Vital Kamerhe, économiste et homme politique congolais: sa vie et son œuvre

Ancien secrétaire général du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), il devient le directeur de campagne du président Joseph Kabila lors des élections de 2006, avant de tomber en disgrâce en 2009. En décembre 2010, Vital Kamerhe lance son propre parti politique, l’Union pour la nation congolaise (UNC), et se porte candidat à l’élection présidentielle du 28 novembre 2011. Il remporte 7,74 % des suffrages et sa campagne est occultée par le duel entre le président sortant Joseph Kabila et son opposant Étienne Tshisekedi de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS).

Vital Kamerhe a occupé divers postes dans plusieurs cabinets ministériels, dont ceux de Léon Kengo, Mushobekwa Kalimba wa Katana et du général Denis Kalume Numbi. Il fut nommé commissaire général adjoint du gouvernement (AFDL) chargé des relations avec la MONUC. Plus tard, il devint titulaire en tant que commissaire général du gouvernement chargé du suivi du processus de paix dans la région des Grands Lacs. Il a occupé ce poste jusqu’à sa nomination comme ministre de la Presse et de l’Information dans le gouvernement de transition en 2003.

Vital Kamerhe est une personnalité marquante et controversée de la période débutant avec la deuxième guerre du Congo, en 1998, et des divers processus de «paix» subséquents ayant établi durablement une guerre de prédation à faible intensité à l’Est du Congo. Le résultat en a été la guerre la plus meurtrière depuis la deuxième guerre mondiale avec plus de 6 millions de victimes. Il comparait le 11 mai 2020 devant le tribunal, accusé de détournement des fonds du programme des 100 jours du chef de l’État Félix Tshisekedi. Il est condamné à 20 ans de prison.

À la fonction de Directeur de Cabinet de Félix Tshisekedi, il est remplacé pour une période d’intérim par Désiré Cashmir Eberande Kolongele, directeur de Cabinet adjoint aux affaires politiques et juridiques puis définitivement par Guylain Nyembo Nbwizya, auparavent directeur de cabinet adjoint à l’économie et aux finances.

Arrestation et procès

Le 8 avril 2020, Vital Kamerhe, directeur de cabinet et principal allié politique du Président de la République démocratique du Congo Félix Tshisekedi, a été placé en détention provisoire à la prison centrale de Kinshasa. Il était entendu dans le cadre de l’enquête sur les travaux des 100 jours. En mai 2020, il reste en détention jusqu’à la prochaine audience fixée au 3 juin 2020, avec une liste des témoins clés qui doivent être entendus dans ce dossier judiciaire très suivi et diffusé par la télévision nationale.

Le 11 juin 2020, le procureur général a requis contre lui 20 ans de travaux forcés pour détournement, 15 ans pour corruption, avec 10 ans d’interdiction de droits de vote et d’inéligibilité. Il demande également que l’accusé rembourse les sommes présumées détournées, ainsi que la saisie des sommes se trouvant dans le compte de Kamerhe, sa femme Amida Chatur et sa belle-fille Soraya Mpiana entre 2019 et 2020. Les mêmes peines sont requises contre l’homme d’affaires libanais Sammih Jammal, auxquelles le procureur ajoute l’exclusion définitive et l’interdiction d’accès au territoire national.

Le 20 juin 2020, Vital Kamerhe, est condamné à 20 ans de travaux forcés, 10 ans d’inéligibilité et d’interdiction d’accès aux fonctions publiques, pour détournements, corruption aggravée et blanchiment d’argent, par le Tribunal de grande instance de Kinshasa-Gombe. Son co-accusé, l’homme d’affaires Samih Jammal, est condamné aux mêmes peines, avec une mesure d’expulsion à l’issue de leur exécution. Ce tribunal ordonne aussi la confiscation des comptes et propriétés de membres de la famille de Vital Kamerhe. Le 24 juillet 2020, s’ouvre le procès en appel de Vital Kamerhe. Mais tout juste ouvert, le procès en appel est ajourné au 7 août 2020 pour des raisons de procédure et reste dans l’attente d’une décision de la Cour de Cassation. En juin 2021, La cour d’appel de Kinshasa a réduit de 20 ans à 13 ans de prison la peine de Vital Kamerhe.

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