Ce nouveau numéro de la revue “LA REPUBLICA” nous essayons de trancher le nœud gordien de la problématique sécuritaire actuelle au Congo en analysant par différents articles la “Guerre du Congo”, le plus long et le plus meurtrier des conflits sur la planète après la deuxième guerre mondiale. En cherchant à répondre aux questions “pourquoi? pour quoi? par qui? pour qui? avec qui? comment?, etc.”, cette revue va au-delà où la plupart des livres et analyses débutent pour expliquer le déclenchement de cette guerre ou s’arrêtent pour comprendre ses conséquences. Ainsi, les chapitres de cette revue couvrent les nombreuses dimensions du conflit, donnant au lecteur une compréhension globale d’une guerre sans précédent à l’échelle du continent africain, guerre qui a attiré et continue à attirer des intérêts aussi divers que contradictoires sur le plan mondial. En examinant la question de savoir comment résoudre et gérer au mieux cette guerre et ses conséquences, un certain nombre des chercheurs et personnalités distinguées par leur compréhension du sujet sont cités et les bases sur lesquelles une paix véritable peut être construite sont présentées.
Sommaire
Dans “Émergence et décadence de l’État au Zaïre”, nous analysons les prédispositions internes et le contexte international qui ont rendus possible le crash du Zaïre et la place que ce pays a joué dans la crise des Grands Lacs.
Dans “Puissances mondiales et richesses du Congo-Zaïre”, nous montrons pourquoi, comment et en quoi le Congo est l’exemple parfait de la “malédiction des richesses” face aux ambitions énergétiques des puissances mondiales. Nous démontrons que lorsque les forces rwandaises en 1995, puis celles Rwando-Burundo-ougandaises en octobre 1996 avaient envahi l’Est du Zaïre, cette phase militaire était l’aboutissement d’une invasion du Zaïre qui durait depuis trois ans : le vol des richesses et du patrimoine du Zaïre orchestré par les puissances mondiales qui mettaient pression sur le Zaïre qu’ils voulaient “réformer”. Nous documentons certaines des caractéristiques les plus importantes de cette opération de pillage organisé.
Dans “De l’Ouganda au Congo-Zaïre : vers la mort, en avant toute !”, nous montrons, à partir des considérations politiques, géopolitiques, géostratégiques et géoéconomiques que la prise de pouvoir par Kaguta Museveni, l’invasion du Rwanda par le FPR, ainsi que la guerre du Congo-Zaïre sont intimement liées et n’étaient que des étapes différentes d’un même plan.
Ainsi, dans “Rwanda : le pouvoir, quoi qu’il en coûtera”, nous analysons comment on est arrivé à la destruction du Rwanda – le massacre massif de centaines de milliers de ses habitants (génocide des Tutsi, le déplacement de 5 millions de ses 7 millions d’habitants dans des camps de réfugiés, etc.). Nous interrogeons les facteurs favorisants un tel débâcle notamment la culture du peuple rwandais, l’histoire du pays et le rôle de la colonisation dans l’aiguisement des haines, les ambitions des leaders communautaires Tutsi face à intransigeance de ceux Hutu, etc. Nous montrons que sans le parrainage des puissances occidentales ou avec un soutien clair des accords d’Arusha, la catastrophe de 1994 aurait pu être évitée.
Dans “La grande ébullition : l’agenda du Rwanda au Congo-Zaïre”, nous montrons clairement que (1) “désarmer les génocidaires”, “contenir la menace Hutu” – lisez exterminer les réfugiés Hutu, (2) Balkaniser le Zaïre, pour (3) mettre la main sur les richesses de l’Est du Zaïre et obtenir plus des terres en plus (désir d’une “nouvelle conférence de Berlin), étaient les trois objectifs du Rwanda dans la guerre du Congo-Zaïre. Nous démontrons ensuite que l’ambition d’aller jusqu’à Kinshasa n’était que l’adaptation opportuniste de ce plan, au vu des faiblesses internes graves qu’avaient présenté un Congo-Zaïre agonissant, tué par le régime Mobutu, jadis soutenu par les mêmes qui, au lieu de soutenir la transition démocratique qui se faisait au Zaïre, soutenaient cette fois Kigali et Kampala. Nous répondons à la question de savoir “pourquoi?” ce choix.
