Butembo : Présentation des principales caractéristiques et Historique de la Ville

1. La cartographie et délimitation de la ville de Butembo

Butembo est une de trois villes du Nord-Kivu située au Nord-est de la République Démocratique du Congo. La circonscription urbaine est située entre 0°05′ et 0°10′ de latitude nord et 29° 17’et 29°18′ de longitude Est. Elle se trouve à 17 km au nord de l’équateur. Elle est située à proximité de la dorsale occidentale du Rift Albertin au Nord-Ouest du lac Édouard.  Ainsi, bâtie sur les hautes terres du lac Kinya-Muliha (Edouard) entre 1700 et 1800m d’altitude, le long de la route Congo-Nil au Kivu septentrional, Butembo jouit d’une ambiance climatique fraiche et d’une pluviosité modérée (1380mm). Le site de Butembo correspond à une dépression ceinturée des collines de taille et d’altitude fort variables.

Il s’agit d’une agglomération située au cœur du Pays Nande, aux confins des villes de Beni et de Lubero sur la limite administrative séparant les collectivités Bashu et Baswagha. La ville est à cheval sur les deux territoires de Lubero et de Beni et reste circonscrite dans les deux chefferies des Baswagha et des Bashu. Elle est limitée :

Au nord, par la confluence des rivières Kimemi et Luhule. Dès la jonction de ces deux rivières, la limite coïncide avec le cours d’eau de la Kimemi qui se fraie un lit entre la ferme de Mateitei et la route Butembo Beni. La rencontre entre Kimemi et la rivière Kahuha constitue le point le plus excentré au nord. A ce niveau, la limite suit le lit de la rivière Kahuha qui ressort par les tuyaux du trop plein de l’étang de barrage du complexe Théicole de Butuhe. Au niveau de la digue, la limite longe celle du complexe théicole jalonnée par des Eucalyptus sur un alignement bien net à partir de Vuhambo jusqu’au sommet culminant sur la colline Buyonga-Marundu (point le plus haut de la ville à 2030 m d’altitude). A partir de ce sommet, l’alignement des Eucalyptus jouxte le village de Vuhanika et traverse la route à kyangombe et celle qui mène vers Butuhe avant de rejoindre la rivière Makamba, puis le lieu du captage des eaux de Régideso. Le thalweg emprunté par cette rivière rencontre en aval le ruisseau Mungo. A ce niveau, l’alignement des Eucalyptus réapparait et jalonne la limite en passant par le village de Mungo avant de rejoindre la rivière Mubunge.

Au sud, la limite remonte la rivière Mususa jusqu’au croisement avec la rivière Mutinga via la chute d’Ivugha. A partir de ce croisement, une ligne droite (azimut) permet de rejoindre le pont sur la rivière Mususa au niveau de la nationale n°2 (route Butembo-Musienene-Goma). A partir de ce pont la limite de la ville est essentiellement naturelle car elle coïncide avec la rivière Mususa jusqu’à la confluence avec la rivière Virendi.

A l’est, à partir de la confluence entre la Mususa et Virendi, la limite longe la rivière Virendi juqu’au niveau du pont Virendi. Le ruisseau Kitendere qui se jette dans la Virendi arrosele thalweg qui culmine au sommet de la colline où se trouventdeux essences forestières du genre Podocarpus. De là, en traversant la route qui mène vers le rond-point CUGEKI, une vallée très encaissée conduit à la source Lusovovu. De cette source découle le ruisseau qu’il faut longer jusqu’à la confluence avec la Lwirwa. De cette confluence, la limite longe la rivière Lwira jusqu’à la jonction avec la rivière Kamikingi. A ce niveau, la dénomination de la rivière change pour devenir larivière Luhule qui se jette dans la Kimemi au nord. La subdivision administrative est présentée à la page suivante.

