Gabriel Kyungu wa Kumwanza, figure de la scène politique de la République démocratique du Congo (RDC), en particulier du Katanga, est mort samedi à l’âge de 82 ans, a annoncé son parti dimanche matin. Il est décédé des suites d’une « courte maladie » en Angola, où il était hospitalisé, a précisé l’Union nationale des Fédéralistes congolais (Unafec) dans un communiqué signé de son secrétaire général, Mukalay Lama. «J’appelle tous les hauts cadres, cadres, combattantes et combattants, à rester calmes, sereins et surtout disciplinés pendant ce moment très difficile que traverse notre cher parti », ajoute le texte, pleurant la mort du « monument national » qu’était Gabriel Kyungu.
Enseignant de formation, il a fait son apparition sur la scène publique en 1965 en tant que syndicaliste, représentant de sa profession. Il a travaillé également dans l’Administration publique, notamment à la SNCC comme cadre d’entreprise, ensuite de 1965 à 1968 aux côtés de l’ancien ministre des sports, Augustin Kibasa Maliba. Il a été élu député et a fait partie de 13 parlementaires, avec Étienne Tshisekedi Wa Mulumba, qui ont fondé en 1982 l’Union pour la Démocratie et le Progrès social (UDPS), pour faire face au régime dictatorial du maréchal Mobutu Sese Seko, avant d’être arrêté par le pouvoir.
Kyungu Wa Kumwanza – Photo © AFP.
Président fondateur de l’Unafec, Gabriel Kyungu wa Kumwanza, surnommé «Baba wa Katanga», était président de l’assemblée provinciale du Haut-Katanga (sud-est) depuis février dernier. Sous Joseph Kabila (2001-2019), il a été par deux fois président de l’assemblée provinciale du Grand Katanga (région riche en minerais divisée en quatre provinces – Tanganyika, Haut-Lomami, Lualaba et Haut-Katanga – en 2015). Porte-étendard du fédéralisme, Gabriel Kyungu wa Kumwanza était aussi parmi les fondateurs de l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social), formation d’opposition créée sous Mobutu et actuellement parti au pouvoir, auquel appartient le président Félix Tshisekedi.
Une riche carrière politique qui lui a valu d’être traité par ses détracteurs de traître prêt à lâcher ses alliés par intérêt. Son nom a aussi été cité dans des événements sources de tensions persistantes entre « Katangais » et « Kasaïens », quand des Baluba du Kasaï, accusés de voler les emplois des autochtones, avaient été tués par centaines et chassés par dizaines de milliers du Katanga, en 1992. Mais il était paradoxalement considéré ces derniers temps comme un défenseur des Kasaïens, capable d’empêcher certains Katangais de s’attaquer à ces voisins perçus comme des « envahisseurs ».
Ce vétéran de la scène politique congolaise représentait l’un des plus fermes soutiens du président Félix Tshisekedi au Katanga. Sa disparition ouvre une ère de recomposition politique à Lubumbashi.