Le pape Jean-Paul II s’est rencontré au Vatican le 18 mars avec le Dr Nafis Sadik, qui est secrétaire général de la Conférence internationale sur la population et le développement, pour exprimer les «graves préoccupations» du Saint-Siège concernant la Conférence du Caire. Le Vatican a pris la mesure inhabituelle de publier les remarques du Pontife. En voici les extraits suivent. Tous les accents sont dans l’original. Des sous-titres ont été ajoutés.
Source : Pope expresses grave concern over UN agenda, Executive Intelligence Review, Volume 21, Number 15, April 8, 1994 | Cette traduction a été faite par notre rédaction et n’a pas de caractère officiel.
Conformément à sa compétence et à sa mission spécifiques, le Saint-Siège craint qu’une attention appropriée soit accordée aux principes éthiques déterminant les actions prises en réponse aux analyses démographiques, sociologiques et des politiques publiques des données sur les tendances démographiques.
Conformément à sa compétence et à sa mission spécifiques, le Saint-Siège craint qu’une attention appropriée soit accordée aux principes éthiques déterminant les actions prises en réponse aux analyses démographiques, sociologiques et des politiques publiques des données sur les tendances démographiques. Par conséquent, le Saint-Siège cherche à concentrer l’attention sur certaines vérités fondamentales: que chaque personne (quel que soit l’âge, le sexe, la religion ou les antécédents nationaux) a une dignité et une valeur qui est non conditionnelle et inaliénable; cette vie humaine elle-même de la conception à la mort naturelle est sacrée; que les droits de l’homme sont innés et transcendent toute ordonnance constitutionnelle; et que l’unité fondamentale de la race humaine exige que tout le monde soit déterminé à construire une communauté sans injustice et qui s’efforce de promouvoir et de protéger le bien commun.
Ces vérités sur la personne humaine sont les mesures de toute réponse aux résultats qui émergent de la prise en compte des données démographiques. C’est à la lumière des valeurs humaines authentiques (reconnues par des peuples de cultures diverses, [et] des milieux religieux et nationaux à travers le monde) que tous les choix politiques doivent être évalués. Aucun objectif ou politique n’apportera des résultats positifs pour les personnes si elle ne respecte pas la dignité unique et les besoins objectifs de ces mêmes personnes.
Une partie d’une stratégie de développement
Il existe un accord généralisé selon lequel une politique démographique ne fait qu’une partie d’une stratégie de développement globale. En conséquence, il est important que toute discussion sur les politiques démographiques garde à l’esprit le développement réel et projeté des nations et des régions … Le développement a été et reste le contexte approprié pour la prise en compte de la communauté internationale des problèmes de population. Dans de telles discussions, des questions se posent naturellement à la transmission et à l’éducation de la vie humaine. Mais formuler des problèmes de population en termes de «droits sexuels et reproductifs» individuels ou même en termes de «droits des femmes», c’est changer l’objectif qui devrait être la bonne préoccupation des gouvernements et des agences internationales. Je dis cela sans en quelque sorte souhaiter réduire l’importance de garantir la justice et les capitaux propres pour les femmes.
De plus, les questions impliquant la transmission de la vie et son développement ultérieur ne peuvent être traités adéquatement que par rapport au bien de la famille. … La famille est une institution fondée sur la nature même de la personne humaine, et c’est le cadre approprié pour la conception, la naissance et l’éducation des enfants …
Aujourd’hui, l’obligation de sauvegarder la famille exige que l’attention particulière soit accordée à l’obtention du mari et de la femme la liberté de décider de manière responsable, libre de toutes les coercitions sociales ou juridiques, le nombre d’enfants qu’ils auront et l’espacement de leurs naissances. Il ne devrait pas être l’intention des gouvernements ou d’autres agences de décider des couples mais plutôt de créer les conditions sociales qui leur permettront de prendre des décisions appropriées à la lumière de leurs responsabilités envers Dieu, à eux-mêmes, à la société dont ils font partie et de l’ordre moral objectif…. Toutes les propagandes et la désinformation visant à persuader les couples qu’ils doivent limiter leur famille à un ou deux enfants doivent être fermement évitées, et les couples qui choisissent généreusement d’avoir des familles grandes doivent être soutenus.
Stérilisation clairement inacceptable
Pour défendre la personne humaine, l’Église est opposée à l’imposition des limites de la taille de la famille et à la promotion des méthodes de limitation des naissances qui séparent les dimensions unitives et procréatives des rapports conjugaux, qui sont contraires à la loi morale inscrite sur la Cœur humain, ou qui constituent une assaut contre le caractère sacré de la vie.
Ainsi, la stérilisation, qui est davantage promue comme une méthode de planification familiale, en raison de sa finalité et de son potentiel de violation des droits de l’homme, en particulier des femmes, est clairement inacceptable; Il constitue une menace très grave pour la dignité et la liberté humaines lorsqu’elles sont promues dans le cadre d’une politique démographique. L’avortement, qui détruit la vie humaine existante, est un mal odieux, et ce n’est jamais une méthode acceptable de planification familiale, comme l’a reconnu par consensus à la Conférence internationale des Nations Unies sur la population.
Pour résumer, je tiens à souligner à nouveau ce que j’ai écrit dans l’encyclique Centesimus annus : “… face à la culture de la mort, la famille est le cœur de la culture de la vie. L’ingéniosité humaine semble être davantage dirigée vers la limitation, la suppression ou la destruction de la source de vie (y compris le recours à l’avortement, qui est malheureusement si répandu dans le monde) que de défendre et d’ouvrir la possibilité de la vie …”.
Principes éthiques de base contredite
À mesure que les préparatifs de la conférence du Caire se produisent, je souhaite vous assurer, Madame la secrétaire générale, que le Saint-Siège est pleinement conscient de la complexité des problèmes concernés. Cette complexité exige que nous évaluions soigneusement les conséquences pour les générations actuelles et futures des stratégies et recommandations à proposer. Dans ce contexte, le projet de document final de la conférence du Caire, qui est déjà en cours de circulation, est une cause de grave préoccupation pour moi. Beaucoup de principes que je viens de mentionner ne trouvent aucune place dans ses pages ou sont totalement marginalisés. En effet, certains principes éthiques de base sont contredits par ses propositions. Les considérations politiques ou idéologiques ne peuvent pas être, par elles-mêmes, la base sur laquelle les particuliers essentielles pour l’avenir de notre société sont fondées. Ce qui est en jeu ici est l’avenir même de l’humanité. Des questions fondamentales comme la transmission de la vie, la famille et le développement matériel et moral de la société ont besoin d’une très sérieuse considération.
Par exemple, le consensus international de la Conférence internationale sur la population tenue à Mexico en 1984 selon lequel “en aucun cas l’avortement ne devrait être promu comme méthode de planification familiale”, est complètement ignoré dans le projet de document. En effet, il y a une tendance à promouvoir un droit internationalement reconnu à l’accès à l’avortement à la demande, sans aucune restriction, sans égard aux droits de l’enfant à naître, d’une manière qui va au-delà de ce que même maintenant est malheureusement accepté par les lois de certaines Nations! La vision de la sexualité qui inspire le document est individualiste. Le mariage est ignoré, comme s’il s’agissait de quelque chose du passé. Une institution aussi naturelle, universelle et fondamentale que la famille ne peut pas être manipulée sans causer de graves dommages au tissu et à la stabilité de la société …