 ⊛ L’ouest de la ville de Butembo coïncide donc avec le croisement entre la limite naturelle de la rivière Mubunge et l’alignement des arbres constituant la limite avec le terrain du complexe théicole de Butuhe. La Mubunge se fraie un lit le long des pâturages avant de se jeter dans la rivière Lukwaliha. A cette jonction, la limite remonte avec la rivière Lukwaliha jusqu’au niveau de la confluence entre la rivière Lukako et Kaghenda Vutuli non loin de la route Butembo Manguredjipa, constituant en même temps la limite du territoire de Lubero et de Beni. La délimitation remonte donc la Lukako jusqu’au croisement entre cette dernière et le ruisseau Musingiri. Ce ruisseau traverse la route sur l’axe Manguredjipa. A ce niveau, un petit pont qui y est jeté constitue en même temps la limite entre la commune Kimemi et Vulamba. Le ruisseau va jusqu’à sa source et la limite remonte le flanc en passant par un pont en bois conduisant à Kiragho. De là, la rue remontante s’arrête à 15 m sur la route avant de rejoindre la barrière sur la route Muhangi à Musingiri. De là, la limite rejoint la source de Kakolwe avant que le ruisseau portant le même nom ne serpente un escarpement rocailleux pour rejoindre la rivière Kinzedeu. De cette confluence coule l’eau qui se jette dans la rivière Mususa, constituant ainsi la limite ouest de la ville.

2. Cadre physique de la ville de Butembo

La région de Butembo jouit d’un climat du type Afa selon Köppen et aurait des caractéristiques similaires au climat Colombien selon la classification de De Vries (KASAY, (1988). La ville (R.D. Congo, Province du Nord-Kivu – 0°07’40’’N-29°17’15’’E – altitude : 1800 m) est située dans une contrée dont les conditions climatiques seraient typiques du climat équatorial si elles n’étaient pas contrastées par les montagnes. La proximité de l’équateur détermine deux saisons pluvieuses (mars-avril et septembre-novembre) correspondant au passage du soleil au zénith et deux saisons relativement sèches correspondant aux mois de juin et juillet et aux mois de janvier et février.

2.1. Relief de la ville de Butembo

Le relief de la contrée dans laquelle se trouve la ville de Butembo résulte de l’orogenèse tertiaire concomitante à la formation du fossé tectonique albertin. Il est disséqué et collinaire avec des roches métamorphiques et granitiques datant de l’Antécambrien (Lepersonne, 1949). Il comprend trois grands ensembles géomorphologiques. Le premier comprend la vallée de la rivière Kimemi. Cette zone constitue le centre ville. Le deuxième ensemble est constitué des collines constituant l’axe Matembe-Vulamba à l’Ouest de la ville. Le troisième ensemble géomorphologique de Butembo est constitué des collines convexes plus basses à l’est de la Kimemi sur l’axe Katwa-Rughenda-Mukuna-Mavono.

L’encaissement des vallées dans les collines environnantes excède par endroit 50 m avec des fortes pentespar endroit. On remarque,cependant,de nombreuses vallées à fond plat, large, marécageux, bloquées à l’aval par un seuil notamment à Mususa sous le pont menant vers Nduko et Musimba et sous le pont de Biasa. La densité moyenne du réseau hydrographique dense épouse des linéaments bien marqués. Tous les vallons débutent à l’amont par une forme en hémicycle très caractéristique où se développent des cirques d’érosion. Les versants ont un profil convexo-concave, mais au niveau du centre ville, le profil transversal est nettement en «berceau», avec un fond alluvial presque plat et un raccord colluvial concave à faible pente.

2.2. Contexte géologique et lithologique

Le substrat géologique de Butembo est très fragile et sensible à l’érosion (Jongen, 1970; Kasay, 1988; Vyakuno, 2006). Lessoubassements des roches du socle précambrien ont subi lesplissement au cours du Paléozoïque (Asselberghs, 1939), et les intrusions récentes des granites seraient influencées par des mouvements orogéniques (Asselberghs, 1939; Lepersonne, 1949 ; Pécrot et al., 1962). Quatre principaux types de roches sont rencontrés dans la ville de Butembo et peuvent être décrits du Nord-Ouest au Sud-Est  :

⊛ Complexe basique de la Luhule-Mobisio : Il se trouve autour de la Mubunge. Il est formé de métabasaltes, de dolérites, de diorites et d’îlots de quartzites (Département des Mines, 1981).

Assise sédimentaire de la Luhule-Mobisio : elleest composé de schistes, de quartzites avec des intercalations calcaires. Ces schistes datent du Burundien inférieur et moyen, c’est-à-dire d’environ 1 235 ± 40 Ma (Rossi, 1980; 1984). Ces schistes, de couleur sombre et facilement détachables en plaquettes, intercalés d’importants bancs de quartzites sont sains sur des interfluves et altérés au bas des collines et dans les vallées. Ils sont très remarquables en bas de pente de la colline de Lwamiso et sur les collines situées à l’Ouest de la Kimemi. Ils constituent le plancher de cette rivière sous le pont de Biasa.

