Guerre en Ukraine : l’hypocrisie climatique des pays riches mise à nue

La guerre en Ukraine a exacerbée la crise énergétique dans le monde, l’Occident ayant décidé de sanctionner la Russie, se refusant son pétrole et son gaz, entre autres. La réponse du monde développé à cette problématique a mis en évidence son horrible hypocrisie à l’égard des énergies fossiles et des objectifs dits climatiques. En effet, en mai 2022, le G7 a annoncé qu’il ne financerait plus le développement des combustibles fossiles à l’étranger. Pourtant, juste un mois après, l’Europe et les États-Unis supplient les nations arabes d’accroître leur production de pétrole. L’Allemagne rouvre des centrales à charbon, et l’Espagne et l’Italie dépensent beaucoup pour la production de gaz en Afrique. Bon nombre de pays européens ont demandé au Botswana d’extraire plus de charbon ; le poussant à plus que doubler ses exportations pour satisfaire aux besoins de pays riches. Et ce, sans pointer le côté cynique de cette hypocrisie, par lequel les pays développés comptent laisser l’Afrique pauvre, en la gardant par les énergies renouvelables incapables d’obtenir l’énergie nécessaire pour son industrialisation et son développement. Les pays riches recommandent aux pays en développement d’utiliser les énergies renouvelables.


Une dépendance mondiale aux énergies fossiles

Le monde développé s’est enrichi grâce à l’utilisation généralisée des énergies fossiles, qui alimentent toujours la plupart des économies développées. Les énergies renouvelables (éolien et solaire) ne sont pas fiables et la transition écologique est pour l’instant au point mort, comme l’explique le rapport sur la situation mondiale des énergies renouvelables 2022. Certains estiment que les énergies renouvelables vont améliorer leur rendement médiocre à l’avenir, et misent notamment sur une augmentation des capacités de stockage des batteries. Or, cette voie ne servira à rien, pense le climatologue Bjorn Lomborg, dans un article paru dans le Wall Street Journal, où il dénonce l’hypocrisie verte des pays riches. Le scientifique danois constate en effet qu’à l’heure actuelle, les batteries présentes dans le monde peuvent à peine alimenter 75 secondes de la consommation électrique moyenne mondiale. Même si l’offre augmente rapidement, d’ici à 2030, les batteries du monde entier couvriront toujours moins de 11 minutes de la consommation électrique mondiale. Par exemple, dit le chercheur, chaque hiver en Allemagne, lorsque la production solaire est à son minimum, l’énergie éolienne est quasiment nulle pendant au moins cinq jours, soit plus de 7 000 minutes.

C’est pourquoi les panneaux solaires et les éoliennes, en plus d’engendrer de nombreux désagréments et d’être un gouffre financier, ne peuvent pas fournir la majeure partie de l’énergie nécessaire à l’industrialisation des pays pauvres. Les usines ne peuvent pas s’arrêter et redémarrer au grès du vent, la production d’acier et d’engrais dépend du charbon et du gaz, et la plupart des énergies solaire et éolienne ne peuvent tout simplement pas fournir l’énergie nécessaire pour faire fonctionner les pompes à eau, les tracteurs et les machines qui sortent les gens de la pauvreté.

Les chiffres de Bjorn Lomborg sont édifiants : les combustibles fossiles fournissent encore plus des trois quarts de l’énergie des pays riches, tandis que l’énergie solaire et éolienne en fournit moins de 3 %. Une personne lambda dans le monde développé utilise chaque jour plus d’énergie produite à partir de combustibles fossiles que toute l’énergie utilisée par 23 Africains pauvres. On estime que 3,5 milliards de personnes parmi les plus pauvres du monde n’ont pas d’accès fiable à l’électricité. Plutôt que de leur donner accès aux outils qui ont permis aux pays riches de se développer, certains de ces mêmes pays riches demandent allègrement aux pays en développement de renoncer au charbon, au gaz et au pétrole et de passer directement à ce que M. Lomborg surnomme péjorativement le «nirvana vert» des panneaux solaires et des éoliennes.

