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Laborieux processus de désignation du président de la Ceni : la dernière ligne droite

C’est un dossier délicat, complexe et qui traîne depuis des semaines en République Démocratique du Congo: celui de la proposition d’un nom pour un nouveau président de la Ceni, la commission électorale du pays, pour les élections de 2023. Les confessions religieuses du pays n’arrivent pas à se mettre d’accord. Mais les réunions et les ultimatums se multiplient ces jours-ci. 

Comment se déroule le processus ?

En RDC, les huit confessions religieuses ont le pouvoir de proposer le président de la Céni. Leurs représentants échangent, débattent, proposent des noms, puis se mettent d’accord par consensus ou votent, avant de transmettre le nom à l’Assemblée nationale, qui doit le confirmer, avant nomination officielle par le chef de l’État. Le mandat des membres de l’actuelle Céni a expiré en juillet 2019. Mais l’an dernier déjà, les confessions religieuses n’avaient pas réussi à se mettre d’accord sur le nom d’un nouveau président. Le chef de l’État avait alors refusé de signer officiellement la nomination de Ronsard Malonda, un membre de l’équipe déjà en place. Depuis c’est Corneille Nangaa, dont le mandat officiel a donc expiré, qui gère les affaires courantes. Une nouvelle commission doit être mise en place avant les élections prévues en 2023.

Qu’est-ce qui bloque ? 

Le problème repose sur un désaccord entre deux blocs : le duo formé par la Cenco, l’Église catholique, et l’Église du Christ s’opposent au choix des six autres confessions. Elles soupçonnent en fait des manœuvres et pressions politiques derrière le choix du candidat… Ce qui rendrait le président de la Ceni non indépendant et mettrait en danger les élections de 2023. Fin juillet, aucun accord n’avait été trouvé. Le désaccord avait une nouvelle fois éclaté au grand jour. Mais, à l’unisson cette fois, la plateforme des confessions religieuses avait dénoncé “des pressions, des intimidations et des menaces de toutes sortes dont sont victimes certains de (ses) membres“.

Face au blocage, une mission de bons offices a été lancée. C’est la société civile qui la gère. Cette mission a pour l’heure rencontré les huit confessions religieuses du pays et tente de trouver un consensus. “Nous avons observé, après tous les échanges que nous avons eus, le désir, au niveau de chaque confession religieuse, d’avoir un pont de confiance, qui permettent au dialogue entre toutes les confessions religieuses”, assure son rapporteur Richie Lontulungu.Nous avons été en mesure de briser la glace pour rétablir ce dialogue.”  D’autres réunions ont eu lieu, notamment à l’Assemblée nationale. Le président de cette assemblée avait fixé ce mercredi 18 août comme ultimatum pour que tous se mettent d’accord. Il a finalement accordé, après réunion ce mardi, la date de vendredi 20 août, avec report encore possible sur demande. 

Réunions encore à venir… 

Encore faudrait-il que les représentants des huit groupes se mettent autour de la table… Certains craindraient d’être enregistrés et de ne pas pouvoir parler si cela se faisait à la CENCO ou dans les bureaux de l’Église du Christ. La société civile a donc proposé ses locaux ce mercredi. “Nous sommes optimistes, et nous avons dit aux chefs des confessions religieuses, qu’ils ont eu une responsabilité qui est très élevée, face au processus électoral devant conduire aux élections de 2023″, insiste le rapporteur de la mission des bons offices Richie Lontulungu. “Ces élections doivent permettre à la RDC de consacrer définitivement sa démocratie. C’est un rendez-vous auquel nous tenons tous et nous devons travailler dans le sens de dépasser nos divergences, pour y arriver avec paix.”

Des rencontres doivent avoir lieu ce mercredi encore. Il semble en tous cas urgent de trouver un accord et de faire retomber la pression autour de ce dossier. L’archevêché de Kinshasa et des églises catholiques ont été caillassés le week-end dernier.

Joseph Baraka.

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