⊛ Complexe orthognéissique : il est constitué d’un ensemble de granites et degranodiorites laminés et retromorphosés, parfois orthogneiss et migmatites homogènes. Ce complexe date de l’Antékibalien ou du Kibalien inférieur. Le Kibalien inférieur date d’environ 2 800 Ma (Cahen, 1954 et B.R.G.M., s.d.). Ils sont situés au centre et à l’est de la ville. Une bonne partie du territoire urbain est bâtie sur ce complexe orthognéissique.

⊛ Série de Lubero : elle est constituée de micaschistes avec des intrusions granitiques, des phyllades, des schistes, des grès et des quartzites qui datent du Burundien inférieur. Ces roches sont situées à l’est de la ville.

3. Caractéristique du paysage urbain de Butembo

L’analyse de l’espace urbain de Butembo est facilitée par les contrastes relativement nets entre l’espace bâti et l’espace agricole et/ou sylvicole. L’image QUICKBIRD offre deux grands ensembles aux contours plus ou moins bien tranchés l’un de l’autre. Quelques espaces vides dans la ville se prêtent bien à l’agriculture urbaine. Dans la ville, les avenues forment les éléments de structure d’un tissu urbain découpé en îlots réguliers de formes rectangulaires assez répétitifs et regroupés selon des ensembles de surface plus ou moins homogène. Sur des collines relativement plus basses, les avenues et les maisons épousent les courbes de niveau et donnent une structure bien particulière au tissu urbain. Certaines avenues suivent littéralement la pente et sont à la base de l’accentuation de la vitesse d’écoulement de l’eau vers les vallées.

Toutes les têtes des ravines sont en aval de ces avenues et par érosion régressive et progressive (Moeyersons, 1991), les structures urbaines sont perturbées d’une façon dramatique. La croissance très rapide de la demande en terrain à bâtir trouve sa réponse dans l’achat des terrains agricoles liant le parcellaire agricole au parcellaire urbain. Il y a une rivalité entre les terres agricoles et les surfaces à bâtir. Constamment, la ville ne cesse de gagner des terrains agricoles et boisés qui sont soit contigus, soit espacés, surtout dans les zones sans accident topographique majeur.

En revanche, les pâturages sur la route Mavono-Kasitu-Bulambo-Isale ont empêché la colonisation desmaisons sur des terres plutôt à faible pente. La montagne vers Lwamiso, après le cimetière de Kitatumba bloque au nord-ouest l’avancée de l’extension de la ville de Butembo bien que des agglomérations toutes entières se développent au nord–ouest de cette montagne vers Vuvatsi. On peut toutefois y rencontrer quelques maisons accrochées sur les versants abrupts avec tous les risques qui en découlent. La tendance actuelle de la ville à glisser vers l’est est bien réelle en raison du relief des collines plus basses et arrondies ainsi que de l’éloignement par rapport aux poches d’insécurité. Vers Vukondi, au sud de la ville, on assiste aux transformations des gros noyaux villageois situés à proximité notamment de Musimba. Des terres, jadis gérées par des chefferies y sont incorporées dans la ville. Il en est de même dans les agglomérations situées dans la chefferie des Bashu sur la route de Bunyuka.

4. Population et économie de la ville de Butembo

4.1. Population de la ville de Butembo

D’une manière générale, les habitants de la ville de Butembo sont des bantous de la tribu Nande, appelés aussi « YIRA ». Ceux-ci se présentent à la fois comme tribu et comme une ethnie. On y trouve aussi d’autres tribus proches des Nandes mais en nombre très réduit telles que : les Rega, Bapere, Baluba, Les Nyanga, Les Hema, les Hundes, les Shi, les Bangala, Les Babudu, les Tetela, les Batalinga, Les Hutu, les Banyabwisha, les Baserume, Les Anamongo, les Bakusu, les Bakongo, les Lendu, Les Azande et les Bambuba. Les habitants de Butembo sont sédentaires. Tous les clans de la tribu Nande se retrouve en ville de Butembo à savoir : les Basukali, les Baswagha, les Bakira, les Bamate, les Bahira, les Baosongora, les Bahambo, les Bakondi, les Bahumbi, les Bamoro, les Bavinga, les Batike…

En général, la ville de Butembo a une population homogène, l’ethnie YIRA communément appelée NANDE, représente la majorité de la population qui est constituée d’autres ethnies en provenance de la province d’Ituri, Orientale, même des autres provinces de la RDC et des étrangers. Cette population connaît en général une croissance démographique rapide. La population est estimée à un peu plus d’un million des personnes.

