A chaque page du grand livre de l’histoire où sont enregistrées les exploits et les folies des peuples, on retrouve le même mélange d’héroïsme et de cruauté, de grandeur et d’abjection. Ce livre d’investigation époustouflant a été réalisé par une journaliste au péril de sa vie. Il repose sur des centaines d’entretiens – déserteurs de l’armée rwandaise au pouvoir, anciens soldats, survivants d’atrocités, enquêteurs de l’ONU – et sur des documents issus du Tribunal pénal international pour le Rwanda qui sont reproduits en annexe du livre. Judi Rever apporte un éclairage profondément troublant sur le génocide rwandais, qui met en lumière l’importance du rôle du chef de l’État actuel, Paul Kagame.
Un peuple sacrifié
Après le génocide au Rwanda en 1994, depuis 1996, la chronique de l’enfer du peuple congolais retient tous les jours les noms des villages détruits, des femmes violés et éventrés, des pères décapités et des enfants lâchement assassinés par la fureur des “guerriers”, les terres congolaises étant devenues salle du spectacle et de la fête de la mort. Et ceci, tout simplement parce que des metteurs en scènes, à Kigali, à Kampala, à Washington, à Londres, à Bruxelles ou encore à Paris, décidèrent un jour qu’une ethnie devrait devenir maitre de la Région des Grands Lacs et servir leurs intérêts en mettant la main sur les richesses de la République Démocratique du Congo. Pour cela, ils ont organisés la mort : en 1996, le Zaïre a été mis sac et son peuple décimé. Conquête qui paye aujourd’hui pour les capitalistes en fête : les États-Unis, la France, et tous ceux qui pillent plus facilement les mines de Coltan, de Cobalt, de lithium, d’or, … de l’Est de la République Démocratique du Congo, mais conquête autant immonde que criminelle.
Ils ont réduit les Grands-Lacs au rôle dérisoire d’un enjeu dans la lutte pour les intérêts capitalistes, et ont précipité la destruction de la République Démocratique du Congo. Les fins obtenues, le plus grave, ce n’est pas seulement que les criminels qui ont exécutés les plans soient démons, si vous le pensez ainsi, mais qu’ils aient des gens qui organisent leur déification: qui font l’Éloge du sang ! Pour eux, Si Kagame et son système gagnent la guerre, ils apporteront la paix aux pays de grands lacs. Pour une conscience malade tranquille, ça vaut la peine d’essayer ce talisman et de commander le silence de la presse, la paye des intellectuels et l’oppression de toutes les voix dissonantes. Car en fait, et ils le savent, Kagame et son système n’ont apporté que dévastations, misères et ruines.
Or, pouvait-il lui rien apporter d’autre, lui qui invoqua la seule doctrine de la “race” (Tutsi) et du peuple-maitre pour justifier ses ambitions? Il est dans le passé des conquérants auxquels la postérité a pardonné leur violence parce quels réparaient eux-mêmes la plupart des maux qu’ils causaient. Mais pour donner un sens au triomphe des armes, pour concilier les vaincus avec la servitude, encore faut-il, que le conquérant s’impose par quelque supériorité et diffuse un message qui ouvre un avenir à ceux que la force a soumis. Mais quand le despote se réclame de l’idée nationale sous la forme la plus vulgaire (celle de l’idée ethnique – ici Tutsi) qui sépare impitoyablement les hommes et mure chacun dans son destin, comment ne susciterait-il pas la révolte, comment ne déchaînerait-il pas une lutte à la mort?
A la fin, Kagame sera dieu ou démon
La révélation des atrocités et horreurs commises en République Démocratique du Congo entre 1996 et 2003 par le Mapping Rapport a bouleversé un monde que ne parvenaient plus à émouvoir les cris lointaines de millions de victimes congolaises, et ont présentés une infime partie du drame qui se passe toujours en République Démocratique du Congo. De la décimation des hommes, femmes et enfants des camps des réfugiés ou encore des villages entiers en République Démocratique du Congo à l’enterrement des personnes vivantes, les récits des drames en République Démocratique du Congo font découvrir d’un coup la sinistre originalité de la barbarie d’un homme et de son système : Paul Kagame, dont la route dans l’histoire est toute éclaboussée de sang. Pour soutenir ce rapport, “Rwanda, l’Éloge du Sang”, est fait d’écrits, mais il est aussi la mémoire de pires atrocités, qui d’ailleurs continuent aujourd’hui encore, et ce livre devrait convaincre ceux qui à force de se défier de la propagande, ont fini par ne plus croire à la vérité.
Un jour, l’histoire aura répondu, Kagame sera dieu ou démon ! pour reprendre ce qu’Alfred Fabre-Luce pensait en son temps d’Hitler. C’est en effet ce que nous avons aussi pensé à la lecture du livre : “Rwanda : l’Éloge du sang !” Si nous souhaitons bien que toute personne humaine honnête finisse en bien son parcours ici bas, nous ne pouvons ne pas avouer qu’une sombre évidence habite beaucoup d’esprits, et nous peut-être aussi, que c’est bien un démon qui est devenu maitre et représentant des jeux d’intérêts du capitalisme prédateur en Afrique centrale. Ne nous demandez pas pourquoi nous pensons que le seul crime de ce grand commandant sera d’échoué ! Nous ne vous le dirons pas, si vous ne savez pas vous-même répondre à la question de savoir si vous avez en lui et par lui un démon ou un dieu, et tant qu’il se trouvera des personnes immorales pour prétendre que le seul crime d’Hitler est d’avoir échoué !