Le projet portant loi des finances rectificatives de l’exercice 2016 défendu par le Premier ministre Matata a été déclaré recevable, au terme d’une plénière fort houleuse hier mercredi 18 mai 2016 à l’Assemblée nationale. Ledit projet a été renvoyé illico presto pour toilettage à la commission économique et financière de la chambrée basse du parlement.
Bien avant le visa de la représentation nationale, le chef du gouvernement a répondu aux questions soulevées par les députés lors de la plénière du lundi 16 mai 2016. Dans son exposé, Matata Ponyo a fait part aux députés des efforts fournis par le gouvernement pour maîtriser l’inflation dans un contexte difficile de crise à l’échelle de l’économie mondiale, caractérisée par la baisse des cours des matières premières. Ces efforts, a poursuivi le Premier ministre, ont permis au pays de ne pas sombrer dans le recours à la planche à billets comme c’est le cas actuellement dans plusieurs pays africains et dans les années 90 en République Démocratique du Congo. Une manière pour le chef de l’exécutif national de démontrer la ferme détermination du gouvernement de maintenir le cap de la stabilité du cadre macroéconomique en cette période de récession.
Il a également fait savoir que des mesures ont été prises par le gouvernement pour diversifier l’économie congolaise en vue de réduire la dépendance du pays aux matières premières et au pétrole. Matata a réaffirmé que le gouvernement fait des élections la priorité de son action en allouant des crédits mensuellement conséquents à la Ceni (Commission Électorale Nationale Indépendante) pour leur organisation. Abordant le dossier Tenke Fungurume, le Premier ministre a déclaré que le gouvernement n’avait pas été associé à la décision relative à sa cession à une firme chinoise. Toutefois, il a assuré qu’une commission va être mise sur pied pour étudier le dossier et prendre des mesures qui s’imposent, conformément à la législation congolaise à la matière.
Matata a annoncé aux députés le financement en gestation au niveau de la BAD pour soutenir les efforts du gouvernement. Dans un autre registre, le Premier ministre, qui s’était senti lésé par l’intervention de Boris Mbuku, un député G7 qui avait dénoncé la surconsommation des crédits par la Primature, a contre-attaqué. On rappelle que ce député de l’ARC/G7 avait caricaturé l’homme à la cravate rouge comme un chef qui conjugue le verbe « manger» toujours à la première personne du singulier (« je mange ») et non à la troisième personne du pluriel (« nous mangeons »). Ulcéré, Matata a tiré à boulets rouges sur Bons Mbuku en répondant sèchement «Je ne mange pas, mais je travaille». C’était avant de révéler aux députés que leur collègue, à l’époque où il était vice – président de l’Assemblée nationale, était venu le voir pour négocier une créance fictive au ministère des finances, dans le gouvernement de Muzito.
Peu après l’intervention de Matata, Bons Mbuku a porté un démenti. Dans sa version des faits, ce député G7 a reconnu être parti voir le précité à l’époque où il gérait le portefeuille des finances mais ce n’était pas pour chercher «à manger». C’était pour faire débloquer des fonds en faveur de son client Massamba, dont la maison avait gagné le marché de confection des pagnes pour les manifestations du Cinquantenaire du pays. Tout en fustigeant la personnalisation du débat par le Premier ministre, Boris Mbuku a fait remarquer que son intervention ne visait pas l’individu Matata mais plutôt la mauvaise répartition des richesses nationales qui se traduit par des dépassements budgétaires au niveau des institutions comme la Primature, au détriment d’autres secteurs de la vie nationale.
Mbindule maintient sa motion censure
Bien avant l’intervention du Premier ministre, la plénière a démarré par une motion du député MLC Fidèle Babala. Ce dernier est revenu sur une communication de la Primature relayée par la presse. Dans ce communiqué, le Premier ministre Matata accuse sa famille politique MP et son parti politique PPRD d’être à la base des motions dirigées contre lui par les députés de l’opposition. D’après Fidèle Babala, ces propos constituent un outrage aux députés de l’opposition. Il a demandé, sans succès, au chef du gouvernement de présenter des excuses. Pour sa part, le député Mbindule a également démenti l’information selon laquelle le président de l’Assemblée nationale serait non seulement l’initiateur mais aussi le co-rédacteur de la conclusion de la question orale avec débat adressée au Premier ministre.
Il a rappelé toutes les difficultés qu’il a rencontrées pour que sa question orale soit programmée par le bureau de l’Assemblée, deux ans après son dépôt. «Si le nombre des députés nationaux qui ressentent la dégradation des conditions sociales de la population peut atteindre 125 élus, ma motion de censure sera déposée incessamment», a lâché l’élu de Lubero.