Langues parlées dans cette ville

Dans cette ville, le Nande est la langue parlée par la majorité de la population et dans tous les milieux étant donné que seule la tribu Nande domine à plus de 80 %. Le swahili est parlé par plus ou moins la moitié de la population (75%) car c’est une langue parlée par presque tous les pays limitrophes de l’Est de la RDC. Le Lingala est seulement parlé par les militaires et policiers et quelques agents de l’Etat. Le Piri ainsi que d’autres langues sont parlées par une petite partie de la population dans la ville de Butembo.

4.2. Économie de la ville de Butembo

La région de Butembo est située dans une zone à vocation agropastorale caractérisée par une récente forte anthropisation. Près de 90% de la population pratique l’agriculture de subsistance (KITAKYA, 2007). Cette agriculture, vitale pour la population locale, est étroitement dépendante du régime pluviométrique et de ses excès qui impactent les rendements agricoles à différentes échelles de temps et d’espace.

La région est caractérisée par une gouvernance économique libérale et un esprit d’entreprise généralisé surtout dans le domaine du commerce local. La localisation spatiale, la population, les activités et la morphologie de l’habitat constituent les 4 indicateurs majeurs de l’armature du portrait de Butembo. La ville est bâtie grâce au seul dynamisme de ses habitants. En effet, grâce aux retombées issues du commerce avec surtout les pays de l’Afrique Orientale, du Moyen et de l’Extrême-Orient, la ville se voit dotée peu à peu de nouveaux immeubles et de coquettes résidences privées.  Cette position de la Ville de Butembo sur l’axe Goma-Bunia lui permet de nouer des relations aisées avec tous les grands centres du Nord Kivu (Beni, Oïcha, Lubero, Kirumba, Kiwanja, Goma, …).

La prospérité dans la région économique de Butembo est liée à plusieurs éléments dont son histoire, ses activités agricoles, son commerce, sa position géographique à proximité de la frontière ougandaise, le développement des activités formelles et informelles d’import et export de matières précieuses contre des produits manufacturés ainsi que les valeurs culturelles et anthropologiques locales.  Les principales activités de ses habitants sont le commerce, l’agriculture et l’élevage. Les villages environnants abritent des plantations de thé, de café et de quinquina.

La ville de Butembo constitue le pôle commercial de toute la province du Nord-Kivu. En 2012, les informations recueillies au bureau de la mairie font état de 2 000 petites et moyennes entreprises et 8 SARL enregistrées. Au bureau de la fédération des entreprises du Congo, district de Butembo, la même année on enregistre 33 corporations professionnelles qui regroupent plus de 3 000 individus. Selon les caractéristiques de ces groupements associatifs, 14 catégories de corporations peuvent être identifiées qui interviennent dans 14 domaines différents : les associations des opérateurs économiques œuvrant dans le commerce transfrontalier, l’association des propriétaires des véhicules à louer, les associations des transporteurs et/ou vendeurs de poissons, les associations des boulangers et des restaurateurs, les associations des photographes et des réalisateurs, les regroupements des commerçants des produits agricoles, l’association des commerçants des produits pétroliers, les différentes associations des taximen, le regroupement des vendeurs de clous, les associations de coiffeurs, les associations des couturiers et tailleurs, les associations des artisans menuisiers, les associations des transporteurs routiers des marchandises et enfin l’association des tenanciers de pharmacies.

A Butembo n’est établie qu’une seule ethnie, les Nande. Et ce ne sont pas des hommes politiques qui gouvernent cette sorte de micro-Etat propret, mais le « G17 », un club de dix-sept grands commerçants transfrontaliers fortunés. « On n’attend rien des politiques et l’Etat a abandonné Butembo. On finance nous-mêmes la sécurité et les infrastructures comme l’université, la mairie, les monuments… On est sûrs que les choses se font et on maîtrise les avancées », lâche d’une voix grave un certain Katembe Kahehero. De fait, la ville n’a jamais reçu un seul kilowattheure de la société nationale d’électricité depuis l’indépendance, en 1960.

