observations montrant que les anciennes étaient bien plus nombreuses que les récentes, témoignant d’une réduction de la pression du braconnage.

Gestion et administration

Éléments requis en matière de protection et de gestion

Le Parc national de la Garamba a un statut de Parc national depuis 1938, et l’autorité de gestion en est l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN). Il est géré à travers les trois secteurs administratifs de Nagero, Gangala na Bodio et Beredwa à la limite nord, chacun ayant une infrastructure immobilière et routière. La mise en place d’un plan de gestion est une condition indispensable à la gestion du parc. Etant donné l’importance des domaines de chasse pour l’intégrité du bien, ceux-ci doivent bénéficier d’une gestion intégrée avec le parc.

Il est essentiel que l’intégration des communautés locales dans la gestion du parc et des domaines de chasse périphériques, à travers l’approche de la conservation communautaire, soit mise en place par le biais d’une gestion participative des ressources naturelles. La surveillance est assurée par les gardes au moyen de patrouilles dans les trois domaines de chasse ainsi que dans le parc, en liaison avec des survols réguliers de toutes ces zones. L’aspect touristique y avait été développé et la possibilité, unique en Afrique, d’un tourisme à dos d’éléphant y existait ; cette activité pourra être reprise lorsque la situation sécuritaire sera plus stable. Le partenariat avec les organismes internationaux et la recherche de fonds suffisants pour une conservation efficace du bien doivent aussi être renforcés, y compris idéalement par la création d’un Fonds fiduciaire.

Objectifs actuels de gestion

A l’heure actuelle, l’objectif global exprimé par les gestionnaires consiste à assurer la sauvegarde de la biodiversité à l’intérieur du Parc national de la Garamba et dans ses zones limitrophes, tout en promouvant l’utilisation durable des ressources. De façon spécifique, il s’agit de protéger la Girafe du Congo, et d’assurer la viabilité de la population d’éléphants restante. Cela devrait passer par la promotion de la recherche, du tourisme et d’une gestion raisonnée des domaines de chasse. Le Parc national de la Garamba est entouré par des domaines de chasse et il est contigu à une autre réserve du Soudan (Lankoto Game Reserve). Cette configuration est intéressante à la seule condition que toutes ces zones soient correctement gérées pour effectivement jouer le rôle de tampon pour le parc.

Malheureusement, le Parc national de la Garamba ne possède pas de plan de gestion, mais il serait en cours d’élaboration. Toutefois, il existe un plan d’affaires pour la période 2010-2014 et un plan d’opération annuel. Cependant, seules quelques activités du plan d’opération sont réellement menées à terme. En plus, il n’y a pas de mécanisme de suivi-évaluation et aucun indicateur de suivi n’a été défini.

Recherche

Plusieurs programmes intégrés d’inspection et de recherche, alignés sur les besoins de gestion de l’aire protégée, sont mis en œuvre. Un programme de recherche sur les poissons a débuté en 2010. En 2009, des études ont été menées sur les girafes, les chimpanzés et les mouvements des populations d’éléphants, grâce à la pose de cinq colliers. Il existait un programme de monitoring des rhinocéros depuis les années 1990 mais plus aucun individu n’a été vu depuis 2006. Cette espèce est probablement éteinte. Ces différents programmes ont permis d’obtenir de données fiables sur les effectifs des espèces effectivement présentes dans l’AP, conformément aux besoins des gestionnaires pour la planification des activités de gestion.

Moyens financiers

Le budget alloué au Parc national de la Garamba provient aussi bien de l’Etat que de certains bailleurs extérieurs. L’Etat à travers l’ICCN a octroyé en 2010 70.329 $ pour les besoins de fonctionnement du Parc national de la Garamba. FFI a contribué à hauteur de 20.000 $, la coopération italienne à hauteur de 363 000 $, et l’UE à hauteur de 1.775.704 $. Le budget annuel actuel est estimé à environ 2.229.000 $. Le budget disponible du Parc national de la Garamba est important mais il n’est pas sécurisé dans la mesure où, l’aire protégée ne pourrait pas fonctionner convenablement sans l’apport de fonds externes. Les fonds alloués aux activités de contrôle et de surveillance ne couvrent encore que partiellement les besoins réels. Il en est de même pour ceux alloués au suivi écologique et à l’entretien des infrastructures.

Inventaires des ressources

Un inventaire des espèces phares (éléphants, buffles, etc) et de leur habitat a été réalisé en 2006 et 2007 par l’ICCN. Il a montré qu’une partie de la biodiversité a été dégradée, mais que certaines valeurs essentielles demeurent. Il resterait en effet des espèces phares comme la Girafe du Congo, le Bongo, ainsi que des chimpanzés. Le Rhinocéros blanc, quant à lui, est probablement éteint. En mars-avril 2008, une étude des activités socioéconomiques des communautés riveraines du Parc national de la Garamba fut conduite afin de permettre aux gestionnaires de disposer d’une base de données pour la planification de leur action. A l’heure actuelle (2010), les gestionnaires estiment que l’information disponible sur les habitats sensibles, les espèces ou les valeurs culturelles du Parc national de la Garamba suffit aux activités de planification et de prise de décision.

Pour aller plus loin

  1. Parc national de la Garamba, UNESCO.
  2. Parcs et réserves de la République Démocratique du Congo – Evaluation de l’efficacité de la gestion des aires protégées, Union internationale pour la conservation de la nature 2010 (UICN).
  3. Parcs nationaux, ICCN.

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