L’immense forêt de la République démocratique du Congo, vitale dans la lutte contre le réchauffement climatique, alimente jeudi une polémique entre l’ONG Greenpeace et le gouvernement, accusé d’opacité dans l’attribution des contrats d’exploitation. Greenpeace et d’autres ONG ont en effet accusé dans un communiqué le ministre de l’Environnement d’avoir signé «au moins neuf contrats de concession forestière en janvier», «couvrant une superficie totale de près de deux millions d’hectares (20.000 km2)».
Greenpeace et d’autres ONG ont accusé dans un communiqué le ministre de l’Environnement d’avoir signé «au moins neuf contrats de concession forestière en janvier», «couvrant une superficie totale de près de deux millions d’hectares (20.000 km2)». Greenpeace affirme que les nouvelles concessions ont été attribuées à «deux sociétés chinoises», juste après l’approbation d’une aide internationale de 12 millions de dollars au bénéfice de la RDC dans le cadre d’un «programme de gestion durable des forêts».« Le ministre doit respecter ses promesses de transparence et publier sur le site du ministère, d’ici ce vendredi, tous les documents afférents à ces attributions », ajoute Greenpeace sur son site.
Les neuf contrats, couvrant une superficie totale de près de deux millions d’hectares, ont été signés le 14 janvier avec deux sociétés chinoises, Congo King Baisheng Forestry Development, créée le 3 janvier, et Congo Sunflower Forestry Development, dont la date de création n’est pas connue. Les concessions concernées se trouvent dans les provinces de la Mongala, de l’Équateur, du Bas-Uele, de la Tshopo et de la Tshuapa. Pour le Ministère, il ne s’agit que de « cessions » de titres existants. [1] Aucun des contrats signés le 14 janvier n’a encore été publié au Journal officiel. Le décret n°11/26 du 12 mai 2011 exige la publication dans les 60 jours de tout contrat ayant pour objet les ressources naturelles.
« Il n’y pas de nouvelles concessions attribuées. Il y a eu changement de dénomination de la part des concessionnaires », s’est défendu le ministre de l’Environnement, Claude Nyamugabo, interrogé par l’AFP en marge de la clôture d’une rencontre sur la politique forestière de la RDC jeudi à Kinshasa. « Nous sommes en train de remplir les conditions pour lever ce moratoire en concertation avec nos partenaires », a-t-il néanmoins ajouté au sujet des conclusions de cette rencontre. « Si vous voulez que nous préservions nos forêts, appuyez-nous dans la lutte contre la pauvreté », a-t-il lancé aux principaux partenaires et bailleurs de la RDC (France, Norvège, Japon) en matière de protection.
La forêt couvre les deux tiers de la RDC
La forêt tropicale couvre les deux tiers de la superficie de la RDC (1,5 millions de km2 sur 2,3), l’une des plus grandes au monde avec la forêt amazonienne. Officiellement, seuls un peu plus de 11 millions d’hectares (110.000 km2) ont été concédés par l’État congolais à des industriels pour l’exploitation du bois. Tout aussi officiellement, il existe un moratoire sur l’attribution de nouvelles concessions, dans le cadre du Code forestier de 2002.
«La plus grande forêt tropicale d’Afrique n’a jamais connu la transparence qu’elle mérite», déclare Irène Wabiwa Betoko, chef de projet international a.i. pour la campagne forêt de Greenpeace Afrique. «Le ministre doit respecter ses promesses de transparence et publier sur le site du ministère, d’ici ce vendredi, tous les documents afférents à ces attributions. Il s’agit, pour chacun des neuf contrats, du contrat lui-même, de l’acte de cession conclu entre les concessionnaires, de la demande de cession adressée au ministre, de l’ancien contrat de concession, de l’arrêté autorisant la cession, ainsi que des accords des clauses sociales avec les communautés concernées», ajoute Mme Wabiwa Betoko. «La forêt n’abrite pas seulement des milliers de communautés, mais aussi une riche biodiversité menacée d’extinction. C’est aussi un champ de bataille pour l’avenir de la gouvernance dans ce pays. Le Président Félix Tshisekedi a une obligation historique de garantir le respect de la loi congolaise et la protection de la forêt», a conclu Mme Wabiwa Betoko.