Le secteur industriel de Butembo a connu une génération d’entreprises très diversifiées. La briqueterie, la menuiserie, l’usine de limonades, la biscuiterie, le traitement du café, le traitement de l’huile végétale sont autant d’activités qui ont été initiées par les opérateurs économiques entre 1970 et 1990311. La saturation du marché local entraînant des baisses des marges bénéficiaires a poussé les opérateurs économiques à délocaliser leurs entreprises dans d’autres provinces telles que Kinshasa, en Province Orientale et dans la province de l’Equateur. C’est le cas de Silver Mousse et de la tôlerie de Tsongo Kasereka qui sont opérationnelles à Kinshasa. Par ailleurs, la quasi-totalité des grands commerçants de Butembo choisissent maintenant d’investir dans l’immobilier dans la capitale congolaise et dans la Province Orientale où ils construisent des galeries commerciales et des hôtels.

5. Historique de la Ville de Butembo

Avant 1924, le village de Lusando servait de résidence au Mwami des Bayora. Il était un centre dédié au commerce du sel en provenance de Katwe (Ouganda), du poisson et de «milumba», tissus d’écorces battues, en provenance des régions avoisinantes. Les années 1928 à 1930, la compagnie Minière des Grands-Lacs (MGL), installe le siège administratif de la direction Nord de ses exploitations à Butembo qui devient le centre de transit et d’acclimatation de la main-d’œuvre situé au carrefour des routes. Dans les années 1930 à 1940, un noyau d’Européens constitué essentiellement de commerçants et d’industriels s’installe à 1 km au sud du siège de la direction de la MGL de part et d’autre de la route Congo-Nil, l’actuelle route Nationale 2. C’est la genèse d’une cité indigène entre la colline Kambali et l’avenue Ruwenzori (Kakule Muwiri et Kambalume, 2002).

Dans l’édition de 1943 des codes et lois du Congo-Belge, annotée par Léon Strouvens avec Pierre Piron, l’on trouvait déjà mentionné le nom de Butembo dans l’arrêté n° 47 du 19 août 1937, traitant des circonscriptions urbaines de la province de «Constermansville», le futur Kivu et ensuite morcelé en Nord-Kivu, Sud-Kivu et Maniema. Cet arrêté reconnaît Butembo comme grand village. Par la suite, en 1949 par l’arrêté n° 21/053 du 23 septembre 1949 conformément aux dispositions de l’ordonnance loi n° 170/AIMO du 20 juillet 1945 relative à la création des cités indigènes, Butembo a été reconnu comme cité indigène.

De 1950 à 1959, Butembo a alors atteint l’avenue des écoles, le quartier Congo ya Sika avec respectivement 9653 habitants en 1957 et 11.189 habitants en 1959. L’année 1958 marqua la signature de l’ordonnance n° 97/138 du 15 mai 1956 soumettant Butembo au régime du décret du 21 février 1949 relative à l’urbanisme. Butembo a donc été reconnu comme centre extracoutumier par l’arrêté n° 221/180 du 12 septembre 1958. La décennie suivante, la cité s’étendra sur l’avenue Goma, cellule Vungi, Kimemi, Londo, Muhayirwa et Vihya. Avec une population de 26 065 habitants. En 1962, une loi est votée à l’assemblée du Kivu-Maniema pour élever Butembo au rang de commune (Kakule Muwiri et Kambalume, 2002). La figure 1.3 présente un extrait de la ville de Butembo en 1968.

Butembo sera ensuite reconnue comme cité parmi les cités créées par les ordonnances présidentielles. Les années 1970 à 1979, la cité de Butembo est constituée de 6 quartiers nommés Kambali, Matanda, Vungi, Lumumba, Congo ya Sika et Président de la République. Plus tard, elle s’étend à l’est vers Kitulu, Kisingiri, au sud vers Kalimbute, Vutetse, Vulumbi, Vulema et Vuhika. La population compte alors 50921 en 1975 et 69 227 habitants en 1979. Vers l’année 1987 quand Butembo comptait 92932 habitants et la période des années 1990, une agglomération voisine, celle de Makerere en collectivité-chefferie de Bashu se développa tandis qu’à la chefferie de Baswagha, les localités de Vohakatwa, Mukuna, Ivatama, Malera, Rughenda, Katsya et Vutsundo connaissent une poussée démographique remarquable faisant passer la population à 141.707 âmes (Urbanisme, 2006). Le Président de la République a signé le décret n° 042/2003 du 28 mars 2003 portant reconnaissance de Butembo comme ville et fixant ses limites. En fonction de cette évolution, nous constatons que Butembo a échappé à l’application des décrets sur l’urbanisme de 1949 et de 1957 ce qui se répercute sur sa trame urbaine.

