États-Unis et destruction du Congo: “Humanitarisme” sans responsabilité?

La Belgique, les États-Unis, la Grande Bretagne etc., ont-ils contribué à la déstabilisation de l’État congolais post-indépendance? Sans nier le rôle des facteurs nationaux et régionaux dans l’insécurité chronique qui afflige la RDC, cet article jette un regard critique sur la problématique de la déstabilisation extérieur du Congo.


Problématique

“L’horreur! L’horreur!” Cette dernière exclamation, prononcée par Joseph Conrad en 1899, caractérise la perception qu’a le monde du Congo: une terre en proie à la tragédie. En effet, plus de deux siècles se sont écoulés depuis que cet écrivain a qualifié ce qui est aujourd’hui la République démocratique du Congo de cœur des ténèbres. Et  cette perception d’elle en tant que lieu de l’inhumanité perdure. En effet, l’ambiguïté et l’intrigue de ce pays riche en minéraux ont été mobilisées dans son exploitation aux dépens de sa population civile. Depuis lors, considérer l’instabilité comme la norme en RDC a excusé une invasion quasi constante et une faillite de l’État.

Les effets de la destruction sont considérables. En fait, il était estimé en 2008 que plus de 5,4 millions de personnes sont mortes depuis 1998 de la guerre au Congo, c’est-à-dire depuis la Deuxième guerre du Congo, ignorant donc la Première guerre du Congo qui a eu lieu entre d’otobre 1996 à mai 1997, et au cours de la quelle des congolais et des centaines de milliers de réfugiés hutus furent massacrés parce que Kigali et Kampala, parrainés par Londres et Washington, avaient décidé de balayer les “génocidaires”. Et après 2008, les petites guerres et la déstabilisation nées de ces guerres continuent à endeuiller le pays de la pire des manières, qu’il est estimé à présent que depuis 1996, plus de 10 millions des congolais sont morts dans une guerre dont ils n’ont jamais voulu. Par ailleurs, depuis, ces guerres, le peuple congolais qui avait besoin dès 1990 d’un soutien sincère des pays puissants et de l’ONU pour l’aider à se réformer de l’intérieur à partir de la Conférence nationale souveraine qu’il a avait obtenu contre la dictature de Mobutu Sese Seko, a vu son pays et son avenir etre anéanti de l’extérieur: tissus social, politique, sécuritaire, économique et finanier ont été littéralement détruits. La violence sexuelle suivi souvent des mutilations à l’arme blanche est devenue une arme de guerre de premier plan. Le taux de chômage ou de sous-emploi dans tout le pays s’élève à 90% de la population. C’est plus qu’un génocide qui se passe au Congo.

Pourtant, en mars 1998, le président américain Bill Clinton a prononcé un discours à Kigali, au Rwanda, promettant de ne plus jamais permettre à un génocide de se reproduire. Moins d’un mois plus tard, a eu lieu des crimes odieux dans les villages autour de Butembo par les militaires de l’Armée Patriotique Rwandaise (APR) via son agression sous fausse bannière (AFDL): des tueries, des viols, des incestes forcés, des pillages, des enterrements des gens vivants, des tortures ainsi que des arrestations arbitraires ont été commises. Certaines des victimes ont été abattues chez elles, d’autres ont été emmenés au camp militaire de Kikyo où ils ont été enfermés, écrasés par des jeeps ou enterrés vivants (UNOHCHR, 2010). Ce n’est là qu’un des 238 incidents répertoriés dans le Rapport Mapping de l’ONU (reconnu incomplet de l’aveu même des auteurs).

Malgré la gravité de cette dévastation qui dure depuis des décennies, elle s’est déroulée sans attention constante des médias occidentaux ni intervention internationale constructive. Aucune mesure concrète n’a été prise pour tenir les responsables de ces actes de violence responsables. Si la culpabilité des forces congolaises et des États voisins notamment celle de nombreux coupables qui sont toujours au pouvoir en tant que chefs d’État, commandants militaires ou entrepreneurs, est clairement visible; le rôle du Nord global dans le déclenchement et le maintien de la destruction du Congo est plus opaque.

À une époque où la rhétorique de l’universalité des droits de l’homme et de la «responsabilité de protéger» s’exprime, la persistance de graves violations des droits de l’homme exige une explication. L’ignorance ne peut servir d’excuse pour ne pas agir, car des violations des droits de l’homme ont été signalées tout au long du conflit. De plus, la présence de milliers de soldats de l’ONU en RDC depuis 1999 atteste de la capacité de la communauté internationale à recueillir de plus amples informations. Si ce n’est donc pas le manque de connaissances, pourquoi cette violence est-elle autorisée à continuer? Pourquoi le monde ferme les yeux? S’il est important de comprendre comment l’absence d’un État fort en RDC a facilité cette destruction continue, une exploration de la manière dont la communauté internationale a permis aux conflits de ne pas être évités et de se poursuivre est le but de cette discussion. Nous mettrons en avant la responsabilité des États-Unis d’Amérique en particulier.

Un pays très riche pour être indépendant

En tant que l’une de ses ressources les plus précieuses, les minéraux du Congo ont suscité l’intérêt de l’occident depuis la deuxième guerre mondiale. L’indépendance proclamée, la Belgique a manifesté son intérêt pour ces minerais en soutenant la sécession katangaise dirigée par Moise Tshombe dans les premières années suivant l’indépendance. Ils l’ont fait par désir de maintenir un contrôle économique sur la région riche en minéraux. Si la sécession avait réussi, elle aurait probablement mis le Congo en faillite dans son ensemble. Contrairement à la Belgique qui n’en avait rien à faire car ses principaux intérêts étaient économiques (l’Union Minière du Katanga, aujourd’hui Gécamines était sa passion), les États-Unis considéraient la lutte géopolitique contre le communisme comme leur principal objectif dans les premières années de l’indépendance du Congo. Ainsi, la guerre froide les a amenés à installer et soutenir Mobutu en tant que force stabilisatrice qui leur serait loyale après avoir fait assassiner Patrice Lumumba qui était nationaliste. En ce qui concerne la sécession du Katanga, le chef de station de la CIA, Larry Devlin, avait en fait pensé qu’elle pourrait conduire à la pagaille du redécoupage des frontières et a donc déconseillé aux États-Unis de soutenir Tshombe (Larry Devlin, 2007).

Entretien et chute de Mobutu

Immédiatement après la chute du mur de Berlin, les États-Unis n’ont plus eu besoin de Mobutu.