L’expérience du village indien de Dharnai

Ce paradis promis est une imposture fondée à la fois sur des vœux pieux et un marketing vert très développé. Bjorn Lomborg revient sur l’expérience de Dharnai, un village d’Inde que Greenpeace a tenté en 2014 de transformer pour qu’il soit la première communauté du pays alimentée uniquement par l’énergie solaire. Greenpeace a reçu une attention médiatique mondiale élogieuse lorsqu’elle a déclaré que Dharnai refuserait de “céder au piège de l’industrie des combustibles fossiles”. Mais le jour où l’électricité solaire du village a été allumée, les batteries se sont vidées en quelques heures ! Un garçon se souvient qu’il n’a pas pu faire ses devoirs tôt le matin parce qu’il n’y avait pas assez d’énergie pour la seule lampe de sa famille !

On a dit aux villageois de ne pas utiliser de réfrigérateurs ou de téléviseurs parce qu’ils épuiseraient le système. Ils ne pouvaient pas utiliser de cuisinières et devaient continuer à brûler du bois et des excréments, ce qui crée une pollution atmosphérique aussi dangereuse pour la santé d’une personne que de fumer deux paquets de cigarettes par jour, selon l’Organisation mondiale de la santé. Dans les pays en développement, des millions de personnes meurent prématurément chaque année à cause de cette pollution intérieure. Mais il est plus facile pour les écologistes d’accuser le charbon et le pétrole.

Finalement, lorsque Dharnai a été raccordé au réseau électrique principal de l’Inde, qui fonctionne en grande partie grâce au charbon, les villageois ont rapidement abandonné leurs connexions solaires. Une étude universitaire a également révélé que l’électricité du réseau, en plus de fonctionner de façon beaucoup plus optimale, coûtait le tiers du prix de l’énergie solaire. Aujourd’hui, le système d’énergie solaire désaffecté de Dharnai est couvert d’une épaisse poussière et le site du projet est un abri pour le bétail. Encore un camouflet pour les idéologues de Greenpeace.

Des propos contraire aux actes

C’est un doux euphémisme de dire que nombreux dans le monde sont ceux qui considèrent la conférence des Nations unies sur le changement climatique de Glasgow comme une navrante déception. Les dirigeants mondiaux – en particulier ceux des pays développés – ne parviennent toujours pas à saisir la gravité du défi climatique. Ils exhortent à l’action et à l’urgence dans leurs discours, mais poursuivent dans les faits des intérêts nationaux à court terme et font des promesses d’émissions «nettes zéro» lointaines et commodes, sans s’engager clairement et immédiatement dans l’action. Pour aggraver les choses, les déclarations de nombreux dirigeants de pays riches à Glasgow sont en contradiction avec leurs stratégies climatiques réelles et avec ce qu’ils disent dans d’autres contextes. Ainsi, pendant que les dirigeants du G7 prenaient des engagements écologiques décevants pour plusieurs décennies, ils étaient occupés à autoriser et à permettre davantage d’investissements dans les combustibles fossiles, qui généreront une production et des émissions de gaz à effet de serre supplémentaires à moyen terme.

Ainsi, écoutons la voix du véritable gouvernement américain quand à Glasgow, le président Biden a déclaré que “face à la volatilité actuelle des prix de l’énergie, plutôt que d’y voir une raison de renoncer à nos objectifs en matière d’énergie propre, nous devons la considérer comme un appel à l’action”. En effet, “les prix élevés de l’énergie ne font que renforcer le besoin urgent de diversifier les sources, de doubler le déploiement de l’énergie propre et d’adapter les nouvelles technologies prometteuses en matière d’énergie propre”. À peine trois jours plus tard, l’administration Biden affirmait que l’OPEP+ mettait en danger la reprise économique mondiale en n’augmentant pas la production de pétrole. Elle a même averti que les États-Unis étaient prêts à utiliser «tous les outils» nécessaires pour réduire les prix des carburants. Il s’agit là de l’un des exemples récents les plus flagrants d’hypocrisie climatique de la part d’un dirigeant de pays développé, mais ce n’est de loin pas le seul. Et la duplicité s’étend aux procédures de la COP26 elle-même, où les négociateurs des pays en développement constatent apparemment que les positions des économies avancées dans les réunions à huis clos sont très différentes de leurs positions publiques.

