Il n’y avait aucun suspens. Désigné comme candidat de l’Union sacrée, André Mbata a été élu au poste de premier vice-président de l’Assemblée nationale, mercredi 27 avril. Alors que beaucoup d’élus du Front commun pour le Congo (FCC, de Joseph Kabila) boycottaient ces dernières semaines les séances consacrées aux négociations autour de la loi électorale, de nombreux députés (439) ont participé au vote. Avec 402 voix en sa faveur, André Mbata, membre de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS, au pouvoir), succède à Jean-Marc Kabund.
Ancien patron du parti par intérim, Kabund a connu un début d’année mouvementé. De plus en plus critiqué par l’entourage du chef de l’État, il avait annoncé sa démission du bureau de l’Assemblée en janvier dernier, après un accrochage avec la Garde républicaine. S’il a dans un premier temps laissé planer le doute, il a finalement renoncé à son poste le 31 mars, évoquant «des raisons de convictions politiques». Depuis, le siège stratégique de premier vice-président était donc vacant.
Ceni et «loi Tshiani»
Si Kabund, qui a largement contribué au renversement de la majorité détenue par Kabila, occupait un rôle central au sein du dispositif parlementaire de Félix Tshisekedi, André Mbata est loin d’être un inconnu au sein du camp présidentiel. Natif du territoire de Dimbelenge (Kasaï central), ce député de 61 ans, élu pour la première fois en 2006 pour le compte du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), est aujourd’hui membre du groupe parlementaire de Cap pour le changement, la coalition qui regroupe l’UDPS et l’Union pour la nation congolaise (UNC), de Vital Kamerhe.
Docteur en droit, il était, jusqu’à son élection au poste de premier vice-président de l’Assemblée, à la tête de la Commission politique, administrative et juridique de la chambre basse. À ce titre, il était souvent consulté au sein de la majorité au sujet des différents projets de lois. En mai 2021, Mbata et quelques autres députés spécialistes en droit avaient ainsi été mandatés par le président de l’Assemblée, Christophe Mboso, pour évaluer la faisabilité de la très polémique «loi Tshiani», qui prévoit de verrouiller l’accès à la magistrature suprême aux seuls citoyens nés de mères et de pères congolais.
André Mbata a aussi été au cœur de la polémique autour de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), puisqu’il dirigeait la commission paritaire mixte chargée d’étudier les candidatures. Face à l’opposition, qui a contesté le choix de Denis Kadima pour diriger l’instance, Mbata a régulièrement défendu un processus jugé « conforme » à la procédure. « Il s’agit de la meilleure équipe de la Ceni depuis que les élections ont été organisées dans ce pays », a-t-il estimé, en dépit des critiques formulées par les représentants des Églises catholique et protestante.
Nul doute que son élection viendra renforcer encore un peu plus l’emprise de Félix Tshisekedi sur l’Assemblée nationale, à l’heure où les députés votent l’une des réformes les plus importantes du quinquennat : celle de la loi électorale.
Source : Jeune Afrique, 28 avril 2022 à 14:48.
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