Discours du 25 Janvier 1998 de Laurent Désiré Kabila aux autorités civiles, coutumières et militaires à Bukavu

Après avoir servi comme porte parole de l’agression étrangère contre le Zaïre, agression qui mit fin au règne du régime Mobutu, pour asseoir son pouvoir, Laurent Désiré Kabila se mit à la chasse des groupes armés qui déstabilisaient l’Est du Zaïre qu’il appela désormais la République Démocratique du Congo. Ici en intégralité est repris un discours qu’il tint à Bukavu un Dimanche 25 janvier 1998. Ce texte a été retranscrit à partir de la bande sonore passée à la radio nationale, station provinciale du Sud-Kivu, le mardi 27 Janvier 1998. La traduction française a essayé de respecter le style oral swahili (Note du traducteur).


[Présentation par le gouverneur]

«Nous avons dans cette salle, les territoriaux, à commencer par le Directeur de Province jusqu’aux administrateurs de territoire et Bourgmestres ; nous avons également les chefs coutumiers, Bami, et chefs de secteurs ; nous avons également quelques représentants des Banyamulenge ; nous avons l’inspecteur Principal de la Police et un groupe de conseillers au Ministère d’État aux affaires intérieures. Merci Monsieur le Président».

[Discours de Laurent Désiré Kabila]

«Bon – c’est bien que je vous voie encore pour que nous parlions des affaires du Sud-Kivu. C’est une de nos provinces les plus belles qui a une histoire, et des hommes qui ont combattu pour la justice ; et je me suis promené dans toute la contrée du Sud-Kivu où jadis, j’ai mis des nombreuses bases lorsqu’on nous appelait encore des «MULELE», au moment où nous recherchions vos droits. Pendant tout ce temps, je suis allé ici et là, je suis revenu, je suis passé partout dans toutes les parties du Sud-Kivu.

Voilà pourquoi les problèmes du Sud-Kivu sont les problèmes de toute la nation et nous devons chaque jour les discerner car il s’agit d’une grande région frontalière ; et cette [région frontalière] contient un mélange des tributs où l’on retrouve des gens du Burundi, des gens du Rwanda et des gens de l’Ouganda. C’est pour cela que notre frontière de l’Est, comme je le disais aux membres de mon gouvernement, tel que le Ministre d’État à l’intérieur, celui des affaires étrangères comme pour le chef de la sécurité, ils le savent tous, je leur ai dit l’année passée : «il y aura beaucoup de problèmes du Congo qui auront leur origine ici à l’Est. Car à cause de la compénétration des tribus et du manque de stabilité dans les pays voisins, il sera difficile de maintenir l’ordre. Donc, cette région sera fertile à toutes aventures politiques, interethniques, et même des tentatives d’occuper le pays». Cela pourrait arriver ici. En fait, finalement c’est un coin que nous aimerions bien surveiller ; qui serait perméable à la déstabilisation».  Et cela s’est vérifié ces derniers mois.

Lorsque j’ai dit ça à mes Ministres, il n’y avais pas encore le problème «Mai-Mai» et autre. Maintenant mes interlocuteurs disent qu’ils sont entrain de vivre la vérification d’une prophétie. Cependant il n’y a aucune prophétie. Il faut bien discerner, connaitre l’histoire de son pays et étudier les évènements tels qu’ils se présentent. C’est pour cela que je suis venu ici. Il est bon que je vienne de temps en temps, même sans programme ; malheureusement notre pays est immense comme vous le savez, on ne peut pas être dans un seul coin. Chaque entité a ses propres problèmes spécifiques à résoudre. Et maintenant comme je suis à Bukavu, je suis content de pouvoir parler avec vous des affaires du Sud-Kivu.

Avant que je vienne ici, dans le rapport quotidien l’on m’a décrit et informé sur les nombreuses tensions qui existent ici. Surtout, et surtout entre les Tutsi-Congolais qui habitent à l’intérieur, et que vous appelez Wanyamulenge, et les Wabembe avec une autre partie de Warega.