Et depuis la guerre en Ukraine, le monde assiste à une “ruée vers l’or” pour de nouveaux projets de combustibles fossiles, selon un nouveau rapport d’éminents chercheurs sur le changement climatique. La flambée des prix de l’énergie stimulée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie a en effet conduit à de nouveaux investissements dans le pétrole et le gaz. Climate Action Tracker (CAT) indique que de nouvelles installations de gaz naturel liquéfié (GNL) sont maintenant proposées en Allemagne, en Italie, en Grèce, aux Pays-Bas et au Canada. Les États-Unis, le Qatar, l’Égypte et l’Algérie ont tous signé des accords pour exporter du GNL vers différentes parties de l’UE, tandis que des projets gaziers sont relancés en Afrique de l’Ouest. Ce rapport de Climate Action Tracker (CAT) indique que le monde risque d’être enfermé dans un “réchauffement irréversible”.

L’indifférence face aux besoins du monde en développement

Les pays riches, qui sont responsables de la majeure partie des émissions mondiales de dioxyde de carbone à ce jour, tergiversent sur les engagements pris de longue date de fournir un financement climatique aux pays en développement. Ils résistent également à une proposition de définition opérationnelle qui les empêcherait de truquer ce qui est considéré comme un financement climatique. Enfin, ils traitent toujours l’adaptation au changement climatique comme un flux distinct et refusent de fournir des fonds pour éviter, minimiser et traiter les pertes et les dommages liés au changement climatique dans les pays les plus touchés.

En 2019, le total des financements climatiques canalisés vers les pays en développement était inférieur à 80 milliards de dollars ; le montant moyen chaque année depuis 2013 n’était que de 67 milliards de dollars. Et ce chiffre a massivement surévalué les flux réels provenant des gouvernements des pays développés, car les financements publics bilatéraux pour le climat (qui auraient dû être fournis au monde en développement en vertu de l’accord de Paris) ont représenté en moyenne moins de 27 milliards de dollars par an. Le reste provenait d’institutions multilatérales – dont les banques de développement – et de financements privés, que les gouvernements des pays riches cherchaient à s’attribuer le mérite d’avoir mobilisés. Par rapport à cette somme dérisoire, les subventions mondiales aux combustibles fossiles ont atteint un montant estimé à 555 milliards de dollars par an de 2017 à 2019.

De même, les promesses de transfert de technologies vertes du monde riche sont devenues de simples paroles en l’air. Les gouvernements des pays développés ont permis aux entreprises nationales de s’accrocher à des droits de propriété intellectuelle qui bloquent la diffusion de connaissances essentielles pour l’atténuation et l’adaptation au climat. Lorsque des pays comme la Chine et l’Inde ont cherché à encourager leurs propres industries d’énergie renouvelable, les États-Unis – en particulier – ont déposé des plaintes auprès de l’Organisation mondiale du commerce. Comme le soulignait l’économiste Michael Roberts : “le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie, le World Energy Outlook 2021, montre que nous savons ce qu’il faut faire, en détail et à un coût raisonnable. Mais il n’existe aucune volonté politique de la part des gouvernements, liés comme ils le sont à l’industrie des combustibles fossiles, aux secteurs de l’aviation et de l’énergie, et au secteur de l’énergie”.

Des énergies fossiles irremplaçables pour l’instant

Malgré un fort activisme écologiste dans les pays du monde riche (bien souvent en Occident), les nations développées vont continuer à dépendre des combustibles fossiles pendant des décennies. L’Agence internationale de l’énergie estime que même si toutes les politiques climatiques actuelles sont appliquées intégralement, les énergies renouvelables ne fourniront qu’un tiers de l’énergie des États-Unis et de l’Union européenne en 2050. La vérité est qu’il existe une contradiction entre les mesures nécessaires et urgentes pour le climat et les besoins du système capitaliste. Le choc des civilisations en concurrence impitoyable exacerbe cette contradiction.