Le Secret bureaucratique, prélude à l’Empire du Silence

Comme ce fut le cas avec l’assassinat de Lumumba, la relation entre Mobutu et le gouvernement américain donne un aperçu du fonctionnement du secret bureaucratique. En effet, pendant la guerre froide, les citoyens américains connaissaient des détails limités sur les guerres par procuration qui se déroulaient dans le monde afin, apparemment, de protéger leur sécurité. Beaucoup considéraient cette protection comme nécessaire, mais les protestations contre la guerre du Vietnam montrent un manque de soutien total aux efforts anticommunistes. La révélation complète des pratiques militaires peu orthodoxes, et sans doute contraires à l’éthique, utilisées dans ces guerres par procuration et le soutien des dirigeants tyranniques auraient selon toute vraisemblance rencontré une opposition. Dans ce contexte, le secret est devenu essentiel. Si le grand public savait de quelle manière il était protégé, il se sentirait probablement plus moralement responsable de censurer les actions de son gouvernement. Le fait même que le gouvernement ait gardé certaines de ses opérations secrètes au-delà de la période de temps nécessaire à leur exécution suggère qu’elles ne recueilleraient pas un soutien universel. À un certain niveau, le public savait qu’il préférait ne pas comprendre les moyens par lesquels il était protégé – tant qu’il pouvait se sentir en sécurité.

Les méthodes de secret qui maintiennent les opérations gouvernementales en dehors de l’attention du public se sont poursuivies au-delà de la période de la guerre froide et se sont étendues au-delà du domaine de la sécurité nationale. Aujourd’hui, les effets du secret sur les relations entre les États-Unis et la RDC se situent en grande partie en dehors des informations classifiées. Ils relèvent plutôt du domaine de l’inattention et du manque de responsabilité du public (Of course, there may be information that is more technically secret, but by definition this is information I do not have access to). Le fait que les États-Unis aient soutenu Mobutu tout au long de son règne au Congo a de plus en plus été exclu de la reconnaissance publique. Par exemple, le rapport 2008 du Government Accountability Office sur la situation au Congo déclare: «En 1965, moins de 5 ans après que la nation a obtenu son indépendance de la Belgique, un régime militaire a pris le contrôle de la RDC et a gouverné, souvent brutalement, pendant plus de 3 décennies» (US GAO. 2008). Le rapport ne mentionne pas le nom de Mobutu lorsqu’il fait référence à ce «régime militaire» et ne reconnaît pas non plus le rôle des États-Unis dans le maintien du régime de Mobutu.

Le rapport poursuit en expliquant comment ce régime «a été renversé en 1997 par une coalition de groupes internes et de pays voisins à l’est, dont le Rwanda et l’Ouganda» (US GAO. 2008). Il ne mentionne pas que les États-Unis ont soutenu le Rwanda et l’Ouganda dans ces efforts (Prunier, Gérard. 2009). Les États-Unis sont allés jusqu’à former des membres de l’Armée patriotique rwandaise (APR) et à fournir des avions militaires sous couvert de soutien humanitaire (Prunier, Gérard. 2009).

Le soutien des États-Unis au régime Tutsi

Le soutien des États-Unis a commencé lorsque le l’APR/FPR a envahi le Zaïre dans les mois qui ont suivi le génocide rwandais, en prétendant rechercher des génocidaires. Un million de réfugiés du Burundi et du Rwanda vivaient alors dans l’est du Congo à partir de 1994. Environ la moitié d’entre eux sont restés en 1997 (Stearns, Jason K. 2011). Si les camps de réfugiés ont parfois servi de refuge aux rescapés de l’armée hutu (ex Forces armées rwandaises ou FAR), les réfugiés étaient essentiellement des civils innocents (Stearns, Jason K. 2011). Selon le récit officiel, comme la Communauté internationale n’avait pas la volonté de prendre les mesures nécessaires pour séparer les génocidaires des réfugiés innocents, l’APR/FPR a massacré des centaines de milliers de réfugiés, ainsi que les ex FAR.

Gérard Prunier explique pourquoi les États-Unis n’ont pas agi pour empêcher les massacres et l’invasion qui a suivi en disant: «Le soutien américain au Rwanda, à l’Ouganda et aux ‘rebelles’ qu’ils soutenaient ne provenait pas d’un plan machiavélique visant à démembrer le Congo et à s’emparer de ses richesses minérales. Elle est simplement venue d’un profond malaise de la part du président Clinton, à l’image de celui d’une grande partie de l’opinion publique américaine, qui ne pouvait concevoir une Amérique qui ne serait pas du côté des “bons”» (Prunier, Gérard. 2009). C’est une description appropriée, du point de vue officiel. Car le génocide rwandais a été largement compris aux États-Unis en termes simplifiés à travers le prisme de l’Holocauste. De ce point de vue, la population hutu reflétait les nazis comme étant uniformément mauvais et le FPR était présenté comme les sauveurs moralistes du peuple tutsi.

En 1994, malgré la protestation du gouvernement congolais à l’époque affirmant que le Rwanda n’était pas menacé, la communauté internationale lève l’embargo sur les armes en faveur du Rwanda tout en le maintenant pour le Zaïre, empêchant ainsi celui-ci d’exercer le droit à la défense de son intégrité territoriale. La levée de l’embargo sur les armes pour le Rwanda trahit, après coup, la préparation dès 1994 de l’agression dont le Zaire sera victime en septembre 1996. Cela apparaitra clairement lorsqu’il sera question d’envoyer une troupe internationale dans le Haut-Zaire et le Kivu pour reconduire au Rwanda les réfugiés hutu venus au Congo. L’ONU en votera la résolution, mais des poids lourds de la Communauté internationale s’y opposeront à une exception près. Les raisons avancées – le retour déjà effectif des refuges chez eux – étaient manifestement fausses, puisque quelques semaines plus tard, ces réfugiés arrivaient à Tingi-Tingi (Lubutu). L’envoi de la troupe internationale aurait certainement sauvé une multitude de vies humaines.

Vendredi 30 octobre 1998, Susan Rice (secrétaire d’État adjointe aux Affaires africaines, États-Unis) visite Kinshasa. Au cous de sa visite, lors d’une rencontre avec les membres de la société civile à Kinshasa, elle déclare: «Une de trois grandes préoccupations de Washington est celle de garantir, dans la Région des Grands Lacs, un espace pour l’ethnie tutsi, pas seulement pour les banyamulenge, tutsi autochtones du Congo, mais également pour le groupe d’origine nilotique plus en général». Car «les États-Unis, veulent éviter un nouveau génocide», a-t-elle poursuivi. Logique étrange, c’est le moins que l’on puisse dire: le souci d’éviter un autre génocide devrait plutôt pousser les américains à exercer une pression sur les régimes dictatoriaux tutsi et exiger le dialogue, la réconciliation nationale et la démocratie en Ouganda, au Rwanda et au Burundi. Par contre, leur appui à l’agression et à l’occupation du Congo n’a fait que créer les conditions susceptibles de provoquer le drame humain qu’ils disent vouloir éviter, après toutes les violences et les humiliations infligées à la population congolaise.