Ensuite on nous l’a dit, nous l’avons su, le phénomène «Mai-Mai» est entré. C’est que les «Mai-Mai» ce n’est pas l’expression du mécontentement populaire. C’est absolument faux ! c’est un MOUVEMENT INSURRECTIONNEL CONTRE LE POUVOIR ÉTABLI. CE N’EST PAS UNE MANIÈRE DE FAIRE PASSER LES DESIDERATA DE LA POPULATION AU GOUVERNEMENT : « MAI-MAI », C’EST AUTRE CHOSE CAR IL FONCTIONNE EN INTELLIGENCE AVEC L’EXTÉRIEUR ; AVEC DES PUISSANCES ÉTRANGÈRES. Des preuves? Elles sont nombreuses ! MÊME LE ‘VATICAN’ EST MÊLÉ DEDANS ! A TRAVERS LES «CARITAS» ET D’AUTRES CHOSES DU MÊME GENRE !

Et vous allez me dire que c’est une manière d’exprimer le mécontentement ? Tout ce monde-là n’a pas aimé notre révolution, c’est-à-dire, que le changement arrive dans notre pays. Ils essayent de faire cela maintenant, créer un mouvement insurrectionnel qui, avec les manœuvres des ambassades comme de la France à Bujumbura et le soi-disant Consul de France ici avec des choses comme SIMA-KIVU, vous les connaissez, et d’autres O.N.G. qui sont ici. Nous connaissons à la loupe, tous les détails. Tous convergent vers la volonté de faire de «Mai-Mai», de les former c’est-à-dire chercher à exploiter l’ignorance de plusieurs personnes pour les utiliser comme cheval de bataille pour obtenir des gains politiques.

On dit que les «MAI-MAI» est un mouvement qui cherche à combattre l’occupation de notre pays par les étrangers surtout les Rwandais ou les Tutsi-Congolais qui sont considérés comme des étrangers. Ils disent que c’est un de leurs objectifs et qu’à cause de cela, il faut être sympathique avec les Interahamwe, c’est-à-dire, ces gens dont vous tous vous savez qu’ils ont fait des extravagances chez eux, et qui sont venus ici en exportant leur haine et leurs divisions ethniques de chez eux au Rwanda. Ils se sont amenés ici, ils ont commencé à vous contaminer parce qu’ils se disent «Bantous». Ils disent que la libération ici aussi devrait se faire contre les étrangers qui occupent notre pays. Et vous n’ignorez pas que ce sont eux qui étaient soldats du Régime SESE SEKO.

Quand les militaires citoyens de ce pays-ci, ont refusé de combattre contre nous, les combats acharnés contre nous ont été menés par les Interahamwe, et les FDD du Burundi. Ayant été vaincu et chassés de chez eux, ils sont arrivés comme refugiés ; Mobutu leur a donné de grands espaces pour les entrainements, et ils ont amené des armes. Ils sont devenus alors ses protecteurs. Toute la guerre jusqu’à Moba … à Moba il n’y avait pas de FAZ ! Il n’y avait que le FDD. C’est ainsi que s’est passée la guerre de libération.

Actuellement, ces gens sont-ils des libérateurs qu’ils prétendent être pour que le Sud-Kivu devienne leur base arrière et parce qu’ils ne peuvent survivre sans utiliser l’ignorance de nos populations?

«Oh Notre pays est déjà conquis, il est conquis …»

Qui peut conquérir un pays comme celui-ci ! même s’il y a des exactions par ci par là, mais … aucun pays ne peut conquérir un territoire comme celui-ci. Mais eux utilisent ce prétexte parce que parfois ils voient les troupes de l’APR (Armée Patriotique Rwandaise) que nous-même  avons sollicitées, alors que ce n’était pas un grand nombre mais un nombre réduit. Mais nous avons sollicité leur commandement, c’est-à-dire pour les grades inférieures, afin de commander nos jeunes parce que plusieurs de nos officiers étaient décédés pendant la guerre qui a duré longtemps ainsi nous avions manqué des commandants. Et si vous étiez commandant d’une unité, vous devez trouver une compensation.

