Le climat politique en République Démocratique du Congo s’est brusquement détérioré au début de la semaine passée à la suite de ce qu’il est convenu d’appeler ‘‘l’affaire Nabiolwa-Kasongo ». La ville de Bukavu a été le théâtre des affrontements sanglants durant toute la nuit du lundi et mardi opposant les forces fidèles au général Prosper Nabiolwa, commandant de la dixième région militaire et celle de son adjoint, le colonnel Mutebusi. Des affrontements consécutives à une tentative d’arrestation du Général Prosper Nabiolwa par les hommes envoyés par son adjoint qui n’a pas digéré l’arrestation suivie du transfert du Major Jeef Kasongo vers Kinshasa sous l’accusation de complicité dans les manœuvres de cache d’armes.
Le RCD et ses alliés (cinq petits partis d’opposition) ont qualifié cette arrestation de »terrorisme d’État » et demandé au président Joseph Kabila de »résoudre cette situation » pour qu’ils ne suspendent pas leur participation à toutes les institutions de la transition. Le conseil des ministres qui devrait se tenir le mardi à la cité de l’union africaine n’a pas eu lieu. A la place, il s’est tenu une réunion de l’espace présidentiel qui a regroupé autour du chef de l’État, mines sombres, ses quatre adjoints. C’est la libération de cet officier de l’ex-mouvement rebelle qui a calmé le jeu. Une délégation composée des officiers supérieurs de l’armée est en s »jour à Bukavu pour réconcilier le Général Nabiolwa et son adjoint.
Bien que toutes les parties jouent pour le moment à l’apaisement, »l’affaire Nabiolwa-Kasongo » suscite des inquiétudes quant à la conduite de la transition vers des élections générales dans la non)-conflictualité. Cet insolite et lamentable feuilleton politique fait ressortir la fragilité du fameux plan 1+4, c’est-à-dire Un Président et quatre vice-présidents sur lequel repose les institutions de la transition. Très difficile de savoir qui fait quoi dans cet échafaudage institutionnel qui – au vu de plusieurs experts – est lourd et extrêmement compliqué. Il apparait que le Président utilise sa préséance protocolaire pour damner les pions à ses adjoints en perceptives des élections générales qui seront organisées d’ici 16 mois. Les manœuvres du président Kabila créent depuis janvier des conflits au sommet de l’État qui fragilisent le processus politique. Les Banyarwanda de Goma viennent de faire une mise au point qui conteste la manière dont la transition est gérée dans leur pays.
Par ailleurs, on peut se demander si l’extradition du Major Jeff Kasongo à Bukavu, son lieu d’arrestation et fief du RCD, ne risque pas de créer un précédent au processus de réunification du pays? Cette question est d’autant plus légitime que certains de ceux qui sont recherchés par Kinshasa soit pour »cache d’armes de guerre », »pour désobéissance », »pour »avoir été condamné à mort par contumace dans le procès des assassins du Président Laurent Désiré Kabila, préfèrent rester à l’Est notamment à Bukavu et à Goma en attendant que l’amnistie décidée par le dialogue intercongolais soit appliquée. Le chef de l’État a toujours minimisé les crises qui secouent son gouvernement et trouver des propos appaisants pour ne pas froisser l’opinion nationale et internationale. C’est qu’on attend cependant, c »est beaucoup de sagesse , de prudence et de vigilance de la part des animateurs de la transition pour que le bateau ne sombre pas corps et biens.
La Rédaction de Grands Lacs Hebdo.