Cela peut se comprendre si l’on se limite à penser qu’après la guerre froide, les États-Unis espéraient s’imposer internationalement comme un hégémon bienveillant respectant les normes mondiales des droits de l’homme. Les États-Unis avaient manifestement échoué lors du génocide rwandais. La culpabilité persistante de la communauté internationale pour être restée passive pendant le génocide a influencé la politique étrangère de la décennie suivante. Ainsi, lorsque l’Ouganda et le Rwanda sont allés au-delà de l’autodéfense et ont parrainé des troupes rebelles pour éliminer Mobutu et installer Laurent-Désiré Kabila comme nouveau dirigeant du Congo, ils l’ont fait sans critique ouverte. En fait, Paul Kagame et son Front patriotique rwandais (FPR) sont devenus très habiles à jouer sur la culpabilité occidentale et ont réussi à manipuler le Congo dans ce qu’on peut appeler le premier cas d’impérialisme africain (Prunier, Gérard. 2009).

Berger de paix ou Loup?

Malgré le rôle joué par les États-Unis dans la facilitation de l’invasion du Congo, la première implication américaine que le rapport du GAO reconnaît est son soutien aux pourparlers de paix qui ont débuté en 2001 (US GAO. 2008). En ignorant toute complicité dans la crise qui a mené aux pourparlers de paix, le rapport positionne les États-Unis en tant que force extérieure bienveillante uniquement intéressée à guérir ce que d’autres acteurs avaient brisé par erreur. Cependant, même cet objectif superficiellement bienveillant de soutenir les pourparlers de paix n’a pas stabilisé le Congo. Prunier explique comment ces pourparlers de paix n’ont laissé «que des positions mineures à la société civile et à l’opposition non armée. Cela revient à offrir à la population congolaise, sous couvert de gouvernement, une coalition de gens qui ont pillé leur propre pays, de rebelles prédateurs et de fonctionnaires corrompus» (Prunier, Gérard. 2009).

En effet, placer au pouvoir les responsables de la déstabilisation du pays dans un processus qui excluait le public a laissé au nouveau régime peu de légitimité. Cela a également rétabli la norme selon laquelle le pouvoir pouvait être obtenu par une sorte de gouvernement machiavélique par la force armée plutôt que par le consentement. Après le processus de paix, l’État a continué à dépendre de sa force coercitive pour maintenir le peu de contrôle qu’il avait sur la nation. En tant que telle, aucune hégémonie Gramscienne créée par le consentement de la nation n’a été réalisée, et l’État manquait de légitimité. Les factions rebelles ont pu continuer à trouver des partisans qui n’avaient pas encore d’allégeance significative à la nouvelle direction de Kinshasa, et la paix n’a pas réussi à s’enraciner après 2001.

La légitimité de l’État a été encore plus endommagée par le fait que Kabila n’a pas été en mesure de maintenir même le minimum de souveraineté territoriale. Les divisions internes et les forces externes ont continué à menacer le monopole de Kinshasa sur l’usage de la force. En raison de l’incapacité d’assurer la sécurité, de nombreux Congolais ont rejoint des groupes armés non étatiques pour tenter de trouver un semblant de sécurité. L’État a également été incapable de créer des moyens alternatifs significatifs d’engagement économique en dehors de la participation à des activités militaires (Prunier, Gérard. 2009). L’incapacité de l’État à assurer la sécurité économique ou physique a aggravé sa faiblesse. L’installation de Laurent-Désiré Kabila à la présidence, principalement par la communauté internationale, n’a guère remédié à cette insécurité et à cette absence de contrôle de l’État. La solution n’était suffisante que dans la mesure où elle permettait aux opérations minières de générer un profit pour les investisseurs étrangers (Stearns, Jason K. 2011).

Parallèlement au changement de régime en 2001, la politique étrangère américaine a également subi une transformation extrême. L’administration Bush nouvellement installée avait des sentiments de culpabilité moins directs pour le génocide rwandais, car elle n’était pas au pouvoir lorsqu’il s’est produit. De plus, au cours de sa campagne, George Bush a exprimé son désintérêt pour le continent africain en déclarant clairement: «L’Afrique ne fait pas partie des intérêts stratégiques des États-Unis». Tout cela a abouti à un soutien moins fervent au président rwandais Paul Kagame et à ses opérations au Congo. En 2002, le secrétaire d’État Colin Powell a déclaré: «Les États-Unis ne soutiendront aucune solution à la crise congolaise qui ne respecterait pas son intégrité territoriale» (cité par Prunier, Gérard. 2009). Puis, en 2003, les États-Unis ont tenté d’attirer les forces nationales ougandaises et rwandaises hors la RDC en proposant à l’Ouganda de l’aider à combattre la LRA et en menaçant le Rwanda de sanctions (Prunier, Gérard. 2009).

Une tutelle qui a tué le pays

Une partie de la raison pour laquelle le Congo était si vulnérable à l’invasion était que Mobutu avait été au centre de toutes les forces de sécurité nationales. Sans lui, il n’y a pas eu d’intégration institutionnelle des différents groupes armés opérant dans le pays. Le fait que Mobutu dépendait tout au long de sa présidence de mercenaires étrangers suggère que même lui n’a jamais contrôlé les forces zaïroises (Wrong, Michela. 2000). Laurent-Désiré Kabila a dû faire face à d’autres complications pour gagner l’allégeance de l’armée puisqu’il a initialement pris le pouvoir avec l’aide de l’Ouganda et du Rwanda. Cela signifiait qu’il avait parfois directement combattu les forces qu’il était désormais censé diriger. Peu de temps après son entrée en fonction, Kabila a déclaré que toute force étrangère en RDC serait considérée comme ennemie (Prunier, Gérard. 2009). Ce faisant, il a tenté de redéfinir ses partisans étrangers comme faisant partie de l’armée nationale de la RDC.

Kabila se méfiait particulièrement de l’intervention occidentale. Cela est venu en grande partie des souvenirs des dommages que leur implication basée sur l’intérêt personnel avait causés pendant les premiers jours de l’indépendance. A un moment, Kabila a déclaré: «Si les marchands d’esclaves américains envisagent d’occuper le Congo pour piller ses richesses comme le font déjà leurs agents rwandais et ougandais dans les territoires occupés, le peuple congolais leur montrera… qu’ils ne subiront jamais passivement un génocide comme les Indiens d’Amérique… L’agression impérialiste… est un complot qui vise finalement à réduire tous les Congolais en esclavage. Il faut démasquer l’ennemi même s’il se cache sous une soutane, portant le masque d’une organisation humanitaire ou celui d’un diplomate» (Prunier, Gérard. 2009). Alors que la rhétorique de Laurent-Désiré Kabila suggère qu’il aurait cherché plus de souveraineté pour le Congo, on ne peut pas en être sûr car après seulement quatre ans au pouvoir, l’un de ses gardes du corps l’a assassiné (Stearns, Jason K. 2011).