Mobutu utilisait les mercenaires à plusieurs occasions comme ses troupes, et ce sont des mercenaires ; des mercenaires que nous avions repoussés depuis Watsa jusqu’à Kisangani. Ils faisaient des commentaires selon lesquels ils allaient faire une «offensive foudroyante et totale». il y avait beaucoup de mercenaires parmi eux, vous avez entendu leurs langues de communication. Ils ont essayé de me suivre partout, à Goma, etc., en complicité avec des pays voisins, en disant qu’eux voulaient seulement avoir de l’or. Ils ont demandé que je leur cède Kilo-Moto et toutes les mines de MONGWALU … ils ont dit qu’ils prendraient de l’or et qu’ils s’en iraient ; qu’ils ne se battraient pas. Ils m’ont dit qu’on signe un accord ! Ha-ha ! Accord ! entre Jésus et le diable ? Ha-ha ha ha !

Vous constatez que tous ces gens se sont rencontrés à Kisangani pour faire la résistance. Nous les avons repoussés et dispersés. Durant toute la guerre, il y avait des officiers de l’armée rwandaise en nombre important. Ce n’est pas le gouvernement rwandais qui nous les a envoyés. C’est l’amitié entre notre Direction et ces officiers-là. Cependant pour la plupart des combattants, comme vous l’aviez vu à notre arrivée, nous venions, nous leur demandions d’adhérer à notre cause, ils s’enrôlaient et c’était tous les compatriotes et seulement les compatriotes. Comment comparer quelques trois milles hommes lorsque que nous nous avions cinquante-sept mille congolais ? On se plait à voir seulement les officiers et cadres de commandements en oubliant ceux qui ont véritablement combattu. Et vous venez dire que ces gens là peuvent nous arracher le territoire. Quel territoire vont-ils nous arracher ! Et maintenant ce sont de telles médisances, des prétextes qu’utilisent ceux qui veulent que le Kivu devienne aujourd’hui leur base-arrière. Alors ce n’est plus l’organisation expressive de revendication du peuple d’ici.

Pourquoi il y a-t-il tant de tensions : d’abord il y a la volonté manifeste de déstabiliser de ce pays pour qu’il soit ingouvernable, pour qu’il ne se développe pas, et pour cela il faut détruire la paix, ils utilisent beaucoup de gens qui ont soif du pouvoir, qui veulent devenir gouvernants, tout simplement parce qu’ils sont natifs d’ici et qu’ils ne peuvent pas accéder au pouvoir autrement qu’en utilisant leur appartenance tribale locale.

Ainsi ils pourront apparaître comme des leaders aux yeux des pays étrangers. Il y a parmi eux beaucoup d’intellectuels, tous ceux en tout cas qui sont en liaison avec les troupes de MAI-MAI, des Interahamwe, et autres milices, nous les connaissons très bien maintenant. 

Je suis venu converser avec les autorités d’ici pour leur demander de faire confiance en ce gouvernement. Car notre gouvernement est un gouvernement de combat. J’ai appris qu’un Mwami, et il se connait, a fait des déclarations sur la radio selon lesquelles le phénomène ‘MAI-MAI’ c’est la voix du peuple pour faire connaitre au gouvernement son mécontentement ; qu’il s’agit d’un mouvement unanime et populaire, «qu’il y a beaucoup d’intellectuels, de ceci, de cela». Mais, tout d’abord ceci est une manière de badiner avec un couteau sur la gorge ! Même s’il y avait des intellectuels et qu’ils soient nombreux là-dedans, cela ne leur donne pas raison. Leur « intellectualisme », pourquoi ne leur a-t-il pas permis de chasser la dictature de Mobutu quand celle-ci mettait les gens à genoux jusqu’à leur faire avaler leurs ‘défécations’. Et vous vous prenez maintenant aux héros qui ont chassé Mobutu pour que vous commenciez maintenant aussi à vous prendre pour des héros! Vous vous exposez à des situations impossibles.

