Le monde explose. Chaque jour un nouveau brasier semble s’allumer : l’implosion sanglante de l’Irak et de la Syrie ; l’impasse Est-Ouest en Ukraine ; écolières enlevées au Nigéria. Existe-t-il un fil reliant ces effrayantes crises de sécurité internationale ? Dans un récit captivant qui tisse l’histoire avec des reportages rapides et des témoignages d’initiés sur la guerre en Afghanistan, Sarah Chayes identifie le lien inattendu : la corruption.
Depuis la fin des années 1990, la corruption a atteint une telle ampleur que certains gouvernements ressemblent à des gangs criminels glorifiés, voués uniquement à leur propre enrichissement. Ces kleptocrates poussent les populations indignées à l’extrême, allant de la révolution à la religion puritaine militante. Chayes plonge les lecteurs dans certains des environnements les plus vénaux de la planète et examine ce qui en ressort : les Afghans retournant aux talibans, les Égyptiens renversant le gouvernement Moubarak (mais aussi la refonte d’Al-Qaïda) et les Nigérians adoptant à la fois le christianisme évangélique radical et le groupe terroriste islamiste Boko. Harâm. Dans de nombreux endroits de ce type, des codes moraux rigides sont mis en avant comme antidote à l’effondrement de l’intégrité publique.
Le modèle, d’ailleurs, imprègne l’histoire. Grâce à des recherches approfondies dans les archives, Chayes révèle que des penseurs politiques canoniques tels que John Locke et Machiavel, ainsi que le grand homme d’État islamique médiéval Nizam al-Mulk, ont tous désigné la corruption comme une menace pour le royaume. Dans un argument passionnant reliant la Réforme protestante au printemps arabe, Thieves of State présente une nouvelle façon puissante de comprendre l’extrémisme mondial. Et cela montre clairement que nous devons affronter la corruption, car c’est une cause, et non un résultat, de l’instabilité mondiale.