Par la suite, son fils, Joseph Kabila, a pris la présidence dans ce qui était censé être une période de transition temporaire. Contrairement à son père, Joseph a travaillé pour créer une base de pouvoir pour lui-même au sein de la communauté internationale.  Comme son père, Joseph Kabila a également lutté pour unir les différents groupes armés à l’intérieur du pays. À la suite du Dialogue intercongolais, tous les groupes armés opérant dans le pays ont été intégrés aux FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo). Malgré ces efforts, cependant, une grande partie de l’armée sous-payée continue de vivre des fruits des populations locales et d’exploiter l’industrie minière à des fins personnelles (Prunier, Gérard. 2009). En outre, certains des dirigeants incorporés dans les FARDC sont des criminels de guerre bien connus, et certains, sont des rwandais purement et simplement. La Cour pénale internationale a inculpé l’un de ces individus, Bosco Ntaganda, pour des crimes tels que le recrutement d’enfants soldats. Au mépris de cet acte d’accusation, sous pression des accords que le refus de faire justice au Congo lui imposé de signé, Kabila nomma Ntaganda général et intégra ses forces aux FARDC. La volonté de mettre un peu d’ordre dans l’armée suite aux désordres que les milices étrangères au sein de l’armée nationale entrainait a causé  des problèmes à Kabila à partir du printemps 2012 lorsque Ntaganda s’est rebellé des FARDC avec ses troupes du M23 soutenues par le Rwanda et l’Ouganda dans la région du Nord-Kivu.

Les cas de souveraineté territoriale brisée et l’absence de monopole de la violence montrent la faiblesse persistante de l’État congolais. Non seulement des troupes étrangères opèrent en RDC, mais les forces «légitimes» en RDC nuisent également au sentiment de sécurité des populations locales. Cela est particulièrement vrai dans la mesure où le viol a été utilisé comme une arme de guerre destinée à déplacer des communautés entières afin de faciliter la domination régionale. Les groupes armés ont pu agir en toute impunité, car l’État ne peut offrir une protection complète. Il ne peut pas non plus soutenir une économie basée sur des activités autres que l’engagement militaire. Afin d’accroître la stabilité, les deux domaines qui pourraient bénéficier le plus d’améliorations en RDC sont le secteur de la sécurité et la réforme économique (Prunier, Gérard. 2009).

Humanitarisme? Rien de plus cynique!

Outre l’engagement diplomatique, l’essentiel de l’influence américaine au début des années 2000 a pris la forme d’une aide humanitaire présentée comme apolitique et préférable à une intervention militaire. D’autres attributs de l’aide humanitaire étaient son faible coût relatif, son apparence comme la forme d’intervention la plus consensuelle et la facilité avec laquelle les médias pouvaient convaincre les téléspectateurs d’outre-mer que leur gouvernement faisait quelque chose (Prunier, Gérard. 2009).

L’aide humanitaire et au développement accordée aux pays de la région des Grands Lacs, cependant, a créé ses propres problèmes. Kigali et Kampala ont compris très tôt qu’ils pouvaient attirer l’attention des médias et jouer sur la culpabilité occidentale pour obtenir des aides aux projets de développement. Cette aide a soutenu les besoins de leurs électeurs au niveau national et leur a permis de dépenser davantage de revenus du gouvernement pour les opérations militaires au Congo (Prunier, Gérard. 2009). En plus de renforcer les opérations militaires, la communauté internationale a également permis aux tensions politiques de continuer à couver en finançant des camps de réfugiés au lieu de se concentrer comment faciliter les retours en toute sécurité au Rwanda. En empêchant le retour des réfugiés, les soldats des ex-FAR pouvaient se remilitariser depuis l’intérieur du Congo (Stearns, Jason K. 2011). La menace d’une revigoration des ex-FAR a accru les tensions avec les dirigeants du FPR au Rwanda et accru leur sentiment d’insécurité. Cette insécurité a conduit à davantage de massacres de réfugiés au Rwanda (Prunier, Gérard. 2009).

Les membres de la communauté internationale se sont sentis obligés d’agir; cependant, ils n’avaient pas la volonté de prendre les mesures nécessaires pour assurer une stabilité durable. L’inaction et une aide malavisée ont donc permis une déstabilisation supplémentaire du Congo. Une fois de plus, le pays qui s’était vu refuser une révolution unificatrice et retenu en otage sous un régime militaire égoïste pendant trente ans a été encore plus fragmenté alors que les pays voisins utilisaient sa terre comme champ de bataille et les corps de son peuple comme armes.

Les efforts des États-Unis se sont concentrés sur des actions qualifiées de «humanitaires», qui sont prétendument pour le bien du peuple congolais. Cependant, ceux-ci sont souvent planifiés sans concertation approfondie quant à leurs besoins ou désirs. Le cadre de l’aide humanitaire masque également tout objectif intéressé. Cette tendance à l’humanitarisme est mise en évidence dans le rapport de 2008 du Government Accountability Office des États-Unis sur les «Efforts pour atteindre les objectifs de la politique américaine» en RDC. Il a constaté que, au cours des années précédentes, soixante-dix pour cent des fonds américains dépensés en relation avec la RDC étaient destinés à des «objectifs de développement humanitaire et social» alors que les «objectifs de ressources économiques et naturelles, de gouvernance et de sécurité» n’ont reçu que trente pour cent des fonds (US GAO. 2008). Le rapport définit l’objectif de l’engagement américain comme «renforcer le processus de réconciliation interne et de démocratisation pour promouvoir une RDC stable, en développement et démocratique» dans le but de «soutenir, mais non diriger, les efforts de la RDC pour résoudre ses problèmes». Ce rapport a été produit comme une évaluation mandatée par la «Loi de 2006 sur le secours, la sécurité et la promotion de la démocratie en République démocratique du Congo». Cette loi, parrainée par le sénateur Barack Obama et coparrainée par douze autres sénateurs, dont Hillary Clinton, décrit les objectifs de la politique américaine concernant l’engagement bilatéral et multilatéral avec la RDC. Malheureusement, il n’y a pas eu de tels rapports obligatoires depuis 2008 concernant la situation en RDC en général, bien qu’il y ait eu deux rapports spécifiques, l’un concernant la violence sexuelle et l’autre concernant les minerais de conflit.

L’absence de signalement n’est pas la seule partie de la loi qui n’a pas été respectée sous l’administration du président Obama. Un aspect clé de la loi qui a été ignoré est l’article 105, qui stipule que: «Le secrétaire d’État est autorisé à retenir l’assistance mise à disposition en vertu de la loi sur l’assistance étrangère de 1961, autre que l’assistance humanitaire, de maintien de la paix et de lutte contre le terrorisme, pour un pays étranger si le Secrétaire détermine que le gouvernement du pays étranger prend des mesures pour déstabiliser la République démocratique du Congo» (S. 2125—109th Congress, 2006). Il est quelque peu surprenant que cet article n’est pratiquement pas mis en œuvre dans le cas du Rwanda ou de l’Ouganda, alors que ces deux pays sont impliqués dans la déstabilisation de la RDC en soutenant le M23, entre autres milices.