Maintenant en considérant la situation d’ici :  je ne dis pas que ce sont les choses qui concernent le problème de la Nationalité qui m’ont amené ici. Là il n’y a pas de problème ! Cela? la Nationalité, on ne peut pas l’obtenir en utilisant la force du fusil. Pas du tout ! Et surtout pas dans ce gouvernement-ci. Si c’est votre droit établi, on ne peut pas vous l’enlever par les armes et d’autres ne peuvent vous refuser la nationalité, vous êtes Congolais que vous soyez parmi les Banyamulenge ou parmi d’autres personnes. Tout ceci n’est que des problèmes purement ‘administratifs’ qui sont généralement ‘réglés sur la table’. Il n’est pas nécessaire de prendre les armes pour cela.

Naguère, les gens vivaient en paix ensemble. Lorsque que nous passions par ces collines pendant que nous étions jeunes nous autres, toute cette contrée était tout à fait en paix. Même lorsqu’en mille neuf cent quatre-vingt-quinze et encore quatre-vingt-quatorze, nous avions envoyé une mission de mobilisation pour organiser des cellules afin de combattre l’ennemi, nous avons eu à rencontrer là-bas beaucoup de résistances de la part de plusieurs tribus. Et certaines populations ont dénoncé nos hommes. Même certains Banyamulenge ont suivi cet exemple. Ils sont bons et ils sont mauvais. Évidemment, du moins en ce qui les concerne, ils avaient de la colère à cause de leurs vaches spoliées et mangées. Mais ils ont hébergé nos hommes pendant longtemps. Il y avait des hommes de liaison entre eux et moi. Comment pouvez-vous me convaincre moi, que ces gens ne sont pas de ce pays alors que moi je les connais et je les côtoie depuis longtemps ! Mais il ne s’agit pas d’eux seulement car même à cette époque, parmi les Banyamulenge, il y avait des partisans de Mobutu ; parmi les officiers de Mobutu, il y avait beaucoup de Banyamulenge. Vous connaissez des Tutsi qui faisaient partie de son armée. Ils constituaient donc un problème ? Ainsi ils étaient aussi des rebelles ? comme d’autres tribus, celle-ci n’était pas plus mauvaise que les autres. Même quand certaines populations refusaient de montrer le chemin à nos hommes, de leur donner de la nourriture, de s’approcher de leur femme et nous étions obligés de loger dans les églises de Banyamulenge, de faire les réunions la nuit, à 4h du matin … Les banyamulenge ! «Ils nous ont aidés, nous !».

Pourquoi sommes-nous allés si loin? Parce que les autres voulaient chaque fois mettre la main sur nous et nous amener, et certains ont même tenté après que nous ayons franchis BARAKA, tout près de MISUFI, de prendre notre ligne, ma propre colonne armée. Ce n’est pas loin, en 1996.

Mes chers compatriotes, en tout cela je crois, moi, que de ce côté ci, toutes ces contradictions entre vous concitoyens, nous essayerons d’aider à les résoudre et à les éclairer. La solution n’est pas celle que d’autres préconisent de chasser les autres : ‘chasser tous ces gens, qu’ils rentrent chez eux au Rwanda!’ Mais ne sont-ils pas des gens avec qui vous avez été pendant longtemps, avec qui vous avez vécu, avec qui vous avez construit, etc. ? Et encore la dernière fois que je suis passé par là en Mai 1996, chaque fois que je rencontrais une église bien construite, c’était celle de Banyamulenge. Les autres n’ont que des petites huttes ridicules comme s’ils n’aiment pas leur pays. Je pense que tous ceux qui ici connaissent ces collines peuvent en témoigner.

Je ne veux pas dire ici que ces collines leur appartiennent, à eux seuls ; il y a d’autres populations qui vivent par là. Ce que je voulais dire, c’est que la vie était normale par là et paisible entre les personnes qui y vivaient. Il est nécessaire maintenant que vous les autorités à différents échelons vous sachiez identifier, que vous sachiez d’abord dans tout ce que nous avons dit, discerner où se trouve le vrai danger.