Les promesses déclarées de la COP26 révèlent aussi le double langage du monde développé. Un groupe de 20 pays – dont les États-Unis – s’est engagé à mettre un terme au financement public des projets de combustibles fossiles «non ralentis», y compris ceux alimentés par le charbon, d’ici à la fin de 2022. Mais l’interdiction ne s’applique qu’aux projets internationaux, pas aux projets nationaux. Il est significatif que les États-Unis et plusieurs autres signataires aient refusé de se joindre aux 23 pays qui se sont engagés séparément à arrêter les nouveaux projets d’énergie au charbon à l’intérieur de leurs frontières et à supprimer progressivement les infrastructures existantes.

Mais même si les engagements pris à Glasgow avaient été plus solides, les gouvernements des pays riches sont particulièrement confrontés à un problème majeur de crédibilité. Ils ont précédemment fait trop de promesses climatiques vides, sapant ainsi les intérêts des pays en développement qui ont peu contribué au changement climatique. Les économies avancées ont pris des engagements en matière de réduction des émissions qu’elles n’ont pas tenus, et sont revenues sur les assurances qu’elles avaient données aux pays en développement concernant non seulement le financement du climat, mais aussi le transfert de technologies.

L’engagement en matière de financement climatique a maintenant 12 ans. Lors de la COP15 à Copenhague, les économies avancées ont promis de fournir 100 milliards de dollars par an au monde en développement, et l’accord de Paris sur le climat de 2015 a clairement indiqué que tous les pays en développement seraient éligibles à ce financement. Ce montant est insignifiant par rapport aux besoins des pays en développement, qui se chiffrent en milliers de milliards de dollars, mais aussi lorsqu’on le compare aux sommes considérables que les pays riches ont consacrées au soutien fiscal et monétaire de leurs économies pendant la pandémie de Covid-19.

C’est l’un des exemples les plus flagrants d’hypocrisie climatique de la part d’un dirigeant de pays développés, mais ce n’est en aucun cas le seul. Et la duplicité s’étend aux débats de la COP26 eux-mêmes, où les négociateurs des pays en développement constatent apparemment que les positions des économies avancées dans les réunions à huis clos sont assez différentes de leurs positions publiques.

Les pays riches, qui sont à ce jour responsables de la plus grande part des émissions mondiales de dioxyde de carbone, hésitent sur des engagements de longue date pour fournir des financements climatiques aux pays en développement. Ils résistent également à une proposition de définition opérationnelle qui les empêcherait de manipuler ce qui compte en matière de financement climatique. Et ils continuent de traiter l’adaptation au changement climatique comme une filière distincte et refusent de fournir des financements pour prévenir, minimiser et remédier aux pertes et aux dégâts associés au changement climatique dans les pays les plus touchés.

Les promesses explicites de la COP26 révèlent également une politique du type « deux poids, deux mesures » adoptée par les pays développés. Un groupe de 20 pays, dont les États-Unis, s’est engagé à mettre fin au financement public de projets de combustibles fossiles «de même intensité», notamment à ceux alimentés au charbon, d’ici la fin 2022. Mais cette interdiction ne s’applique qu’aux projets internationaux, pas aux projets nationaux. De manière significative, les États-Unis et plusieurs autres signataires ont refusé de rejoindre les 23 pays qui se sont engagés séparément à arrêter de nouveaux projets d’énergie houillère à l’intérieur de leurs frontières et à éliminer progressivement les infrastructures houillères existantes.