Dans une allocution prononcée devant le House Armed Services Committee, le secrétaire d’État adjoint au Bureau des affaires africaines, Johnnie Carson, a déclaré que le gouvernement rwandais avait «fourni un soutien militaire et politique important au M23» et que des individus en Ouganda leur avaient également offert leur soutien. Aucune mesure n’a été prise contre l’Ouganda pour leur implication, et au Rwanda, le seul financement qui a été suspendu est le financement militaire étranger. Alors que Carson a promis que le Département d’État réexaminerait son aide, le Rwanda continue de recevoir d’autres formes d’aide du gouvernement américain. En outre, l’article 107 de cette loi demande au président de «nommer un envoyé spécial pour la région des Grands Lacs pour aider à coordonner les efforts visant à résoudre l’instabilité et l’insécurité dans l’est du Congo». Plutôt que de le faire, il a fallu cinq ans à Obama pour nommer R. Barrie Walkley comme représentant spécial pour la région des Grands Lacs, un statut inférieur à celui d’envoyé spécial.

Un flou volontairement entretenu

Deux caractéristiques de la politique étrangère qui encouragent l’engagement du public sont la simplicité du récit et le manque de politisation. La situation en RDC manque de ces deux éléments. Des récits tels que ceux racontés concernant le génocide rwandais et l’Armée de résistance du Seigneur établissent des dichotomies entre le bien et le mal dans lesquelles le public occidental peut facilement se rallier derrière un camp sans se sentir impérialiste: s’ingérer dans des nations moins puissantes est acceptable, tant que l’on peut être sûr d’agir du côté des innocents. Une simplification de ce type peut être trouvée dans les efforts de la communauté internationale pour maintenir le récit de l’APR/FPR en tant que sauveurs héroïques du Rwanda. Cela implique d’ignorer les informations faisant état du génocide des réfugiés hutus au Zaïre (Prunier, Gérard. 2009), toutes les attaques du FPR contre le Rwanda depuis 1990 ainsi que les conclusions des accords d’Arusha ou encore la responsabilité du FPR dans le déclenchement du génocide.

Nier ces complexités et accepter une version naïve de la vérité qui suggère qu’il y a des forces bonnes et mauvaises en jeu conduit à une impunité sélective qui permet parfois à ceux qui sont du côté des «bons» de s’en tirer littéralement avec le meurtre. En plus de permettre l’invasion, la législation créée aux États-Unis visant à prévenir de nouveaux conflits a continué d’être inefficace, voire directement nuisible.

La loi Dodd-Frank, une panacée?

Un seul sénateur américain n’était pas d’accord avec l’évaluation de Devlin et a exprimé son intérêt à soutenir Tshombe comme moyen de remédier à ce qu’il a qualifié de «crise du Congo». Dans son évaluation de la situation, il a mis en garde contre l’influence communiste et a expliqué que «si les forces congolaises sont maintenant revenues à la sauvagerie du passé antique, c’est parce qu’elles ont été encouragées à le faire par leurs mentors communistes, c’est parce que la sorcellerie et la terreur aveugle et même le cannibalisme sont maintenant devenus des instruments du communisme international dans la guerre froide», (Derek R. Lipman, 2010). Cet «homme vaniteux et sot qui ne savait rien de l’Afrique», comme l’a qualifié le représentant de l’ONU au Congo, pensait que combattre le communisme au Congo profiterait aux Congolais en les protégeant d’un retour à la «sauvagerie». Semblable à la Belgique, Dodd pouvait également voir les gains économiques d’une amitié étroite avec le gouvernement du Katanga.

Par coïncidence (ou non), cinquante ans plus tard, le fils de Thomas Dodd, le sénateur Chris Dodd, a co-écrit la loi Dodd-Frank sur la réforme financière et la protection des consommateurs de Wall Street de 2010. Alors que la majorité de cette loi se concentre sur la réforme intérieure de Wall Street en réponse à la crise financière de 2008, la section 1502 traite de la réglementation des minerais de conflit en RDC. Cette section charge la Securities and Exchange Commission (SEC) de créer des lignes directrices pour surveiller et empêcher la vente de «minéraux de conflit» aux États-Unis, car «Le Congrès a le sentiment que l’exploitation et le commerce des minerais de conflit provenant de la République démocratique du Congo contribuent à financer un conflit caractérisé par des niveaux extrêmes de violence dans l’est de la République démocratique du Congo, en particulier la violence sexuelle et sexiste, et contribuer à une situation humanitaire d’urgence» (H.R. 4173—111th Congress, July 21, 2010). Le représentant Brownback du Kansas a initialement proposé cette résolution seule, mais elle a ensuite été jointe à la loi Dodd-Frank dans un ajout de minuit qui ne nécessitait qu’un accord verbal plutôt qu’un vote formel ou une discussion (Fait intéressant, Brownback a fini par voter contre la loi Dodd-Frank car il n’était pas d’accord avec d’autres parties des réformes).

Alors qu’aux États-Unis, cette section a peu d’importance par rapport aux réformes plus larges du projet de loi qui ont un impact sur l’ensemble du secteur financier, elle a eu un impact quasi immédiat en RDC. La «loi Obama», comme on l’appelle au Congo, a provoqué une baisse spectaculaire des exportations de minerais de la RDC dans les mois qui ont suivi sa promulgation, les entreprises ne sachant pas comment procéder. Après deux ans de négociation sur la mise en œuvre de l’ordonnance du Congrès, la SEC a publié ses règles en août 2012. Les règles exigeaient que les entreprises utilisant des minéraux, y compris le tantale, l’étain, l’or ou le tungstène, d’une manière «nécessaire à la fonctionnalité ou à la production» d’un produit fabriqué ou sous contrat pour être fabriqué par l’entreprise «enquêtent sur les origines de ce matériau et confirment s’il soutenait ou non le conflit en RDC» (SEC. 2012). Ce rapport qualifie les minerais susmentionnés de «minerais de conflit», quelle que soit leur origine, puis il appartient de déterminer s’ils doivent être étiquetés sans conflit en RDC ou non (Pendant les deux premières années, les minerais peuvent également être étiquetés RDC conflit indéterminé si une entreprise est véritablement incapable de déterminer si oui ou non les minerais ont financé des groupes armés dans le conflit en RDC).