Le véritable danger et le plus grand est celui de nos compatriotes qui viennent s’accoquiner aux gens que nous avons combattus et chassés parce qu’ils ne voulaient pas la fin du règne Mobutu. Et vous voulez que nos concitoyens commencent à lier amitié avec ces gens là pour qu’ils s’opposent à notre gouvernement !

J’ai appris même que cette fameuse Radio qui faisait du bruit – mes hommes m’envoyaient tous les jours des cassettes d’écoute – j’ai appris qu’elle disait que moi j’ai vendu le pays, que j’ai fait ceci, cela … Tout le monde suffisamment sensé, sait très bien que c’est Mobutu qui a vendu le pays. Moi je suis un combattant et je combats pour le droit et la liberté de mon pays.

Tu vois, toi, un homme, tu vas dans le maquis, et tu n’es pas n’importe qui, tu es un grand intellectuel, tu vas là-bas pendant des années, tu racontes aux gens sans savoir ce que tu veux … Parce que pour la plupart, intellectuel, c’est la facilité, c’est tout ! facilité ! sans combat pour la nation. Pendant ce temps, nous on expédie les affaires. Pour beaucoup d’intellectuels, ce n’est que la facilité qu’ils cherchent. D’ailleurs pour mes propres amis, même d’autres qui sont dans mon gouvernement, il était difficile de leur dire d’aller au front : «Oh je vais mourir». Et patati & patata. He he he !. Donc qu’on ne vienne pas nous intimider avec les histoires d’intellectuels ; ce n’est absolument rien du tout. Parce que Mobutu il a vu comment il les a utilisés comme des gens peu recommandables et en qui on ne peut pas avoir confiance. Ce sont des gens qui vendent le pays tous les jours. Ceux que nous sommes entrain de traquer à l’extérieur du pays, disent qu’ils viendront nous renverser. Ce sont eux qui après avoir manger avec Mobutu, se jettent encore à l’aventure.

En tout cela, mes frères, cette situation d’accointance avec le problème de MAI-MAI – et beaucoup d’autorités parmi vous leur fournissent de l’aide – je pense qu’il est temps que cela cesse absolument. Hier, j’ai voulu prendre une mesure d’une gravité extrême. Nous n’allions même pas nous voir et être ensemble. Vous avez de la chance car parmi les personnalités qui étaient avec moi, beaucoup m’ont conseillé d’aller graduellement dans la résolution de ces problèmes.

Ma mesure à moi, après avoir reçu le rapport de sécurité d’une grande profondeur et perspicacité d’analyse – très détaillée qui connait qui est ici et là ; d’où reçoit-on de l’aide, leur fonds viennent d’où ; que fait HCR ; que fait la CARITAS ; à quoi sont utilisées certaines ONG ; qui est responsable ; qui s’occupe de faire passer les véhicules de MAI-MAI ; qui se réunissent – comme aujourd’hui au moment même où nous parlons, à cette heure-ci, il y a une réunion de soi-disant MAI-MAI – les gens du CNDD sont venus hier et ils sont très nombreux … Ma mesure à moi Eh bien, «on laisse faire pour voir».

Et maintenant ce que je vais vous dire : parce que même l’ambassade de France à Bujumbura constitue le quartier général de la subversion, avec d’autres organisations internationales.

Le plus important est que chaque autorité s’éloigne de ce mouvement et elle a l’obligation de dénoncer… surtout du côté de Kabare là-bas ; ces gens passent beaucoup par cette contrée et Kabare lui-même est celui qui est «sympathique avec eux» – «encore qu’il faut prouver bien entendu!» – ils ont tel et tel qui les aident ; les aider à venir verser le sang, à venir déstabiliser votre propre pays? Si vous continuez comme ça, comment vous développerez-vous au moment où nous sommes entrain d’amener des investisseurs et beaucoup d’investisseurs. Parce que je vais vous dire, mes frères : le monde entier a déjà reconnu et accepté le gouvernement de salut public, complètement, totalement ! Il y a beaucoup de preuves. Ce dernier temps vous voyez qu’ils se taisent.