L’AFRIQUE A BESOIN de plus d’énergie

Malgré les énormes déficits énergétiques, les politiques mondiales limitent de plus en plus les choix technologiques énergétiques de l’Afrique. Les pays riches, en particulier en Europe, ont appelé à plusieurs reprises les États africains à n’utiliser que des sources d’énergie renouvelables, au moment où eux-memes réchignent sur leur priorisation.  Le monde en développement n’est pas aveugle à cette hypocrisie. Il sait que la pensée écologiste concernant les énergies renouvelables, qui se veut comme partie intégrante d’un certain humanisme, est en réalité l’une des pires discriminations qui soit. Pour la planète, les pays pauvres doivent rester pauvres. Le vice-président du Nigeria, Yemi Osinbajo, a exprimé son désarroi : «Aucun pays au monde n’a réussi à s’industrialiser en utilisant des énergies renouvelables», mais on attend de l’Afrique qu’elle le fasse «alors que tout le monde sait que nous avons besoin d’industries fonctionnant au gaz pour faire des affaires».

En effet, La consommation totale d’électricité de plus d’un milliard de personnes, couvrant les 48 pays d’Afrique subsaharienne à l’exception de l’Afrique du Sud, est inférieure à celle utilisée par l’Espagne (qui n’en abrite que 47 millions). Le manque de pouvoir nuit aux moyens de subsistance et détruit les rêves de centaines de millions de jeunes. Les Africains ont besoin d’une énergie abondante à grande échelle pour créer des emplois industriels et commerciaux. Ces demandes s’étendent même à la cuisine, où certains bailleurs de fonds ne soutiendront aucun projet de gaz bien qu’ils apportent des avantages immédiats et substantiels. La grande majorité des Africains utilisent encore du charbon de bois ou du bois pour cuisiner, ce qui entraîne la déforestation, des décès prématurés dus à la pollution de l’air intérieur et des émissions de carbone évitables. Or, si les besoins énergétiques non satisfaits de notre continent sont déjà énormes, la demande future sera encore plus importante à mesure que la population augmentera, que l’urbanisation s’accélérera et que de plus en plus de personnes entreront dans la classe moyenne.

Ainsi, au lieu de considérer l’émergence de l’Afrique comme une menace à bloquer, le continent devrait être vu comme une formidable opportunité. Le défi pour le continent est de passer à des émissions nettes nulles tout en construisant des systèmes électriques durables pour stimuler le développement et les opportunités économiques. La récente décision de l’UE d’étiqueter le gaz naturel et l’énergie nucléaire comme des investissements verts reconnaît une vérité cruciale : différents pays suivront des voies différentes dans la transition énergétique. Si cela est vrai pour l’Europe, c’est encore plus vrai pour les diverses nations africaines.

La COP27, une opportunité

La COP27 se tiendra en Égypte en novembre. C’est maintenant le moment idéal pour réinitialiser la politique mondiale afin de renforcer les plans de l’Afrique pour produire de l’énergie propre. Les pays riches ont le plus contribué au changement climatique, et ils ne peuvent pas exiger des actions plus strictes que celles qu’ils s’engageront envers eux-mêmes.

Premièrement, les pays développés devraient s’engager à financer intégralement la transition énergétique de l’Afrique. C’est à la fois un impératif moral et une nécessité environnementale. Les investissements couvriraient non seulement les nouveaux projets de production d’énergie renouvelable, mais également les infrastructures de transmission, les réseaux intelligents, les systèmes de gestion des données, la capacité de stockage, les véhicules électriques, la cuisson propre et les coûts d’intégration des nouveaux systèmes énergétiques distribués.

Deuxièmement, il doit y avoir une pause dans les interdictions générales de financement des combustibles fossiles dans les pays en développement. Les investissements dans le charbon sont déjà morts dans la majeure partie de l’Afrique et tout investissement futur dans le pétrole proviendra de sources privées. Mais les règles de financement du gaz naturel vont fortement impacter notre développement et notre transition énergétique vers le net zéro. Bien que l’énergie solaire fournira la majeure partie de notre énergie à l’avenir, nous avons toujours besoin de gaz naturel pour l’alimentation de base et l’équilibre. Nous insistons pour que le gaz de pétrole liquéfié (GPL) soit inclus comme alternative de cuisson propre pour sauver la vie de nos femmes et de nos filles et pour protéger notre propre environnement naturel. L’Europe affirme qu’elle a besoin d’une décennie supplémentaire d’investissements dans le gaz pour atteindre ses objectifs climatiques de 2050. L’Afrique, avec ses plus grands défis, devrait disposer d’au moins deux décennies supplémentaires pour atteindre ses objectifs climatiques.