Ce qui reste flou tant qu’un processus de diligence raisonnable n’est pas créé, c’est la manière dont les agences de surveillance détermineront si ces produits «financent ou profitent directement ou indirectement à des groupes armés» (SEC. 2012). Une autre caractéristique fascinante de ces règles est le fait qu’elles dépendent de la participation et de la droiture morale du public américain pour avoir un effet. Plutôt que d’interdire l’importation de minerais de conflit qui ont financé le conflit en RDC, les règles exigent uniquement que les entreprises utilisant ces minerais fournissent une description des produits contenant des minerais qui ont contribué au conflit à la fois à la SEC et au public (SEC. 2012). Ces entreprises doivent passer par un processus de diligence raisonnable pour le faire, ce qui les empêcherait de simplement d’admettre avoir utilisé des minerais qui ont contribué au conflit afin d’éviter les dépenses liées à la vérification des mêmes produits que la RDC sans conflit. Cependant, la prémisse demeure que signaler qu’un produit contient des minerais qui ont contribué au conflit en RDC aurait suffisamment d’effet négatif sur une entreprise pour dissuader de continuer à utiliser les minerais qui financent le conflit. Les règles stipulent que la disposition «améliorerait la transparence» et «aiderait également les consommateurs et les investisseurs américains à prendre des décisions plus éclairées» (SEC. 2012).

Cette mesure législative semble renverser le secret bureaucratique. Plutôt que de s’appuyer sur l’ignorance du public pour permettre une action secrète sur la scène internationale, les règles d’échange des minerais de conflit cherchent à placer la responsabilité de l’arrêt de l’importation de minerais de conflit entre les mains des consommateurs et des investisseurs publics. Il est logique que les investisseurs détenant d’importantes participations dans des sociétés cotées en bourse ne veuillent pas que leur fortune soit investie dans des activités qui financent des viols, des massacres et le recrutement d’enfants soldats. À ce niveau, le désinvestissement, tout en restant idéaliste, est au moins probable si une entreprise continue sciemment à acheter des minerais qui ont été trouvés pour financer le conflit en RDC. Cependant, au niveau du consommateur, s’il est possible que chaque adolescent achetant un iPhone ou chaque entreprise achetant des ordinateurs privilégie la recherche de produits qui ne contribuent pas au conflit en RDC, ce n’est sûrement pas une fatalité.

L’expérience passée a montré que les consommateurs ne permettent souvent pas aux préoccupations morales d’agir comme le principal déterminant de leurs choix d’achat. Il n’est pas inconnu du public que le travail des ateliers clandestins produit une grande partie des vêtements et des chaussures vendus aux États-Unis, mais cette connaissance n’a pas amené tous les consommateurs à exiger des entreprises qu’elles cessent de compter sur des sources de main-d’œuvre bon marché. Le manque de sensibilisation du public au conflit dans la région des Grands Lacs peut également contribuer à de faibles niveaux d’investissement public en soutenant uniquement les entreprises qui fournissent des produits qui n’ont pas contribué au conflit.

En outre, exiger uniquement qu’une entreprise divulgue sur son site Web la description de ses produits, qui peuvent contenir des minéraux qui alimentent le conflit en RDC, manque de force significative. Inclure ce rapport quelque part sur un site Web ne serait pas difficile à faire d’une manière qui n’attirerait qu’un minimum l’attention du public. Il est peu probable que si une entreprise se trouvait dans une position telle qu’elle publierait un lien sensiblement grand sur sa page de couverture annonçant qu’elle «soutient la LRA depuis 1995». Plus que probablement, ces informations pourraient être cachées des pages de produits sous l’onglet qui resterait hors de vue de la majorité des consommateurs.

Il est compréhensible que les entreprises, les investisseurs et les consommateurs souhaitent pouvoir acheter des produits dont ils peuvent être relativement sûrs qu’ils ne financeront pas le conflit dévastateur en RDC. Ces mesures ont l’admirable intention de détourner les ressources des groupes armés qui terrorisent la région depuis plus de deux décennies. Cependant, compte tenu de la gravité des circonstances, les mesures sont plutôt lentes à agir. Proposé pour la première fois en 2008, le moment où toutes les parties réglementées par ces mesures seront tenues de faire un rapport définitif, ce sera en 2017. Plus de neuf ans se seront écoulés avec le peuple de la RDC vivant dans l’incertitude quant à savoir s’il pourra ou non gagner sa vie (SEC. 2012).

À première vue, la dépendance vis-à-vis de l’action publique concernant les minerais de conflit semble échapper au secret bureaucratique. Cependant, il se trouve que le contraire est vrai. La réglementation sur les minerais de conflit montre comment le public n’est impliqué que dans les actions que les États-Unis ne considèrent pas comme les plus vitales pour la sécurité nationale ou méritant une action urgente. Le gouvernement fédéral a confié au public la responsabilité de mettre fin au conflit en RDC. La procédure de rédaction de ces règles incluait une large participation du public quant à la meilleure façon de les mettre en œuvre. Au cours de la période de consultation publique, la commission a reçu 420 lettres relatives aux règles. Il y a également eu deux pétitions avec plus de 25 000 signatures et 13 400 lettres types envoyées par la poste soutenant «rapidement» la mise en œuvre de règles finales «fortes» (SEC. 2012). Malgré l’apparence d’implication du public, cependant, la SEC, un organe gouvernemental non élu, a décidé par un processus secret quelles seraient les règles finales.

De plus, personne au sein de la SEC ne sera tenu responsable du résultat des règles. Les économistes travaillant au sein de la SEC, qui ne sont décidément pas des experts de la situation politique en RDC, ont créé les directives finales grâce à un effort de collaboration. Et le fait que le point principal des personnes au sein de la SEC n’ait pas été bien étudié dans l’histoire ou la dynamique politique de la région des Grands Lacs, cependant, ne les a pas empêchés d’exécuter l’ordre d’écrire les règles. Si l’analyse de Benjamin est invoquée ici, l’éthique des fins ultimes, qui appelle uniquement les acteurs à commencer avec les meilleures intentions, pourrait excuser tout résultat négatif imprévu des règles de la SEC. Les règles elles-mêmes ne donnent aucune raison de penser que la SEC, ou le gouvernement américain au sens large, ait l’intention d’opérer selon une éthique de responsabilité pour le résultat de ces règles, car aucune surveillance du succès ou des effets des règles n’a été incluse dans le document de 356 pages.

En plus de démontrer comment les processus peuvent apparaître superficiellement démocratiques; les dispositions Dodd-Frank sur les minerais de conflit illustrent l’attitude du gouvernement américain envers le conflit en RDC. Aux États-Unis, ce conflit est une réflexion après coup qui ne mérite qu’une attention minimale lente et ne peut être discutée qu’en relation avec des questions plus importantes, comme la réforme de Wall Street. Plutôt que de confronter les gouvernements du Rwanda et de l’Ouganda à la crainte que les minerais exportés de leurs pays, qui ne pouvaient pas provenir du pays, aient pu être extraits de la RDC, Dodd-Frank agit comme si chaque pays voisin était également impliqué dans le conflit (Mvemba Dizolele, 2011).