Et pendant ce temps, beaucoup de nouvelles viennent de Bukavu : Oh violation de droit de l’homme, Oh AZADHO, oh ceci, oh cela… Beaucoup d’organisations ici ! toutes ces nouvelles viennent de qui ? ce sont des filières d’information de ces gens-là.

Ainsi donc, j’ai voulu vous dire la vérité : la mesure grave que j’ai voulu prendre hier, c’est la proclamation de «l’état d’urgence», et nommer un administrateur qui serait responsable de la cour martiale. «Vous auriez 24 heures sur 24 heures de couvre-feu et chaque maison serait fouillée pour chercher des preuves d’apparence aux MAI-MAI et celui qui serait attrapé, fusillé sur place. C’est ça ! le monde allait pleurer ; mais ils me connaissent assez ; je suis dur ! ils ne viendront pas faire quelque chose ici. Ils auraient pu venir quand nous étions entrain de nous armer. Ce n’est plus avec deux cent mille hommes bien armés, bien équipés que quelqu’un viendra s’amuser ici» (En français  dans le discours). Vous savez ? ce n’est pas de l’amusement, nous ne sommes plus à l’époque de Mobutu.

Donc je vous conjure et je vous le dis mes frères, n’osez pas participer à ce qui compromet la paix. Tout le monde dit «c’est la Suisse ici, notre Suisse». Mais lorsqu’il y a des troubles comme ça, qui viendra nous aider? Et c’est vrai que c’est un beau pays, mais personne ne viendra s’il n’y a pas la paix.

Alors la première chose à savoir, je ne suis pas ici comme un inquisiteur : je ne vous dis pas de dénoncer tel ou tel, non ! Je vous dis tout simplement de cesser. Je vous le dis surtout à vous les autorités. Celui qui veut me dénoncer n’a qu’à me dénoncer. Voyez-vous, nous avons les moyens de montrer à tout le monde que nous sommes capables de mettre hors d’état de nuire tous ces Bahutu. Et ce travail, nous allons le laisser à nos troupes, à la police, … L’armée que j’allais envoyer ici, les trente mille hommes qui devaient descendre ici, j’ai stoppé leur mouvement.  Nous allons d’abord utiliser les troupes qui sont ici parce qu’elles n’ont pas encore commencé leur travail.

Que la police fasse son travail. Et que je cause avec les autorités d’abord pour des raisons d’ordre, ensuite pour donner des directives pour la reconstruction qui sont obligatoires pour tous.

C’est la première chose. Ce mouvement de ‘MAI-MAI’ qui se mélange avec le CNDD, le NALU de l’Ouganda, l’ADF, … pour que nous aussi nous commencions à nous appeler ‘MAI-MAI’ cela peut nous causer des ennuis ici. Parce que si la guerre continue ici pendant longtemps, nous serons dans un état de guerre, car en fait, nous n’avons pas encore signé un décret quelconque après notre victoire annulant «l’état de guerre». Nous ne l’avons jamais fait. Voilà pourquoi il n’y a pas encore de stabilité.

Si ce mouvement qui a pour but de nous déstabiliser est utilisé par des puissances étrangères – et les preuves sont là, des documents de tout genre existent – nous les détenons (des transferts de fond). Toutes ces preuves étant là, je dois vous le dire en vérité vous ne pouvez pas construire cette région tout seul ; vous ne pouvez pas développer le Kivu sans le concours des autres. Vous avez besoin de l’aide de tout le monde.

En plus, à propos des «MAI-MAI», comme je vous l’ai dit, mon appel est clair, il faut arrêter.

Considérons maintenant la question des injustices. S’il y a des gens qui ont occupé vos maisons par la force, ce n’est pas une raison de contester le pouvoir établi. Il faut plutôt inciter le pouvoir à défendre vos droits. Il faut chasser tout celui qui a arraché par la force les biens d’autrui. Il doit les remettre. Notre gouvernement veut cela.

——  Fin —-

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