Dans “La crise des réfugiés en 1996-1997 et la Première guerre du Congo-Zaïre“, nous revenons sur la façon dont s’est déroulée la première guerre d’agression du Congo, et son maquillage en rébellion. Nous montrons en quoi le massacre des Hutus n’était qu’un pur et simple génocide. Nous présentons enfin les grandes lignes du court règne de Laurent Désiré Kabila avec les étrangers conquérants, le pillage des ressources du Congo par les puissances régionales et occidentales et analysons la fin de leur lune de miel.
Dans “Deuxième guerre du Congo : une guerre sang % minérale”, soutenons, ce qui est toute fois une évidence, que la Deuxième du Congo a été la signature des véritables ambitions de ceux qui ont organisés la destruction du Congo. Nous soutenons donc que ni l’ethnicité, ni la lutte pour les terres ne sont la cause primordiale du conflit qui ravage l’Est de la RDC et défend que les loyautés culturelles sont manipulées comme instruments de mobilisation, alors que les troupes mobilisées sont utilisées pour réaliser des objectifs économiques. Nous montrons comment la façon dont cette guerre a été réglée, posait les bases d’une guerre guerre sans fin au Congo-Zaïre.
Dans “Transition, Culture de conflit et Économie de guerre au Congo”, nous montrons comment se passe ce qu’il convient d’appeler la Troisième guerre du Congo“. Nous expliquons qu’avant la guerre d’agression, les rivalités au sein du peuple congolais concernaient uniquement d’une part, la représentation politique des groupes ethniques dans les structures de l’État, et d’autre part, la lutte pour la préservation de l’espace politique (autochtone). Nous montrons que le conflit bipolaire rwandais importé au Kivu (Hutu versus Tutsi) et nourri par le mouvement naturel des populations, les migrations forcées et organisées, les flux des réfugiés, les campagnes militaires, le déplacement sanglant des peuples congolais de leurs terres, etc., a conduit à la dualisation de la société congolaise et à l’expansion territoriale de la confrontation violente, modifiant la nature des rapports entre les peuples, passant des rivalités ordinaires à une animosité de fait. Nous montrons ensuite que cette dualisation est un brouillard parfait, cachant le problème de fond qui reste l’exploitation, la possession et le contrôle des terres riches de l’Est du Congo, et que l’économie de guerre persistant n’est la conséquence d’un État-Nation détruit complètement. Nous démontrons enfin en quoi consiste concrètement la stratégie de guerre par procuration au Congo.
Dans “Congo, État fantoche, pays sous-tutelle”, nous tranchons le nœud gordien de la problématique sécuritaire actuelle au Congo. Nous montrons comment des acteurs régionaux et internationaux entretiennent une tutelle insidieuse du Congo officiellement contre les troubles dans l’Est du pays en s’accommodant avec un État prédateur dans un pays exsangue dont toutes les ressources et principalement celles minières font l’objet d’un véritable pillage systématique.
Enfin, dans “Comment sortir le Congo de la crise sécuritaire”, nous proposons quelques pistes de solutions. Les mots clés sont : État, Justice sévère et Dissuasion militaire. Nous rappelons que sans la justice, sans des sanctions, sans une armée dissuasive, le spectre de la violence et d’une autre génération d’enfants perdus dans les ravages de la maladie, de l’esclavage et de la guerre plane sur l’avenir de la République Démocratique du Congo. Nous soulignons enfin la nécessité de mettre fin au commerce illicite des ressources naturelles, et proposons comment.