Parallèlement à l’impact négatif que la négligence de Dodd-Frank est susceptible d’avoir sur les populations civiles générales de l’est du Congo, la réglementation sur les minerais de conflit opère sous des prémisses intenables et désobligeantes à l’égard des groupes armés. Tout d’abord, cela suggère que les couper du commerce des minerais dans la région stoppera complètement leurs activités. Cela suppose qu’ils n’ont pas de véritables objectifs politiques qu’ils se consacrent à mener à bien et qu’ils sont plus ou moins engagés dans ces activités militaires parce que c’est le moyen le plus simple de gagner de l’argent. Pour parler franchement, proposer une solution aussi simple au problème suppose que les habitants de la région des Grands Lacs tombent naturellement dans des schémas de viol et de pillage sans raison valable de le faire.

Deuxièmement, il énonce la conviction que l’est du Congo est leur port d’attache principalement en raison des minerais disponibles et non parce que le gouvernement central de la RDC n’a pas le contrôle du Kivu.

Troisièmement, la législation sur les minerais de conflit néglige de reconnaître l’humanité des personnes, souvent des enfants, qui font partie des groupes armés en ne considérant pas pourquoi ils font partie de ces groupes en premier lieu. Il n’y a aucune reconnaissance ici de la frontière floue entre la victime et l’agresseur dans le cycle de la violence. Les théories d’Allen Feldman sur la façon dont ceux qui sont considérés comme des «auteurs» sont généralement pris dans des systèmes de violence qui échappent à leur contrôle pourraient être utiles pour imaginer une méthode plus holistique pour lutter contre la violence, comme la constitution de sources de revenus légitimes, la mise en place de processus de paix axés sur un véritable partage du pouvoir et la recherche de la fin de l’impunité. L’état actuel des règles, cependant, suggère que l’aggravation du désespoir des groupes armés les conduira à négocier enfin la paix, sans tenir compte de la possibilité qu’ils exercent d’abord une pression supplémentaire sur la population civile.

Les États-Unis sont coupables

Quatre raisons majeures révèlent les facteurs qui ont contribué à la déstabilisation du Congo et suffisent pour montrer quelle est la responsabilité des nations étrangères dans la destruction des millions des vies.

Premièrement, l’impact de l’absence d’un État fort. Si l’on se rappelle les critères que Samatar et Samatar utilisent pour juger un État fort, à savoir le «monopole de la coercition; la territorialisation de la règle; la population fixe; la souveraineté; des activités économiques et culturelles; et la reconnaissance par d’autres États», (Abdi Ismail Samatar and Ahmed I. Samatar, 2002), la faiblesse du Congo/Zaïre comme État est indéniable: le seul critère à avoir été rempli dans la période post-indépendance est la reconnaissance par les autres États. Pour comprendre les origines cette faiblesse, il faut se souvenir que le colonialisme belge a davantage fragmenté des groupes de personnes déjà distincts et que les années qui ont suivi l’indépendance n’ont pas non plus produit un État capable et légitime du fait de la déstabilisation du Congo naissant par les États-Unis et la Belgique. Après que Kasavubu et Lumumba, démocratiquement élus, aient été chassés du pouvoir, l’État extractif de Mobutu installé et entretenu par les États-Unis et la Belgique s’est efforcé de désillusionner le peuple zaïrois en ce qui concerne les avantages potentiels d’un État fort. Plutôt que d’agir comme une source de cohésion sociale et de sécurité, l’État du Zaïre a encore plus affligé une nation qui avait été rassemblée au hasard pendant le colonialisme.

Même les politiques économiques et culturelles rigoureuses de Mobutu offertes par la zaïrianisation n’ont pas été appliquées dans toutes les régions. Les décennies de vie sous un État aussi faible et exploiteur ont fait des ravages sur le peuple congolais et ont à juste titre laissé de nombreuses personnes méfiantes quant à la capacité d’un État à fonctionner de manière positive. Pour que l’État congolais gagne en légitimité aux yeux du peuple et crée un sentiment plus fort d’une identité congolaise unifiée, il doit assurer la sécurité et réformer l’économie.

Deuxièmement, et lié à un État fort, la crise du leadership. Bien que la personne agissant en tant que chef de l’État ne soit qu’un facteur influençant la force de l’État, cette personne représente l’État auprès du peuple. Durant son bref mandat de premier ministre, Patrice Lumumba a démontré qu’il lutterait contre l’influence de la Belgique et des États-Unis afin de renforcer l’unité nationale. Il a été lâchement assassiné pour cela par les États-Unis et la Belgique. Installé par ceux-ci, Mobutu s’est voulu comme le savoir-faire de la nation qui assurerait l’unité et la stabilité. Mais il est devenu de plus en plus clair que son intérêt personnel et son désir de conserver le pouvoir nécessitaient d’affaiblir les forces potentielles de la concurrence. Son affirmation, et sa croyance possible, que sans lui le Zaïre tomberait dans le chaos l’ont poussé à s’accrocher au pouvoir aux dépens de la nation. Les actions de tous les hommes politiques qui l’ont suivi, souvent parrainés par ces mêmes nations ont montrent également l’influence prédominante de l’intérêt personnel, jusqu’à ce jour. Plutôt que de travailler à accroître la légitimité de l’État en se consacrant à des élections libres et équitables, chacun accuse d’autres politiciens de fraude et ne veut pas accepter le succès de son adversaire. Ils utilisent le divisionnisme pour gagner du pouvoir et fomentent la méfiance envers l’État chez les citoyens.

Troisièmement, l’incompétence et la corruption. Les acteurs extérieurs tels que les États-Unis pourraient s’efforcer de maintenir l’élite politique à des normes plus élevées dans les relations diplomatiques. Pendant la guerre froide, les États-Unis ont ignoré le fait que le pouvoir de Mobutu au Zaïre était basé sur l’exploitation et l’intimidation. Peu de temps après son entrée en fonction, le président Obama a déclaré qu’il soutiendrait des institutions fortes en Afrique plutôt que des hommes forts. Cependant, son administration n’a pas donné suite à cette déclaration concernant la RDC. Les élections présidentielles et législatives congolaises de 2011 ont manqué de transparence. Néanmoins, les États-Unis n’ont pas tenu le président Kabila responsable de sa complicité dans la désorganisation.

Bien qu’à court terme, la remise en question de la prétention des élus à la victoire puisse causer de l’instabilité, continuer à accepter les processus démocratiques corrompus comme valides affaiblit de plus en plus la légitimité de l’État. Cette attitude sous-estime le pouvoir de la légitimité, sachant pourtant que la capacité de faire confiance à la revendication d’autorité d’un leader est essentielle pour renforcer le consentement. Par ailleurs, en reconnaissant le pouvoir des dirigeants qui ont ouvertement trafiqué le processus électoral, les États-Unis affaiblissent leur crédibilité en tant que partisan mondial de la démocratie et leur capacité à légitimer l’État congolais.