Seule l’union fera la force

Le monde ne peut relever des défis collectifs que si les nations pauvres ne sont plus traitées comme de seconde zone ou si leurs aspirations sont ignorées. Après avoir enduré le colonialisme, des décennies de pratiques économiques déloyales et l’apartheid du vaccin covid-19, l’Afrique ne doit pas accepter la politique climatique régressive, une autre injustice. Et l’Afrique doit défendre sa place en évitant de tomber dans la croyance naïve dans le saute-mouton, l’hypothèse selon laquelle, comme sauter les lignes fixes pour les téléphones mobiles, l’Afrique peut «sauter» vers les nouvelles technologies énergétiques. En meme temps, elle ne doit se laisser hypnotiser par le mantra des énergies renouvelables uniquement, motivé par des craintes injustifiées concernant les futures émissions du continent, quand on sait que dans aucun scénario plausible, l’Afrique ne constitue une menace pour les objectifs climatiques mondiaux.

S’attaquer à la double crise de la pauvreté et du changement climatique ne peut donc réussir que si tous les pays jouent leur juste rôle et que toute l’humanité est relevée ensemble. Ainsi, plutôt que de bloquer égoïstement la voie du développement des autres pays, les nations riches devraient faire preuve de bon sens et convenir que les énergies fossiles vont rendre encore à l’Humanité de grands services. De même, plutôt que de subventionner l’énergie éolienne et solaire, qui ne peut pas être viable sans argent du contribuable dépensé à foison, les pays développés devraient laisser faire l’innovation et promouvoir dans le reste du monde le meilleur moyen de faire de l’électricité à bas coût et sans émissions de CO2 : le nucléaire.

Pour une mobilisation générale

La stratégie à courte vue des dirigeants du monde ne profite en fin de compte à personne, y compris aux entreprises dont elle sert les intérêts financiers immédiats, car elle accélère la destruction de la planète et la vengeance de la nature sur ce qui apparaît désormais comme une humanité stupide en phase terminale. Les marches étudiantes et militantes de Glasgow contre cette approche myope sont importantes, mais elles sont loin d’être suffisantes pour forcer les gouvernements à changer de cap. Le problème est que de puissants intérêts corporatifs sont clairement imbriqués dans le leadership politique. Les citoyens du monde entier, et en particulier ceux du nord, doivent se montrer beaucoup plus véhéments et insister pour que des mesures significatives soient prises en faveur du climat et pour que la stratégie économique change réellement, au-delà des frontières nationales.

C’est le seul moyen de mettre fin à l’hypocrisie verte du monde riche et de nous sauver tous, avant que les dérives de l’écologisme ne conduisent à un génocide des plus pauvres, comme solution finale du Capital.

Références

  1. Aymeric Belaud, L’hypocrisie climatique et énergétique du «monde riche», IREF EUROPE, 30 juin 2022.
  2. Jayati Ghosh, L’hypocrisie climatique du «monde riche», SAY – INTELLIGENCES ECONOMIQUES, 24 novembre 2021.
  3. BBC, Tourbe du Congo : les “poumons de l’humanité” en danger, 17 juin 2022.
  4. Jonathan Watts, “Cop26 week one : the impression of progress – but not nearly enough”, The Guardian, 6/11/2021.
  5. Brad Plumer, “Fossil Fuel Drilling Plans Undermine Climate Pledges, U.N. Report Warns”, New York Times, 20/10/2021.
  6. Justin Rowlatt et Tom Gerken, COP26 : Document leak reveals nations lobbying to change key climate report, BBC News.
  7. Naomi Klein, Naomi Klein : the hypocrisy behind the big business climate change battle, The Guardian, Sat 13 Sep 2014.
  8. The Economist, Yemi Osinbajo on the hypocrisy of rich countrie’s’ climate policies, By Invitation, May 14th 2022.

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