Résumé chronologique

L’évolution administrative, culturelle et économique de Butembo peut être observée grâce à la chronologie suivante :

1930 : Butembo devient un siège administratif du secteur Nord de la minière des grands Lacs.

1948 : Création d’un poste administratif détaché à Butembo.

1949 : Institution du centre extracoutumier de Butembo sur 8Km2 et création de la cité indigène de Butembo.

1954 : Extension de la cité par l’arrêt no 21/128 du 26 avril 1954, portant l’espace urbain à 24km2. Cette extension fut aussitôt contestée par les chefs traditionnels Bashu et Baswagha.

1956 : Ouverture d’une succursale de la banque commerciale du Congo à Butembo.

1957 : Butembo est placé sous décret de l’Urbanisme et est doté d”une commission d’urbanisme.

1962 : Une loi votée à l’assemblée provinciale du Kivu-Maniema élève Butembo au rang de commune Urbaine.

1963 : Butembo devient le chef-lieu du District du Lac Édouard.

1965 : Transfert de l’évêché du diocèse de Beni à Butembo.

1967 : Abrogation du statut de commune urbaine dont jouissait Butembo à la suite de la suppression province du Nord-Kivu et du District du Lac Édouard.

1970 :  Butembo est régi selon le régime de collectivité locale.

1980 : Butembo devient la résidence d’un commissaire sous régional assistant, d’où il supervise l’administration des zones de Beni et de Lubero entre 1980 et 1985.

1987 : Butembo est repris sur la liste de 83 cités reconnues et/ou créées au Congo (Zaïre) par les ordonnances présidentielles no87/231  à 87/238 du 29/6/1987.

1988 : Ouverture de l’Université Catholique de Graben à Butembo avec les facultés de Médecine Humaine et Vétérinaire, d’Agronomie et des sciences économiques.

1993 : Inauguration de la première station privée de télécommunications par satellite PATELSAT (téléphone, télévision, fax, …).

1999 : La cité de Butembo se voit dotée d’un statut d’une ville par l’arrêté N°01/001 bis/CAB/GP-MK/99 du 29 septembre 1999 portant création des villes de Beni et de Butembo en province du Nord-Kivu, par les autorités rebelles du RCD/K-ML qui avaient choisi Beni comme siège de leur institution politique lors de la 2ème guerre dite de libération qui a éclaté le 2/08/1999 en RDC.

2001 : Le président du RCD/K-ML signe en date du 22 décembre le décret N°2001/038 portant création et délimitation de la ville de Butembo et ses communes en province du Nord-Kivu.

2003 : Le président de la République Démocratique du Congo, le Général major Joseph KABILA signe le Décret N°042/2003 en date du 28 mars portant création d’une ville pour hisser Butembo en ville après la réunification du territoire nationale.

Il ressort de cette brève chronologie un contraste manifeste entre le statut actuel de Butembo et le niveau de l’ensemble des services, présents et anciens déjà rendu par ce centre.

Pour aller plus loin

  1. Cellule d’Analyses des Indicateurs de Développement (CAID), Ville de Butembo – Fiche d’identité de la ville, 15 avril 2016.

  2. Muhindo Sahani, Le contexte urbain et climatique des risques hydrologiques de la ville de Butembo (Nord-Kivu/RDC), Thèse, Novembre 2011, Université de Liège.
  3. Emmanuel MUSONGORA SYASAKA, Associations confessionnelles et dynamique de développement local, Thèse, juin 2014, Université Catholique de Louvain – Louvain-la-Neuve.
  4. J.C Bruneau & Kasay Katsuva (1981). Quelques aspects de la naissance et de l’impact du phénomène urbain dans le pays Nande au Nord-Kivu (Zaire). Geo-Eco-Trop, 5(2) : 139-161.
  5. SAHANI Muhindo, MOEYERSONS Jan, VANDECASTEELE Ine, TREFOIS Philippe & OZER Pierre, Evolution des caractéristiques pluviométriques dans la zone urbaine de Butembo (RDC) de 1957 À 2010, Geo-Eco-Trop., 2012, 36: 121-136.
  6. Joan Tilouine, En RDC, quand une ville est gérée par des marchands, elle prospère et échappe à la guerre, LE MONDE, 19 mars 2017.

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