Le syndrome d’Alcock est l’ensemble des symptômes et signes cliniques survenant suite à la compression du nerf pudendal (dénommé nerf honteux dans l’ancienne nomenclature) qui innerve l’essentiel de la région du périnée, les organes génitaux externes et qui joue un rôle dans la continence urinaire et anale.
Le diagnostic est purement clinique et repose sur des critères consensuels simples (Critères de Nantes) : douleur siégeant dans le territoire anatomique du nerf pudendal, aggravée en position assise, ne réveillant pas habituellement la nuit, ne s’accompagnant pas d’hypoesthésie périnéale objective et dont le bloc anesthésique du nerf réalisé au niveau de l’épine sciatique est positif.
En fait, le tableau clinique du syndrome du canal d’Alcock est typique : les douleurs sont à type de paresthésies ou de brûlures, spontanées, permanentes, dont le siège est périnéal, qui irradient vers la vulve, le scrotum et l’anus. Les douleurs peuvent irradier aussi vers la face interne des cuisses, les ischions et les fesses. Ces douleurs apparaissent surtout en position assise, et elles disparaissent à la marche et au décubitus. Souvent, le patient venant consulter évite de s’asseoir et préfère rester debout. Il signale parfois une sensation de «corps étranger intravaginal», et de «s’assoir sur une balle de tennis». Les signes sphinctériens sont discrets : une pollakiurie ou une constipation peuvent être rapportées. Toutefois, l’examen clinique est souvent sans anomalie. Il n’existe pas d’anesthésie en selle, ni perte des réflexes anal ou bulbocaverneux. Cependant, un toucher rectal qui déclenche la douleur à la palpation de l’épine ischiatique conforte les soupçons diagnostiques quant au syndrome du canal d’Alcock.
À l’interrogatoire, on peut retrouver des antécédents pouvant être en rapport avec une mise en tension ou une lésion du nerf pudendal : cyclisme, traumatisme du bassin, chirurgie pelvienne, chirurgie orthopédique, bandelettes transvaginales.
Benjamin Alcock (1801- ?) était un anatomiste irlandais, connu surtout pour sa description du nerf pudendal, qui traverse le canal pudendal (canal d’Alcock) dans le cadre de sa contribution à la Cyclopédie de l’anatomie et de la physiologie éditée par Robert B. Todd et publiée de 1835 à 1859. En 1915, Zuelzer avait formulé l’hypothèse d’un syndrome du nerf pudendal, anciennement appelé nerf honteux interne, pour expliquer les douleurs périnéales chez les cyclistes. Il avait proposé comme traitement la section de ce nerf. En 1987, la première description du «syndrome du canal d’Alcock» par Amarenco était : «souffrance aiguë du nerf honteux interne dans le canal ostéo-musculo-aponévrotique que forment l’ischion et le muscle obturateur interne (fossette ischiorectale ou canal d’Alcock)». En 1988, Robert a décrit les caractéristiques des névralgies pudendales de façon plus précise, par corrélation anatomo-clinique.