Quatrièmement le non respect du droit international. Les États-Unis et la Belgique ont fait assassiner Lumumba et installé Mobutu par un coup d’État militaire. Grâce à leur coopération continue avec Mobutu pendant la guerre froide, les États-Unis et la Belgique ont fait passer leur stratégie géopolitique avant le bien-être et la liberté du peuple congolais. Cependant, les États-Unis n’ont pas été tenus responsables ni de cet assassinat (tout comme la Belgique), ni de leurs actions concernant leur soutien à Mobutu ou leur soutien plus récent aux invasions ougandaises et rwandaises. Sa position d’hégémonie mondiale permet aux États-Unis d’opérer avec une responsabilité limitée.

Parallèlement à l’incapacité de la communauté internationale à tenir les États-Unis responsables, la culture du secret bureaucratique a créé un vide de responsabilité dans les affaires internationales. Les politiciens occidentaux peuvent compter sur les fonctionnaires pour exécuter leurs ordres, comme dans les cas du complot d’assassinat de Lumumba et de la législation sur les minerais de conflit, sans se sentir responsables des conséquences qui en résultent. Le manque de responsabilité de la part des politiciens permet à son tour une diminution des sentiments de culpabilité pour les électeurs de ces dirigeants élus qui se sentent peu liés aux fonctionnaires du gouvernement effectuant les tâches de destruction. Les influences externes néfastes de la période néocoloniale ne sont alors pas reconnues et ne sont donc pas corrigées.

Par ailleurs, Thomas Pogge soutient, en ce qui concerne la pauvreté, que ceux du Nord ont une responsabilité active de ne pas nuire aux citoyens du Sud. La vérité est que le Nord global a la même responsabilité de ne pas contribuer à la faiblesse et à l’insécurité d’aucun État. Affirmer cela, ce n’est pas dire qu’il faut une abolition de la Realpolitik mondiale. Cela rappelle plutôt qu’il faut une meilleure responsabilisation pour les interventions de chaque État, qu’elles soient humanitaires ou stratégiques: toute  politique entraînant une déstabilisation accrue d’un autre pays ne devrait se poursuivre sans conséquences pour les responsables. Cela pourrait conduire par exemple à la délégitimation de l’intervention humanitaire si elle venait à être considérée comme une méthode de transgression de la souveraineté. Car la norme selon laquelle toute aide vaut mieux que pas d’aide du tout lorsqu’il s’agit de situations telles que les guerres au Congo est insuffisante, et les bonnes intentions ne peuvent continuer à excuser des résultats néfastes.

Enfin, dans la mesure des extensions possibles de la question de la sécurité au Congo et le respect du Droit international, il est intéressant d’enquêter sur le rôle que les Nations Unies ont joué dans la déstabilisation de l’État congolais et de remarquer le contraste entre les actions des États-Unis et de l’ONU au Congo. Comprendre les façons dont l’ONU a ou n’a pas pu rester politiquement neutre et comment son rôle en tant qu’organisation a changé au fil des décennies serait fascinant. Car depuis l’indépendance, l’ONU est intervenue dans les affaires du Congo. Néanmoins, le pays est resté dans le désarroi. Une telle étude donnerait également un aperçu de la mesure dans laquelle les États-Unis avaient le pouvoir sur les actions de l’ONU ou devaient compromettre ses priorités pour le bien de l’organisation.

Conclusion

Le peuple congolais est un peuple humilié, sadiquement sacrifié, hypocritement aidé, et volontairement délaissé. L’érosion du pouvoir de l’État et la situation actuelle d’impunité ont eu des effets négatifs aggravants sur le peuple congolais. Le pouvoir d’un État de protéger ses citoyens les uns des autres et des étrangers a été détruit.

Le manque continu d’efforts pour trouver un remède à la série de conflits qui dure maintenant depuis près de vingt ans en RDC démontre une hypothèse de la communauté internationale selon laquelle cette situation est soit normale (ce qui ne peut impliquer qu’un racisme et une volonté de dépopulation sadiques), soit insoluble (ce qui est faux), soit ne vaut pas l’effort d’une véritable solution (ce qui ne peut trouver explication que dans un capitalisme de prédation sur fond de darwinisme social), soit les trois. Pour comprendre le niveau d’incongruité de deux dernières possibilités, il faut se rappeler de la définition de Bordieu et Wacquant de la violence symbolique comme «prendre le monde pour acquis ou l’accepter tel qu’il est» (Bourdieu and Wacquant, 2004). De là, il devient clair que la complicité passive avec l’invasion extérieure et le statut d’impunité en RDC est en fait une forme de violence. Car cela veut dire que l’humanité a accepté les viols de masse et les massacres continuels comme normaux et a refusé de reconnaître que cela ne doit pas être la routine. Or, c’est ce qui est arrivé à la RDC.  Le statut du pays comme le Cœur des Ténèbres dans lequel l’inhumanité est la norme a permis à la déstabilisation externe d’apparaître comme insoluble.

Le rôle des États-Unis dans la déstabilisation du Congo fournit un cas spécifique dans lequel le néocolonialisme, la violence et le secret bureaucratique ont permis aux États de détruire et d’exploiter une autre nation. Il montre également comment l’humanitarisme en est venu à diminuer la responsabilité. Les questions non nationales sont de plus en plus traitées par un groupe d’experts spécialisés plutôt que selon la volonté populaire (placer la sécurité nationale au-dessus des droits de l’homme n’est pas un phénomène nouveau. Ce qui est différent dans la période actuelle, cependant, c’est que les États-Unis le font tout en louant leur réputation de protecteur des droits de l’homme et de la démocratie à l’étranger. De toute évidence, cette réputation ne reflète pas la réalité et ne se poursuivra pas sans une responsabilité civique accrue et la détermination à valoriser le bien-être mondial plutôt qu’une position de sécurité privilégiée).

La responsabilité des autres États (États-Unis, Belgique, Grande-Bretagne, Canada, Rwanda, Ouganda, Chine, etc. et de leurs multinationales) et des institutions internationales (ONU, …) pour permettre la formation d’un État représentatif est essentielle pour un avenir sûr en RDC. Le rôle que la communauté internationale aurait dû jouer tout au long de du conflit continue au Congo ou les mesures à prendre urgemment ont été toujours sadiquement dilués dans un chapelet de bonne volonté et des propos hypocritement pacifistes en paraissant profondément préoccupés sans vraiment chercher un vrai remède. Reconnaître les effets négatifs des actions passées et s’efforcer de ne pas les répéter dépend de la responsabilité accrue des États qui violent la souveraineté et d’un sentiment de responsabilité chez les citoyens de ces États. Il est nécessaire d’éliminer une partie de l’obscurité des perceptions de la situation et de comprendre les cas de culpabilités multiples pour surmonter l’inaction.

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