Des chromosomes retardataires parmi les causes de l’infertilité

Les erreurs de ségrégation chromosomique qui causent l’aneuploïdie des ovocytes augmentent en fréquence avec l’âge de la mère et sont considérées comme un facteur majeur contribuant à la baisse de la fertilité liée à l’âge chez les femelles. Les chromosomes en retard de l’anaphase sont un phénomène courant associé à l’âge dans les ovocytes, mais on ne sait pas si les retardataires de l’anaphase se séparent réellement et provoquent une aneuploïdie.

Dans une étude publiée dans la revue Developmental Cell, Greg FitzHarris, chercheur au CRCHUM, et Aleksandar Mihajlovic, postdoctorant dans son laboratoire et premier auteur de l’étude, révèlent que, sur des ovules (ovocytes) âgés de souris, certains chromosomes sont plus lents à se déplacer lors de la méiose, une phase cruciale de la division cellulaire. Les chercheurs les ont appelés les retardataires de «classe I» et de «classe II». Ils ont utilisé des approches d’imagerie et des interventions mécanistes pour dissocier les deux classes.

Les chercheurs ont découverts que, les retardataires de classe I contribuent à une répartition chromosomique inégale et donc à la formation de cellules présentant un nombre anormal de chromosomes, anomalie appelée «aneuploïdie», alors que les retardataires de classe II sont en grande partie bénins. L’aneuploïdie est pourtant, l’une des causes majeures d’infertilité et explique, en partie, pourquoi les femmes d’un âge avancé éprouvent de la difficulté à devenir enceintes et à mener une grossesse à terme.

«Pour laisser le temps aux chromosomes les plus lents d’atteindre leur destination, nous avons artificiellement prolongé la méiose grâce à une substance chimique. À l’aide de techniques d’imagerie haute définition, nous avons constaté que cet allongement de la méiose, réalisé avant la division cellulaire, permettait de limiter l’aneuploïdie», indique Greg FitzHarris, professeur à l’Université de Montréal.

Les données des ces chercheurs révèlent ainsi que les chromosomes en retard sont une cause d’aneuploïdie liée à l’âge dans les ovocytes de souris et suggèrent que la manipulation du cycle cellulaire pourrait augmenter le rendement en ovocytes utiles dans certains contextes. Cette découverte chromosomique pourrait améliorer la qualité des ovules de patientes plus âgées et ainsi leur permettre de devenir enceintes plus facilement.

À moyen terme, cette découverte, encore au stade de la recherche fondamentale et faite en laboratoire sur des souris, pourrait être appliquée en clinique pour augmenter la performance des ovules utilisés lors d’une fécondation in vitro. Des tests approfondis d’efficacité, d’innocuité et de sécurité seront nécessaires avant qu’une telle approche soit adoptée.

Voir la publication

Aleksandar I. Mihajlović, Jenna Haverfield, Greg FitzHarris, «Distinct classes of lagging chromosome underpin age-related oocyte aneuploidy in mouse», Developmental Cell, Volume 56, ISSUE 16, P2273-2283.e3, August 23, 2021

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