Guevara, Ernesto | 1928-1967, sa vie et son œuvre

Che Guevara : Né le 14 juin 1928 à Rosario, en Argentine — Un des dirigeants de l’Institut national de la réforme agraire (7 octobre 1959) — Président de la Banque nationale de Cuba (26 novembre 1959-3 octobre 1964) — Ministre de l’Industrie (23 février 1961-3 octobre 1964) — Chef de la délégation cubaine aux Nations unies (décembre 1964) — Décédé le 9 octobre 1967 à La Higuera, en Bolivie.

Ernesto Guevara, plus connu comme « Che Guevara » ou « le Che », né le à Rosario en Argentine et mort exécuté le à La Higuera en Bolivie, à l’âge de 39 ans, est un révolutionnaire marxiste-léniniste et internationaliste argentin ainsi qu’un homme politique d’Amérique latine. Il a notamment été un dirigeant de la révolution cubaine, qu’il a théorisée et tenté d’exporter, sans succès, vers le Congo puis la Bolivie où il trouve la mort.

Alors qu’il est jeune étudiant en médecine, Guevara voyage à travers l’Amérique latine, ce qui le met en contact direct avec la pauvreté dans laquelle vit une grande partie de la population. Son expérience et ses observations l’amènent à la conclusion que les inégalités socioéconomiques ne peuvent être abolies que par la révolution. Il décide alors d’intensifier son étude du marxisme et de voyager au Guatemala afin d’apprendre des réformes entreprises par le président Jacobo Árbenz Guzmán, renversé quelques mois plus tard par un coup d’État appuyé par la CIA. Peu après, Guevara rejoint le mouvement du , un groupe révolutionnaire dirigé par Fidel Castro. Après plus de deux ans de guérilla durant laquelle Guevara devient commandant, ce groupe prend le pouvoir à Cuba en renversant le dictateur Fulgencio Batista en 1959.

Dans les mois qui suivent, Guevara est commandant en chef de la prison de La Cabaña. Il est désigné procureur d’un tribunal révolutionnaire qui exécute les opposants. Puis il crée des camps de « travail et de rééducation ». Il occupe ensuite plusieurs postes importants dans le gouvernement cubain qui écarte les démocrates, réussissant à influencer le passage de Cuba à une économie du même type que celle de l’URSS, et à un rapprochement politique avec le Bloc de l’Est, mais échouant dans l’industrialisation du pays en tant que ministre. Guevara écrit pendant ce temps plusieurs ouvrages théoriques sur la révolution et la guérilla.

En 1965, après avoir dénoncé l’exploitation du tiers monde par les deux blocs de la guerre froide, il disparaît de la vie politique et quitte Cuba avec l’intention d’étendre la révolution et de propager ses convictions marxistes communistes. Il se rend d’abord au Congo-Léopoldville, sans succès, puis en Bolivie où il est capturé et exécuté sommairement par l’armée bolivienne entraînée et guidée par la CIA. Il existe des doutes et de nombreuses versions sur le degré d’influence de la CIA et des États-Unis dans cette décision.

Après sa mort, Che Guevara devient une icône pour des mouvements révolutionnaires et fait l’objet d’un culte de la personnalité, mais demeure toujours l’objet de controverses entre historiens, à cause de témoignages sur des exécutions d’innocents avancées par certains de ses biographes. Un portrait de Che Guevara réalisé par Alberto Korda est considéré comme l’une des photographies les plus célèbres au monde.

Guevara mort et vivant

« …À l’intérieur du mythe de Guevara, un mythe plus profond s’était formé : celui de son invulnérabilité. Sans doute y croyait-il lui-même. Son visage, beau et grave, était devenu le masque vivant de la Révolution. D’avoir été donné si souvent pour mort le rassurait. D’avoir vu la mort en face le cuirassait (…) Disparu depuis deux ans et demi, Guevara était devenu l’invisible incarnation de la subversion mondiale et, à ce titre, indestructible. Rien ne pouvait, semble-t-il, lui rendre la fragilité des mortels. »

Le «Che» ou la révolution permanente»

«…Car Guevara, barbu sans excès, l’oeil vif et ironique, écoutant avec une attention extrême, sérieux, répondant avec précision en espagnol ou dans un français excellent, le teint un peu trop pâle trahissant le mal qui ne l’abandonnera jamais, séduira grâce à son exceptionnelle personnalité amis et adversaires.

Aux Nations unies, à la conférence inter-américaine de Punta-del-Este (…) , en Europe, en Afrique, en Union soviétique, en Asie, le «Che», malgré son visage d’«archange de la révolution», plait avec son souci passionné de la vérité (…) Presque oublié en janvier 1966, le commandant Guevara, mythique héros de la révolution latino-américaine, est avec Bolivar le personnage principal derrière une tribune où se rencontrent, plus de «fonctionnaires» que de «guérilleros» authentiques.»

La mort du «Che»

«…La guérilla connaîtra des revers, le continent pourra ne pas devenir socialiste avant deux, trois générations, la marche vers la seconde étape de sa libération est toutefois devenue irréversible. Après les Lobaton, La Puente, Camilo Torres, ce nouveau martyr renforce l’espoir suscité par ce qu’on appelle déjà la «longue marche de l’Amérique latine», celle qui veut conduire à la libération de l’homme écrasé par la misère et l’injustice, et le refaire, lui comme son actuel oppresseur.

Le défi lancé à la plus grande puissance militaire de l’heure vise aussi l’humanisme bien-pensant du monde occidental. La mort du «Che» consacre ce défi, lègue aux forces jeunes et vives du Tiers monde et de l’Occident lui-même, un pari généreux.» Les experts du renseignement ont conclu que Guevara avait fait une erreur de calcul fondamentale en croyant que les révolutions de type castriste pouvaient être facilement reproduites en Amérique latine.

Une vigilance accrue, l’aide américaine et de meilleurs gouvernements ont changé l’équation. Même ainsi, la menace du communisme castriste devait survivre à ce revers, et peut-être le plus dangereux encore. D’une part, il y avait un rapport selon lequel Castro se préparait à faire de Ché un martyr – une légende de sacrifice et de réponse au «devoir» qui maintiendra «l’esprit révolutionnaire» élevé.

  1. Édouard Bailby, «Guevara mort et vivant», L’Express (France), 16 au 22 octobre 1967, p. 24-25.
  2. Marcel Niedergang, «Le «Che» ou la révolution permanente», Le Monde (France), 17 octobre 1967, p. 5.
  3. C.D., «La mort du «Che»», Esprit (France), décembre 1967, p. 956.

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